L’Iran mis en cause pour non-respect de ses engagements nucléaires
Ne pas rompre, tout en se dérobant
dangereusement à ses engagements : ainsi se résume l’approche de plus en
dure de l’Iran, en matière nucléaire, vis-à-vis de l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA). A quelques jours de la présentation de son rapport
devant le conseil des gouverneurs de l’agence à Vienne, le directeur de l’AIEA,
Rafael Mariano Grossi, se trouvait à Paris, mardi 3 mars. Reçu à l’Elysée
par Emmanuel Macron, ce diplomate argentin de 59 ans, expert exigeant en
matière de prolifération, a confirmé au président français les signaux
alarmants relevés par son organisation. « Nous devons ramener les
Iraniens sur la voie de la coopération avec l’agence », explique
au Monde le directeur.
La sortie unilatérale des Etats-Unis de
l’accord sur le nucléaire iranien (JCPoA), en 2018, a compromis son
équilibre et sa philosophie. Elle a relancé le programme de Téhéran, qui
aujourd’hui dispose de 1 021 kilogrammes d’uranium faiblement enrichi,
soit trois fois plus que la quantité prévue dans le JCPoA. Confirmant les
estimations des spécialistes français ces derniers mois, l’AIEA affirme que le
niveau d’enrichissement de l’uranium est passé à 4,5 %, contre 3,67 %
fixés dans l’accord. De façon mathématique, l’accroissement en qualité et en
masse de ces capacités réduit le délai théorique dans lequel l’Iran pourrait
parvenir à l’acquisition de la bombe. Ce délai – ou « breakout
time » – était d’un an au moins, en vertu de l’accord sur le
nucléaire iranien.
Conclu à Vienne en juillet 2015 dans
un format 5+1 (France, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Chine, Russie et
Allemagne), l’accord prévoyait de limiter pendant au moins dix ans le programme
nucléaire iranien, en échange d’une levée progressive des sanctions. La sortie
des Etats-Unis a brisé son caractère transactionnel. Depuis, les autres
signataires s’efforcent de convaincre Téhéran de se conformer à ses
engagements, pour ne pas se retrouver en rupture totale, à l’instar de la Corée
du Nord. Mais ce n’est pas le chemin pris par le régime.