Le Premier ministre désigné jette l’éponge, l’Irak plonge dans l’inconnu
En Irak, le Premier ministre désigné Mohammed Allawi a renoncé à former un gouvernement, enfonçant davantage le pays dans l’inconnu et exacerbant la colère de la rue qui conspue ses dirigeants depuis cinq mois.
Mohammed Allawi a été nommé début février pour former un nouveau gouvernement. Ce qu’il a fait, en affirmant qu’il était composé d’indépendants et de technocrates, l’une des revendications de la contestation.
Mais par deux fois cette semaine, le Parlement, le plus divisé de l’histoire récente de l’Irak, convoqué en session extraordinaire en pleines vacances parlementaires, n’a pu voter la confiance faute de quorum.
Il y a “des parties qui ne négocient que pour leurs propres intérêts sans respect pour la cause nationale”, a tonné M. Allawi dimanche 1er mars 2020 en annonçant qu’il jetait l’éponge.
L’influent leader chiite Moqtada Sadr, qui ne cesse de souffler le chaud et le froid tant vis-à-vis des politiciens que des manifestants, a dénoncé “des corrompus” prenant le pays “en otage”, après l’annonce de M. Allawi.
Dans ce contexte de chaos politique, la Constitution ne prévoit pas l’option d’une démission du Premier ministre. La démission de M. Abdel Mahdi était sans précédent en Irak, tout comme l’échec de son successeur désigné.
Mais d’après la Constitution, sans cesse contournée par les hommes politiques et partis décidés à jouer la montre, la balle est dans le camp du président Barham Saleh après l’échec du Parlement à voter la confiance.
M. Saleh a 15 jours pour choisir qui formera le futur gouvernement. Mais cette fois-ci, il le fera sans demander l’avis des grands blocs parlementaires comme l’y obligeait la Constitution pour M. Allawi.
Sur la place Tahrir à Bagdad, épicentre de la contestation, les manifestants réclament toujours une nouvelle classe politique, accusant leurs dirigeants actuels de corruption et d’être incapables de leur assurer les services de base -électricité, emplois, soins médicaux etc…