Les ordres soufis et les paris de l'Etat algérien, Exploitation politique ou allié idéologique
La réforme du discours religieux exige la
reconstruction du champ confessionnel, loin de confiner celui-ci à un angle
thématique spécifique pour bien l’instrumentaliser au moment opportun. C’est la
raison pour laquelle l'Etat algérien est en train d’entreprendre la mise sur
pied l’environnement d’une nouvelle politique religieuse en lui fixant comme
axe central le fichier de sécurité et de la stabilité, parallèlement à la
stratégie renforcée de la sécurité proactive pour contrer les paramètres de
sécurité contre l'extrémisme confessionnelle et le terrorisme islamisant, et
afin de définir les grandes lignes de la nouvelle approche religieuse. Le pari
algérien s’appuit donc fortement sur les ordres soufis.
Dr. Farid Khan
Expert stratégique dans les affaires
arabes et internationales
Parler aujourd’hui de Soufisme prends
différentes méthodes dont la nécessité a été dictée par des facteurs politiques
et des conflits internationaux causés par la dimension religieuse, surtout
quand l’Islam a été accusé d'extrémisme et les musulmans de terroristes, à
cause des groupes djihadistes salafistes et des Frères musulmans extrémistes.
Suite donc à ces projections, il était nécessaire de revenir à la bonne
religion et de s’y réfugier, bien loin de l'extrémisme. D’où l’importance de
cette recherche qui nous amène à poser la problématique suivante : est-ce
que l’Algérie est sur le point de vivre le retour du soufisme comme étant une
approche thématique et instrumentale de l'Etat pour contrer l'extrémisme
religieux des Frères musulmans, comme ce fut le cas dans un passé récent en
faisant face au salafisme djihadiste et extrémiste dans les années
quatre-vingt-dix du siècle dernier? Ou bien sommes-nous confrontés à une
renaissance des zawiyas qui représentent l'approche soufie en tant
qu'expression de la demande sociale?
En effet, les ordres soufis sont devenus une
porte de sortie stratégique et un pari pour une réaliser l’équilibre politique.
Les pays cherchent donc à les instrumentaliser pour faire face à la pensée de
l'islamisme fondamentaliste. Conformément à cette approche professionnelle
ayant pour but de former une nouvelle politique religieuse de l'Etat algérien,
et de faire face au « terrorisme islamisant », le pouvoir a donc adopté,
pour atteindre ces objectifs, cette vieille-nouvelle stratégie qui se définit
par le renforcement des zawiyas (édifices religieux) (1) en vue de les
instrumentaliser, en surmontant tous les obstacles, afin de leur assurer le
passage d’un rôle marginal à un rôle plutôt axial et les permettre de
contributeur à la construction de l'État. Ce qui bien sûr ne peut être atteint
que grâce à la libéralisation des zawiyas des restrictions et blocus qui
pendant des décennies les censuraient.
· Les ordres soufis et l’approche instrumentaliste pour contrer l'extrémisme
religieux
Le rôle des ordres soufis en Algérie, a non
seulement été concentré sur l’enseignement des sciences religieuses, mais aussi
est-il étendu pour les ériger au statut de « partenaire politique », qui
contribue à la construction de la politique nationale. Depuis le XXe siècle, la
nature politique locale a dominé les groupes soufis algériens appelés
communément «At-Turuq» (la voie ou l’ordre), en particulier pendant la guerre
contre les puissances coloniales, quand ils réclamaient de participer
indirectement à la vie politique(2).
Après avoir été marginalisés pendant de
longues périodes depuis les années soixante du XXe siècle, et les tentatives de
répression subies aux mains des islamistes dans les années quatre-vingt-dix(3),
les soufis répondent maintenant aux besoins du pouvoir en place et des citoyens
à créer de nouveaux canaux, à participer à la vie politique, à la mobilisation
des possibilités.
Le retour des ordres soufis dans la rêne
socio-politique révèle beaucoup de changements fondamentaux qui se sont
produits en Algérie au cours des dix dernières années.
En effet, l'émergence du Soufisme à nouveau
sur la scène montre comment l'Etat a unifié la direction politique, en
contrôlant la sphère religieuse. Celui-ci a souffert en raison des attaques
terroristes régulières en Algérie, et les tentatives de l'islamisme politique
pour contrôler le cours de la situation. L'autorité algérienne a donc permis au
soufisme de ressusciter à nouveau pour être un modèle national et populaire de
l'Islam, un modèle qui défend l'identité algérienne contre les menaces
extérieures. Et en retour, les organisations soufies ont reconnu que les
systèmes politiques en place sont le seul à être légitimes, et ayant le droit
d'organiser la vie religieuse et politique dans le pays (4).
Aussi faut-il noter que le soutien soufi à
l’échelle nationale contribue également à présenter l’Etat comme un partenaire
important dans les milieux politiques étrangers, qui appellent régulièrement à
l'appui des forces religieuses modérées, qui peuvent à leur tour calmer les
conflits qui font rage au sein de la société civile dans le sud du pays.
Si toutes les organisations soufies ont
constaté avoir retrouvé à nouveau l'attention de l'Etat et du peuple, au cours
des dix dernières années, elles savent néanmoins qu’elles ne bénéficient pas de
la même étendue des pouvoirs en ce qui concerne l'accès à l'élite dirigeante,
aux institutions étatiques, aux médias, aux universités, ni moins au secteur
privé et aux instances publiques. Il est à noter que les ordres soufis qui
jouissent de plus de pouvoirs sont les alaouites, les tidjanites, l'Association
nationale des zawiyas et l'Union nationale des zawiyas algériens, étant donné
que ces ordres et organismes soufis œuvrent à divulguer le véritable islam, qui
doit dominer en Algérie, et aspirent à se substituer à l'Association des
chercheurs qui adopte plutôt une pensée frériste (5).
· Les ordres soufis font
contrepoids à l'existence des islamistes radicaux
L’État a validé les zawiyas pour faire face à
l'énorme influence acquise par le djihadisme salafiste, représenté par le Front
islamique du Salut (FIS). Etant donné que celui-ci a été exclu depuis longtemps
de la scène politique, les zawiyas sont désormais considérés comme un
instrument honnête qui peut être présenté aux gens comme étant la forme
traditionnelle et locale de la religion, pour tenter de contrer ce qu'on
appelle communément la révolution du FIS au style afghan.
Et tel fut le cas pour les laïcs et les
gauchistes qui souffraient aussi de la stratégie du FIS qui les privait d'un
certain nombre de choses. C’est donc pourquoi ces derniers ont également bien
accueilli l'idée de promouvoir les zawiyas comme un contrepoids à la présence
d'extrémistes islamistes. En mai 1991, le gouvernement algérien, dirigé par le
président Chadli Ben Jedid, avait officiellement parrainé la création de
l'Association nationale des zawiyas algériens, pour « combattre tous les mouvements
lancés au nom du djihadisme salafiste, chiite ou d'autres croyances étrangères
à la société, qui ont essayé et essayent encore à présenter des idées perverses
sur l'école Malikite, qui représente le dénominateur commun du peuple algérien.
La création de l’Association nationale des zawiyas eut lieu quelques jours
après la grève générale organisée par le FIS pour protester contre le nouveau
gouvernement qui a repris les élections législatives »(6).
Cependant, cette stratégie
d'instrumentalisation du soufisme pour éviter les conflits, n'a pas atteint le
fruit escompté, étant donné que le pays a connu une vague de violence massive
prolongée pour une période de dix ans, au cours de laquelle les zawiyas ont
préféré de garder le silence, et n'ont pas eu de rôle remarquable. Ils
n’apparaissent à nouveau sur la scène politique qu’après l’avènement du
président Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999 et la fin de la guerre civile
dans le pays, où les mouvements soufis ont commencé à réapparaître en Algérie
comme étant un moyen important de mobilisation, à travers leur participation,
et de manière considérable, pour soutenir les politiques du président, en
particulier celles qui ont trait au consensus national.
La réapparition du soufisme nous révèle, à
l’échelle politique en Algérie, qu’il est important de redéfinir les lectures
traditionnelles relatives au rôle de la religion dans la politique, en présence
de facteurs religieux et les forces de la société civile. Et ce, en tenant
compte de l'état des structures des partis politiques traditionnels, qui sont à
la recherche de nouvelles manières de participation à la vie politique. En
réalité, les mouvements soufis ne constituent pas le genre d’organisations qui
ont tendance à ne pas s’impliquer dans la politique en général. Mais le
soufisme a son propre concept de la politique, et il est d’ailleurs soutenu par
le contexte actuel de la situation politique, où les partis ont perdu leur
capacité à réformer.
Eu égard à ce qui précède, et en faisant un
lien étroit avec la vision thématique fonctionnelle, la carte soufie est
considérée comme étant la soupape de sécurité pour contrer le danger de
l’islamisme politique radical(7).
· Le soufisme est un allié
idéologique mais sans représentation politique
Il est à noter que le pouvoir a soutenu les
groupes islamiques dans le passé en tant que mouvements de force d’équilibre
avec les tendances de l'aile gauche laïque dans les années 1970(8). Il a fini
par découvrir que les groupes islamistes eux-mêmes ont pris une tournure
extrémiste qui leur est particulière. Non seulement ils sont devenus plus
nombreux, mais aussi plus enthousiastes pour devenir un sérieux danger pour le
gouvernement. La raison pour laquelle le pouvoir constate donc aujourd'hui le
besoin de prendre des précautions cette fois-ci, et éviter de créer une
situation similaire en promouvant et soutenant le soufisme. C’est donc pourquoi
le soutien du soufisme doit être qu’au niveau d’«allié» idéologique, et non
comme un véritable désir gouvernemental d'ouvrir la zone de représentation
politique des soufis permettant d’atteindre le pluralisme dans le pays. En
effet, la participation apparente des forces de la société civile, telles que
les dirigeants soufis à la vie politique, implique de sous-estimer les capacités
de ces forces à répondre aux exigences sociales à long terme. En plus de cela,
le fait de présenter les mouvements soufis comme étant des forces de pression
politique sur les autres partis politiques est une stratégie qui s'arrêtera
rapidement à certaines limites. Car il est pratiquement impossible pour ces
mouvements soufis de d’ajouter une plus value sociale ou éducative dans le
contexte actuel.
· L’approche soufie est
l’expression d’une demande sociale
En fait, on ne peut nier l'importance de
cette hypothèse, surtout à la lumière de ce mouvement soufi et l'émission de
ses nouvelles activités auxquelles assiste l'Algérie, en particulier si l'on
considère ses actions sur le plan social en revitalisant l'efficacité du
soufisme. Pourtant il va bien au-delà. L'Etat, face aux déséquilibres que vit
la scène religio-politique à l’échelle de l'organisation politique officielle,
se trouve obligé de recourir au soufisme actif qui représente pour lui un
contre-modèle qu’il peut instrumentaliser dans le cadre de sa stratégie de
lutte contre les mouvements d’islamisme politique radical(9).
En revanche, le fait de présenter cette
hypothèse ne signifie en aucun cas notre désir de confirmer une sorte de
similitude avec ce que cherche aujourd'hui l'Etat dans sa politique avec les
ordres soufis. Cependant, il y a lieu de confirmer que le soufisme n'a jamais
été un simple instrument, ni moins une carte politique instrumentale, tel que
peut supposer cette approche thématique. A un autre niveau de vision aussi bien
dans une relation sous la forme sociale de la pratique soufie que dans ses
champs et sa logique, il convient aussi de souligner qu'il n'existe pas un seul
domaine ni moins un format standard pour cette pratique, car il n'y a pas
d'uniformité ni une logique spécifique qui régit et dirige l'implication des
acteurs de différentes origines sociales et culturelles.
Nous sommes ici devant une pratique qui
transgresse les formes, de sorte qu'il ne soit pas possible de l’identifier
sous une seule forme ou un seul champ de fonctionnement particulier. Nous
sommes face ici à un domaine de la pratique sociale, qui peut refléter en
partie une relation dynamique entre la communauté et ses organisations de
valeur, religieuse soit-elle ou culturelle et économique. Tout comme il reflète
également des pans importants de la nature de sa relation avec le système de
gouvernance aussi ; par conséquent, ces observations peuvent sembler
essentielles pour comprendre la nature du mouvement soufi aujourd'hui, bien
entendu, dans la relation de la demande sociale, ce qui nous conduit vers la
responsabilité de la dynamique sous-jacente derrière les formes et apparences
associées à l'essor du soufisme (10).
L’hypothèse selon laquelle la demande sociale
de l'implication des ordres soufis dans l'équation et les comptes de
l'Etat politique, intervient dans le contexte du renforcement de la gestion
acceptable du changement social et la réforme religieuse, sans que cela ne
menace la structure de l'Etat, ce qui a fait que les soufis ressemblent à un
partenaire privilégié de l’élite politique, en plus de l'éviter la concurrence
avec les forces institutionnelles de l'État, focalisant et gardant les soufis
et leurs zawiyas comme un médiateur social afin d’assurer la redistribution de
rôle par l’Etat plutôt qu’ils ne soient des partis politiques unis à l’élite
dirigeante.
· Conclusion
En vertu de ce qui précède il y a lieu de
conclure que le rôle du soufisme ne peut pas être limité que dans l'approche
fonctionnelle et instrumentale pour faire face à l'islamisme politique, même si
cette hypothèse figurent parmi les paris les plus importants du pouvoir
politique. Bien plus, il est également impératif de promouvoir et soutenir les
soufis surtout en tant que «alliés» idéologiques avant toute chose, bien loin
de la représentation politique, de sorte que ces zawiyas et ordres soufis
puissent s’atteler à leur rôle éducatif et religieux caractérisé par la
spiritualité et la tolérance dont nous avons besoin aujourd'hui. Car ils sont
plus étroitement liés à la terre, à la patrie et aux spécificités algériennes.
Ils seront des piliers de la sécurité stratégique algérienne menacée par des
idées productrices de l'extrémisme et du terrorisme. Mais l’intérêt extrême de
l’Etat aux soufis et à leurs zawiyas que nous constatons aujourd'hui est motivé
par l’accent mis sur le danger de l’islamisme politique.
Bibliographie:
(1) Le
terme «al zawiya» est utilisé comme synonyme des écoles religieuses soufies
établies autour du statut de wali (tuteur), ou pieu. L’ordre soufi prend son
nom à celui qui l’a fondé.
(2) Shanvi Ahmad, La renaissance
du soufisme islamique, Revue de l'héritage des sciences sociales et
religieuses, N°135-2006, p.21.
(3) George Goff, citation de
Lamine Chique, Algérie, parraine le soufisme dans la lutte contre l'extrémisme,
Reuters UK 8 juillet 2009.
(4) Majid Makidi, L'argent, la
politique et l’abut du droit, Al-Watan - 9 mars 2009.
(5) La Connaissance, la politique
et la religion dans l'Algérie contemporaine, études comparatives sur la société
et l'Histoire, 2007, p.
(6) Suzy Andizian, Expériences
religieuses en Algérie contemporaine, les adeptes des walis (tuteurs) dans la
région de Tlemcen, Paris, édition 2001 CNRS.
(7) Appel de l'Association
nationale des zawiyas algériens lors de la tenue de sa deuxième réunion en 2002
à la création de « la Corporation supérieure » du Fatwa qui doit être soumis à
la surveillance de la présidence de la République.
(8) http://www.elwatan.com/Association-des-zaouias-d-Algerie
(9) John
Searle, La construction de la réalité sociale, de la nature à la culture, la
traduction de Hassana Abdasameea, House Books Presse ans Editions, i 9, Koweït
2014, p 136.
[10] Ibid., P. 195.
IS-HAQ MOUHAMMAD إِسْحَاق مُحَمَّد
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From: I M <[email protected]>
Date: jeu. 6 sept. 2018 à 01:11
Subject: Trad
To: Is-Haq Mouhammad <[email protected]>
Études
Les ordres soufis et les paris l'Etat
algérien,
Explotation politique ou allié
idéologique ?
La réforme du discours religieux exige la
reconstruction du champ religieux, loin de le confiner à un angle thématique
pour l’instrumentaliser au moment opportun. C’est la raison pour laquelle
l'Etat algérien est en train d’entreprendre la mise sur pied d’une nouvelle
politique religieuse en lui faisant un axe central le fichier de sécurité et de
la stabilité, parallèlement à la stratégie renforcée de la sécurité proactive
pour contrer les paramètres de sécurité contre l'extrémisme religieux et le
terrorisme islamisant, et afin de définir les grandes lignes de la nouvelle
approche religieuse. Le pari algérien s’appuit donc fortement sur les ordres
soufis.
Dr. Farid Khan
Expert stratégique dans les affaires
arabes et internationales
Parler aujour’dhui de Soufisme prends
différentes méthodes dont la nécessité a été dictées par des facteurs
politiques et des conflits internationaux causés par la dimension religieuse,
surtout quand l’Islam a été accusé d'extrémisme et les musulmans de
terroristes, à cause des groupes djihadistes salafistes et des Frères musulmans
extrémistes. Suite donc à ces projections, il était nécessaire de revenir à la
bonne religion et de s’y réfugier, bien loin de l'extrémisme. D’où l’importance
de cette recherche en posant la problématique suivante : est-ce que
l’Algérie est sur le point de vivre le retour du soufisme comme étant une
approche thématique et instrumentale de l'Etat pour contrer l'extrémisme
religieux des Frères musulmans, comme ce fut le cas dans un passé recent en
faisant face au salafisme djihadiste extrémiste dans les années
quatre-vingt-dix du siècle dernier? Ou bien sommes-nous confrontés à une
renaissance des zawiya qui représentent l'approche soufie en tant qu'expression
de la demande sociale?
Les ordres soufis sont devenus une porte de
sortie de façon stratégique et un pari pour une realiser équilibre politique.
Les pays cherchent donc à les instrumentaliser pour faire face à la pensée de
l'islamisme fondamentaliste. Conformément à cette aproche professionnelle ayant
pour but de former une nouvelle politique religieuse de l'Etat algérien, et de
faire face au « terrorisme islamisant », pour atteindre ces objectifs le
pouvoir a donc adopté cette vieille-nouvelle stratégie qui se definit par le
renforcement des zawiyas (édfices religieux) (1) en vue de les
instrumentaliser, en surmontant tous les obstacles, afin de leur assurer le
passage du rôle marginal au rôle axial et contributeur dans la construction de
l'État. Ce qui bien sûr ne peut être atteint que grâce à la libéralisation des
zamiyas des restrictions et blocus qui pendant des décennies les censuraient.
· Les ordres soufis et
l’approche instrumentaliste pour contrer l'extrémisme religieux
Le rôle des ordres soufis en Algérie, a non
seulement été concentré sur l’enseigner des sciences religieuses, mais aussi
est étendu pour être un « partenaire politique », qui contribue à la
construction de la politique nationale. Depuis le XXe siècle, la nature
politique a dominé les groupes soufis algériens appelés communemant « At-Turuq
» (la voie ou l’ordre), en particulier pendant la guerre contre les puissances
coloniales, quand ils reclamaient de participer indirectement à la vie
politique(2).
Après avoir
été marginalisés pendant de longues périodes depuis les années soixante du XXe
siècle, et les tentatives de répression subies aux mains des islamistes dans
les années quantre-vingt-dix(3), les soufis répondent maintenant aux besoins du
pouvoir et des citoyens à créer de nouveaux canaux, à participer à la vie
politique, à la mobilisation des possibilités. Le retour des ordres soufis dans
la rêne socio-politique révéle beaucoup des changements fondamentaux qui se
sont produits en Algérie au cours des dix dernières années.
L'émergence du Soufisme à nouveau sur la
scène montre comment l'Etat a unifié la direction politique, en contrôlant la
sphère religieuse, l'État a souffert en raison des attaques terroristes
regulières en Algérie, et les tentatives de l'islamisme politique pour
contrôler le cours des choses, l'autorité algérienne a permis au soufisme de
rescussiter à nouveau comme un modèle national et peuplaire de l'Islam, un
modèle qui défend l'identité algérienne contre les menaces extérieures. Et en
retour, les organisations soufies ont reconnu que les systèmes politiques en
places sont le seul à être légitimes, et ayant le droit d'organiser la vie
religieuse et politique dans le pays (4).
Aussi faut-il noter que le soutien soufi à
l’échelle nationale contribue également à présenter l’Etat comme un partenaire
important dans les milieux politiques étrangers, qui appellent à l'appui des
forces religieuses modérées, qui peuvent calmer les conflits qui font rage au
sein de la société civile dans le sud du pays.
Si toutes les organisations soufies ont
constaté avoir repris à nouveau l'attention de l'Etat et du peuple, au cours
des dix dernières années, mais elles ne bénéficient pas de la même étendue des
pouvoirs en ce qui concerne l'accès à l'élite dirigeante, aux institutions
étatiques, aux médias, aux universités, au secteur privé et aux lieux publics.
Il est à noter que les ordres soufis qui jouissent de plus pouvoirs sont les
alaouites, tidjanites, l'Assemblée nationale des zawiyas et l'Union nationale
des zawiyas algériens, étant donné que ces ordres et organismes soufis oeuvrent
à divulguer le véritable islam, qui doit dominer en Algérie, et aspirent à se
substituer à l'Association des chercheurs qui adopte plutôt une pensée frériste
(5).
· Les ordres soufis font
contrepoids à l'existence des islamistes radicaux
L’État a validé les zawiyas pour faire face à
l'énorme influence acquise par le djihadisme salafiste, représenté par le Front
islamique du salut (FIS). Etant donné qu’il a été exclu depuis longtemps de la
scène politique, les zawiyas ont été considérés comme un instrument honnête qui
peuvent être présentés aux gens comme étant la forme traditionnelle et locale
de la religion, pour tenter de contrer ce qu'ils appellent la révolution du FIS
au style afghan.
Et tel fut le cas pour les laïcs et les
gauchistes qui souffraient aussi de la stratégie du FIS qui les prive d'un
certain nombre de choses. C’est donc pourquoi ces derniers ont également bien
accueilli l'idée de promouvoir les zawiyas comme un contrepoids à la présence
d'extrémistes islamistes. En mai 1991, le gouvernement algérien, dirigé par le
président Chadli Ben Jedid, avait officiellement parrainé la création de
l'Assemblée nationale zawiyas algériens, pour « combattre tous les mouvements
lancés au nom du djihadisme salafiste, chiite ou d'autres croyances étrangères
à la société, qui ont essayé et essayent encore à présenter des idées perverses
sur l'école Malikite, qui représente le dénominateur du peuple algérien. Ce qui
a laissé la majorité du peuple algérien. La création de l’Assemblée nationale
des zawiya eut lieu quelques jours après la grève générale organisée par le FIS
pour protester contre le nouveau gouvernement qui a repris les élections
législatives »(6).
Cependant, cette stratégie
d'instrumentalisation du soufisme pour éviter les conflits, n'a pas atteint le
fruit désiré, étant donné que le pays a connu une vague de violence massive
prolongée pour une période de dix ans, au cours de laquelle les zawiyas ont
préférés de garder le silence, et n'ont pas eu de rôle remarquable. Ils
n’apparaissent à nouveau sur la scène politique qu’après l’avènement du
président Bouteflika au pouvoir en 1999 et la fin de la guerre civile dans le
pays, où les mouvements soufis ont commencé à réapparaître en Algérie comme des
moyens importants de mobilisation, à travers leur participation, et de manière
considérable pour soutenir les politiques du président, en particulier celles
qui ont trait au consensus national.
La réaparrition du soufisme nous révèle à
l’échelle politique en Algérie, qu’il est important de redéfinir les lectures
traditionnelles relatives au rôle de la religion dans la politique, en présence
de facteurs religieux et les forces de la société civile. Et ce, en tenant
compte de l'état des structures des partis politiques traditionnels, qui sont à
la recherche de nouvelles manières participation à la vie politique. En
réalité, les mouvements soufis ne constituent pas du genre d’organisations qui
ont tendance à ne pas s’impliquer dans la politique en général. Mais le
soufisme a son propre concept sur la politique, et il est d’ailleurs soutenu
par le contexte actuel de la situation politique, où les parties ont perdu leur
capacité à réformer. Eu égard à ce qui précède, et en faisant un lien étroit
avec la vision thématique fonctionnellela carte soufie est considéré comme la
soupape de sécurité pour arrêter le danger de l’islamisme politique radical(7).
· Le soufisme est un allié
idéologique sans représentation politique
Il est à noter que le pouvoir a soutenu les
groupes islamiques dans le passé en tant que mouvements des forces d’équilibre
ave les tendances de l'aile gauche laïque dans les années 1970(8). Il a fini
par découvrir que les groupes islamiques eux-mêmes ont pris une tournure
extrêmiste qui leur est particulière. Non seulement ils sont devenus plus
nombreux, mais aussi plus enthousiastes pour devenir un sérieux danger pour le
gouvernement. La raison pour laquelle le pouvoir voit donc aujourd'hui le
besoin de prendre des précautions cette fois-ci, et ne évitant créer une
situation similaire en promouvant et soutenant le soufisme. C’est donc pourquoi
le soutien du soufisme doit être en tant qu’«allié» idéologique, et non d'un
véritable désir d'ouvrir la zone de représentation politique des soufis et
atteindre le pluralisme dans le pays. En effet, la participation apparente des
forces de la société civile, telles que les dirigeants soufis à la vie
politique, implique de sous-estimer les capacités de ces forces à répondre aux
exigences sociales à long terme. En plus de cela, le fait de présenter les
mouvements soufis comme étant des forces de pression politique sur les autres
partis politiques est une stratégie qui s'arrêtera rapidement à certaines
limites. Car il est pratiquement impossible pour ces mouvements soufis de
présenter de nouveaux ajouts sociaux ou éducatifs dans le contexte actuel.
· L’approche soufie est
l’expression d’une demande sociale
En fait, on ne peut nier l'importance de
cette hypothèse, surtout à la lumière de ce mouvement soufi et l'émission de
ses nouvelles activités auxquels assiste l'Algérie, en particulier si l'on
considère ses actions sur le plan social en revitalisant l'efficacité du
soufisme. Pourtant ça va bien au-delà. L'Etat, face aux déséquilibres
auxquelles vit la scène religio-politique à l’échelle de l'organisation
politique officielle, se trouve obligé de recourir au soufisme actif qui
représente pour lui un contre-modèle qu’il peut instrumentaliser dans le cadre
de sa stratégie de lutte contre les mouvements d’islamisme politique
radical(9).
En revanche, le fait de présenter cette
hypothèse ne signifie en aucun notre désir de confirmer une sorte de similitude
avec ce que cherche aujourd'hui l'Etat dans sa politique avec les ordres soufis.
Cependant, il y a lieu de confirmer que le soufisme n'a jamais été un simple
instrument, ni moins une carte politique instrumentale, tel que peut supposer
cette approche thématique. A un autre niveau de vision aussi bien dans une
relation sous la forme sociale de la pratique soufie que dans ses champs et sa
logique, il convient aussi de souligner qu'il n'existe pas un seul domaine qui
moins un format standard pour cette pratique, car il n'y a pas d'uniformité ni
une logique spécifique qui régit et dirige l'implication des acteurs de
différentes origines sociales et culturelles.
Nous sommes ici devant une pratique qui
transgresse les formes, de sorte qu'il ne soit pas possible de l’identifier
sous une seule forme ou un seul champ de fonctionnement particulier. Nous
sommes face ici à un domaine de la pratique sociale, qui peut refléter une
partie d'une relation dynamique entre la communauté et ses organisations de
valeur, religieuse, soit-elle ou culturelle et économique. Tout comme il
reflète également des pans importants de la nature de sa relation avec le
système de vouvernance aussi ; par conséquent, ces observations peuvent sembler
essentielles pour comprendre la nature du mouvement soufi aujourd'hui, bien
entendu, dans la relation de la demande sociale, ce qui nous conduit vers la
responsabilité de la dynamique sous-jacente derrière les formes et aparences
associées à l'essor du soufisme (10).
L’hypothèse selon laquelle la demande sociale
de l'implication des ordres soufis dans l'équation et les comptes
de l'Etat politique, intervient dans le contexte du renforcement de la gestion
acceptable du changement social et la réforme religieuse, sans que cela ne
menace la structure de l'Etat, ce qui a fait que les soufis ressemblent à un
partenaire privilégié de l’élite politique, en plus de l'éviter la concurrence
avec les forces institutionnelles de l'État, focalisant et gardant les soufis
et leurs zawiyas comme un médiateur social afin d’assurer la redistribution par
l’Etat plutôt que d’ils ne soient des partis politiques unis à l’élite
dirigeante.
· Conclusion
En vertu de ce qui précède il y a lieu de
conclure que le rôle du soufisme ne peut pas être limité que dans l'approche
fonctionnelle et instrumentale pour faire face à l'islamisme politique que,
même si cette hypothèse fait partie figurent parmi les paris les plus
importants du pouvoir politique. Bien plus, il est également impératif de
promouvoir et soutenir les soufis surtout en tant que «allié» idéologique avant
toute chose, bien loin la représentation politique, de sorte que ces zawiyas et
ordres et ordres soufis puissent s’atteler à leur rôle éducatif et religieux
caractérisé par la spiritualité et la tolérance dont nous avons besoin
aujourd'hui. Car ils sont plus étroitement liés à la terre, à la patrie et aux
spécificités algériennes. Ils seront des piliers de la sécurité stratégique
algérienne menacée par des idées productrices de l'extrémisme et du terrorisme.
Mais l’intérêt extrême de l’Etat aux soufis et à leurs zawiyas que nous constatons
aujourd'hui est motivé par l’accent mis sur le danger de l’islamisme politique.
Bibliographie:
(1) Le terme
«al zawiya» est utilisé comme synonyme des écoles religieuses soufies établies
autour du statut de wali (tuteur), ou pieu. L’ordre soufi prend son nom à celui
qui l’a fondé.
(2) Shanvi Ahmad, La renaissance du
soufisme islamique, Revue de l'héritage des sciences sociales et religieuses,
N°135-2006, p.21.
(3) George Goff, citation de Lamine
Chique, Algérie, parraine le soufisme dans la lutte contre l'extrémisme,
Reuters UK 8 juillet 2009.
(4) Majid Makidi, L'argent, la
politique et l’abut du droit, Al-Watan - 9 mars 2009.
(5) La Connaissance, la politique et la
religion dans l'Algérie contemporaine, études comparatives sur la société et
l'Histoire, 2007, p.
(6) Suzy Andizian, Expériences
religieuses en Algérie contemporaine, les adeptes des walis (tuteurs) dans la
région de Tlemcen, Paris, édition 2001 CNRS.
(7) Appel de l'Assemblée nationale des
zawiyas algériens lors de la tenue de sa deuxième réunion en 2002 à la création
de « la Corporation supérieure » du Fatwa qui doit être soumis à la
surveillance de la présidence de la République.
(8) http://www.elwatan.com/Association-des-zaouias-d-Algerie
(9) John
Searle, La construction de la réalité sociale, de la nature à la culture, la
traduction de Hassana Abdasameea, House Books Presse ans Editions, i 9, Koweït
2014, p 136.
[10] Ibid., P. 195.