Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Les ordres soufis et les paris de l'Etat algérien, Exploitation politique ou allié idéologique

samedi 15/septembre/2018 - 02:23
La Reference
طباعة

 

La réforme du discours religieux exige la reconstruction du champ confessionnel, loin de confiner celui-ci à un angle thématique spécifique pour bien l’instrumentaliser au moment opportun. C’est la raison pour laquelle l'Etat algérien est en train d’entreprendre la mise sur pied l’environnement d’une nouvelle politique religieuse en lui fixant comme axe central le fichier de sécurité et de la stabilité, parallèlement à la stratégie renforcée de la sécurité proactive pour contrer les paramètres de sécurité contre l'extrémisme confessionnelle et le terrorisme islamisant, et afin de définir les grandes lignes de la nouvelle approche religieuse. Le pari algérien s’appuit donc fortement sur les ordres soufis.

 

Dr. Farid Khan

Expert stratégique dans les affaires arabes et internationales

 

Parler aujourd’hui de Soufisme prends différentes méthodes dont la nécessité a été dictée par des facteurs politiques et des conflits internationaux causés par la dimension religieuse, surtout quand l’Islam a été accusé d'extrémisme et les musulmans de terroristes, à cause des groupes djihadistes salafistes et des Frères musulmans extrémistes. Suite donc à ces projections, il était nécessaire de revenir à la bonne religion et de s’y réfugier, bien loin de l'extrémisme. D’où l’importance de cette recherche qui nous amène à poser la problématique suivante : est-ce que l’Algérie est sur le point de vivre le retour du soufisme comme étant une approche thématique et instrumentale de l'Etat pour contrer l'extrémisme religieux des Frères musulmans, comme ce fut le cas dans un passé récent en faisant face au salafisme  djihadiste et extrémiste dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier? Ou bien sommes-nous confrontés à une renaissance des zawiyas qui représentent l'approche soufie en tant qu'expression de la demande sociale?

 

En effet, les ordres soufis sont devenus une porte de sortie stratégique et un pari pour une réaliser l’équilibre politique. Les pays cherchent donc à les instrumentaliser pour faire face à la pensée de l'islamisme fondamentaliste. Conformément à cette approche professionnelle ayant pour but de former une nouvelle politique religieuse de l'Etat algérien, et de faire face au « terrorisme islamisant », le pouvoir a donc adopté, pour atteindre ces objectifs, cette vieille-nouvelle stratégie qui se définit par le renforcement des zawiyas (édifices religieux) (1) en vue de les instrumentaliser, en surmontant tous les obstacles, afin de leur assurer le passage d’un rôle marginal à un rôle plutôt axial et les permettre de contributeur à la construction de l'État. Ce qui bien sûr ne peut être atteint que grâce à la libéralisation des zawiyas des restrictions et blocus qui pendant des décennies les censuraient.

 

·       Les ordres soufis et l’approche instrumentaliste pour contrer l'extrémisme religieux

Le rôle des ordres soufis en Algérie, a non seulement été concentré sur l’enseignement des sciences religieuses, mais aussi est-il étendu pour les ériger au statut de « partenaire politique », qui contribue à la construction de la politique nationale. Depuis le XXe siècle, la nature politique locale a dominé les groupes soufis algériens appelés communément «At-Turuq» (la voie ou l’ordre), en particulier pendant la guerre contre les puissances coloniales, quand ils réclamaient de participer indirectement à la vie politique(2).

Après avoir été marginalisés pendant de longues périodes depuis les années soixante du XXe siècle, et les tentatives de répression subies aux mains des islamistes dans les années quatre-vingt-dix(3), les soufis répondent maintenant aux besoins du pouvoir en place et des citoyens à créer de nouveaux canaux, à participer à la vie politique, à la mobilisation des possibilités.

Le retour des ordres soufis dans la rêne socio-politique révèle beaucoup de changements fondamentaux qui se sont produits en Algérie au cours des dix dernières années.

En effet, l'émergence du Soufisme à nouveau sur la scène montre comment l'Etat a unifié la direction politique, en contrôlant la sphère religieuse. Celui-ci a souffert en raison des attaques terroristes régulières en Algérie, et les tentatives de l'islamisme politique pour contrôler le cours de la situation. L'autorité algérienne a donc permis au soufisme de ressusciter à nouveau pour être un modèle national et populaire de l'Islam, un modèle qui défend l'identité algérienne contre les menaces extérieures. Et en retour, les organisations soufies ont reconnu que les systèmes politiques en place sont le seul à être légitimes, et ayant le droit d'organiser la vie religieuse et politique dans le pays (4).

Aussi faut-il noter que le soutien soufi à l’échelle nationale contribue également à présenter l’Etat comme un partenaire important dans les milieux politiques étrangers, qui appellent régulièrement à l'appui des forces religieuses modérées, qui peuvent à leur tour calmer les conflits qui font rage au sein de la société civile dans le sud du pays.

Si toutes les organisations soufies ont constaté avoir retrouvé à nouveau l'attention de l'Etat et du peuple, au cours des dix dernières années, elles savent néanmoins qu’elles ne bénéficient pas de la même étendue des pouvoirs en ce qui concerne l'accès à l'élite dirigeante, aux institutions étatiques, aux médias, aux universités, ni moins au secteur privé et aux instances publiques. Il est à noter que les ordres soufis qui jouissent de plus de pouvoirs sont les alaouites, les tidjanites, l'Association nationale des zawiyas et l'Union nationale des zawiyas algériens, étant donné que ces ordres et organismes soufis œuvrent à divulguer le véritable islam, qui doit dominer en Algérie, et aspirent à se substituer à l'Association des chercheurs qui adopte plutôt une pensée frériste (5).

 

·       Les ordres soufis font contrepoids à l'existence des islamistes radicaux

L’État a validé les zawiyas pour faire face à l'énorme influence acquise par le djihadisme salafiste, représenté par le Front islamique du Salut (FIS). Etant donné que celui-ci a été exclu depuis longtemps de la scène politique, les zawiyas sont désormais considérés comme un instrument honnête qui peut être présenté aux gens comme étant la forme traditionnelle et locale de la religion, pour tenter de contrer ce qu'on appelle communément la révolution du FIS au style afghan.

Et tel fut le cas pour les laïcs et les gauchistes qui souffraient aussi de la stratégie du FIS qui les privait d'un certain nombre de choses. C’est donc pourquoi ces derniers ont également bien accueilli l'idée de promouvoir les zawiyas comme un contrepoids à la présence d'extrémistes islamistes. En mai 1991, le gouvernement algérien, dirigé par le président Chadli Ben Jedid, avait officiellement parrainé la création de l'Association nationale des zawiyas algériens, pour « combattre tous les mouvements lancés au nom du djihadisme salafiste, chiite ou d'autres croyances étrangères à la société, qui ont essayé et essayent encore à présenter des idées perverses sur l'école Malikite, qui représente le dénominateur commun du peuple algérien. La création de l’Association nationale des zawiyas eut lieu quelques jours après la grève générale organisée par le FIS pour protester contre le nouveau gouvernement qui a repris les élections législatives »(6).

Cependant, cette stratégie d'instrumentalisation du soufisme pour éviter les conflits, n'a pas atteint le fruit escompté, étant donné que le pays a connu une vague de violence massive prolongée pour une période de dix ans, au cours de laquelle les zawiyas ont préféré de garder le silence, et n'ont pas eu de rôle remarquable. Ils n’apparaissent à nouveau sur la scène politique qu’après l’avènement du président Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999 et la fin de la guerre civile dans le pays, où les mouvements soufis ont commencé à réapparaître en Algérie comme étant un moyen important de mobilisation, à travers leur participation, et de manière considérable, pour soutenir les politiques du président, en particulier celles qui ont trait au consensus national.

La réapparition du soufisme nous révèle, à l’échelle politique en Algérie, qu’il est important de redéfinir les lectures traditionnelles relatives au rôle de la religion dans la politique, en présence de facteurs religieux et les forces de la société civile. Et ce, en tenant compte de l'état des structures des partis politiques traditionnels, qui sont à la recherche de nouvelles manières de participation à la vie politique. En réalité, les mouvements soufis ne constituent pas le genre d’organisations qui ont tendance à ne pas s’impliquer dans la politique en général. Mais le soufisme a son propre concept de la politique, et il est d’ailleurs soutenu par le contexte actuel de la situation politique, où les partis ont perdu leur capacité à réformer.

Eu égard à ce qui précède, et en faisant un lien étroit avec la vision thématique fonctionnelle, la carte soufie est considérée comme étant la soupape de sécurité pour contrer le danger de l’islamisme politique radical(7).

 

·       Le soufisme est un allié idéologique mais sans représentation politique

 

Il est à noter que le pouvoir a soutenu les groupes islamiques dans le passé en tant que mouvements de force d’équilibre avec les tendances de l'aile gauche laïque dans les années 1970(8). Il a fini par découvrir que les groupes islamistes eux-mêmes ont pris une tournure extrémiste qui leur est particulière. Non seulement ils sont devenus plus nombreux, mais aussi plus enthousiastes pour devenir un sérieux danger pour le gouvernement. La raison pour laquelle le pouvoir constate donc aujourd'hui le besoin de prendre des précautions cette fois-ci, et éviter de créer une situation similaire en promouvant et soutenant le soufisme. C’est donc pourquoi le soutien du soufisme doit être qu’au niveau d’«allié» idéologique, et non comme un véritable désir gouvernemental d'ouvrir la zone de représentation politique des soufis permettant d’atteindre le pluralisme dans le pays. En effet, la participation apparente des forces de la société civile, telles que les dirigeants soufis à la vie politique, implique de sous-estimer les capacités de ces forces à répondre aux exigences sociales à long terme. En plus de cela, le fait de présenter les mouvements soufis comme étant des forces de pression politique sur les autres partis politiques est une stratégie qui s'arrêtera rapidement à certaines limites. Car il est pratiquement impossible pour ces mouvements soufis de d’ajouter une plus value sociale ou éducative dans le contexte actuel.

 

·       L’approche soufie est l’expression d’une demande sociale

 

En fait, on ne peut nier l'importance de cette hypothèse, surtout à la lumière de ce mouvement soufi et l'émission de ses nouvelles activités auxquelles assiste l'Algérie, en particulier si l'on considère ses actions sur le plan social en revitalisant l'efficacité du soufisme. Pourtant il va bien au-delà. L'Etat, face aux déséquilibres que vit la scène religio-politique à l’échelle de l'organisation politique officielle, se trouve obligé de recourir au soufisme actif qui représente pour lui un contre-modèle qu’il peut instrumentaliser dans le cadre de sa stratégie de lutte contre les mouvements d’islamisme politique radical(9).

En revanche, le fait de présenter cette hypothèse ne signifie en aucun cas notre désir de confirmer une sorte de similitude avec ce que cherche aujourd'hui l'Etat dans sa politique avec les ordres soufis. Cependant, il y a lieu de confirmer que le soufisme n'a jamais été un simple instrument, ni moins une carte politique instrumentale, tel que peut supposer cette approche thématique. A un autre niveau de vision aussi bien dans une relation sous la forme sociale de la pratique soufie que dans ses champs et sa logique, il convient aussi de souligner qu'il n'existe pas un seul domaine ni moins un format standard pour cette pratique, car il n'y a pas d'uniformité ni une logique spécifique qui régit et dirige l'implication des acteurs de différentes origines sociales et culturelles.

Nous sommes ici devant une pratique qui transgresse les formes, de sorte qu'il ne soit pas possible de l’identifier sous une seule forme ou un seul champ de fonctionnement particulier. Nous sommes face ici à un domaine de la pratique sociale, qui peut refléter en partie une relation dynamique entre la communauté et ses organisations de valeur, religieuse soit-elle ou culturelle et économique. Tout comme il reflète également des pans importants de la nature de sa relation avec le système de gouvernance aussi ; par conséquent, ces observations peuvent sembler essentielles pour comprendre la nature du mouvement soufi aujourd'hui, bien entendu, dans la relation de la demande sociale, ce qui nous conduit vers la responsabilité de la dynamique sous-jacente derrière les formes et apparences associées à l'essor du soufisme (10).

L’hypothèse selon laquelle la demande sociale de l'implication des ordres soufis dans l'équation et les comptes de l'Etat politique, intervient dans le contexte du renforcement de la gestion acceptable du changement social et la réforme religieuse, sans que cela ne menace la structure de l'Etat, ce qui a fait que les soufis ressemblent à un partenaire privilégié de l’élite politique, en plus de l'éviter la concurrence avec les forces institutionnelles de l'État, focalisant et gardant les soufis et leurs zawiyas comme un médiateur social afin d’assurer la redistribution de rôle par l’Etat plutôt qu’ils ne soient des partis politiques unis à l’élite dirigeante.

 

·       Conclusion

En vertu de ce qui précède il y a lieu de conclure que le rôle du soufisme ne peut pas être limité que dans l'approche fonctionnelle et instrumentale pour faire face à l'islamisme politique, même si cette hypothèse figurent parmi les paris les plus importants du pouvoir politique. Bien plus, il est également impératif de promouvoir et soutenir les soufis surtout en tant que «alliés» idéologiques avant toute chose, bien loin de la représentation politique, de sorte que ces zawiyas et ordres soufis puissent s’atteler à leur rôle éducatif et religieux caractérisé par la spiritualité et la tolérance dont nous avons besoin aujourd'hui. Car ils sont plus étroitement liés à la terre, à la patrie et aux spécificités algériennes. Ils seront des piliers de la sécurité stratégique algérienne menacée par des idées productrices de l'extrémisme et du terrorisme. Mais l’intérêt extrême de l’Etat aux soufis et à leurs zawiyas que nous constatons aujourd'hui est motivé par l’accent mis sur le danger de l’islamisme politique.

 

Bibliographie:

(1)  Le terme «al zawiya» est utilisé comme synonyme des écoles religieuses soufies établies autour du statut de wali (tuteur), ou pieu. L’ordre soufi prend son nom à celui qui l’a fondé.

(2)  Shanvi Ahmad, La renaissance du soufisme islamique, Revue de l'héritage des sciences sociales et religieuses, N°135-2006, p.21.

(3)  George Goff, citation de Lamine Chique, Algérie, parraine le soufisme dans la lutte contre l'extrémisme, Reuters UK 8 juillet 2009.

(4)  Majid Makidi, L'argent, la politique et l’abut du droit, Al-Watan - 9 mars 2009.

(5)  La Connaissance, la politique et la religion dans l'Algérie contemporaine, études comparatives sur la société et l'Histoire, 2007, p.

(6)  Suzy Andizian, Expériences religieuses en Algérie contemporaine, les adeptes des walis (tuteurs) dans la région de Tlemcen, Paris, édition 2001 CNRS.

(7)  Appel de l'Association nationale des zawiyas algériens lors de la tenue de sa deuxième réunion en 2002 à la création de « la Corporation supérieure » du Fatwa qui doit être soumis à la surveillance de la présidence de la République.

(8) http://www.elwatan.com/Association-des-zaouias-d-Algerie

 

(9)  John Searle, La construction de la réalité sociale, de la nature à la culture, la traduction de Hassana Abdasameea, House Books Presse ans Editions, i 9, Koweït 2014, p 136.

 [10] Ibid., P. 195.

 

IS-HAQ MOUHAMMAD إِسْحَاق مُحَمَّدCell:             +201004530822  or   +201113382042
WhatsApp: +201004530822
Viber:          +201004530822  
Personal Emails: [email protected]

                       [email protected]

Office Email:        [email protected]

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

====== The information contained in this electronic message and any attachments are intended for specific individuals or entities, and may be confidential, proprietary or privileged. If you are not the intended recipient, please notify the sender immediately, delete this message and do not disclose, distribute or copy it to any third party or otherwise use this message. The content of this message does NOT necessarily reflect the official position of the SENDER unless specifically stated. Electronic messages are not secure or error free and may contain viruses or may be delayed, and the sender is not liable for any of these occurrences.


‫========= Si vous n'êtes pas le destinataire prévu, veuillez en aviser immédiatement l'expéditeur, le supprimer et ne pas le divulguer, le distribuer ou le copier à un tiers ou utiliser ce message. Le contenu de ce message ne reflète PAS nécessairement la position officielle de l'expéditeur, sauf indication contraire. Les messages électroniques ne sont pas sécurisés ou exempts d'erreurs et peuvent contenir des virus ou peuvent être retardés et l'expéditeur n'est responsable d'aucun de ces cas.

 

 

=======المعلومات الواردة في هذه الرسالة الإلكترونية وأية مرفقات مخصصة لأفراد أو كيائنات محددة، وقد تكون سرية أو مملوكة أو مميزة. إذا لم تكن المستلم المقصود، يرجى إبلاغ المرسل على الفور، وحذف هذه الرسالة وعدم الكشف عنها أو توزيعها أو نسخها إلى أي طرف ثالث أو استخدام هذه الرسالة بطريقة أخرى. محتوى هذه الرسالة لا يعكس بالضرورة الموقف الرسمي للمرسل ما لم يذكر على وجه التحديد. الرسائل الإلكترونية ليست آمنة أو خالية من الأخطاء وقد تحتوي على فيروسات أو قد تتأخر، والمرسل غير مسؤول عن أي شيء من هذه الأشياء

 

---------- Forwarded message ---------

From: I M ‪<[email protected]>

Date: jeu. 6 sept. 2018 à 01:11

Subject: Trad

To: Is-Haq Mouhammad <[email protected]>

 

 

Études

 

Les ordres soufis et les paris l'Etat algérien,

Explotation politique ou allié idéologique ?

 

La réforme du discours religieux exige la reconstruction du champ religieux, loin de le confiner à un angle thématique pour l’instrumentaliser au moment opportun. C’est la raison pour laquelle l'Etat algérien est en train d’entreprendre la mise sur pied d’une nouvelle politique religieuse en lui faisant un axe central le fichier de sécurité et de la stabilité, parallèlement à la stratégie renforcée de la sécurité proactive pour contrer les paramètres de sécurité contre l'extrémisme religieux et le terrorisme islamisant, et afin de définir les grandes lignes de la nouvelle approche religieuse. Le pari algérien s’appuit donc fortement sur les ordres soufis.

 

Dr. Farid Khan

Expert stratégique dans les affaires arabes et internationales

 

Parler aujour’dhui de Soufisme prends différentes méthodes dont la nécessité a été dictées par des facteurs politiques et des conflits internationaux causés par la dimension religieuse, surtout quand l’Islam a été accusé d'extrémisme et les musulmans de terroristes, à cause des groupes djihadistes salafistes et des Frères musulmans extrémistes. Suite donc à ces projections, il était nécessaire de revenir à la bonne religion et de s’y réfugier, bien loin de l'extrémisme. D’où l’importance de cette recherche en posant la problématique suivante : est-ce que l’Algérie est sur le point de vivre le retour du soufisme comme étant une approche thématique et instrumentale de l'Etat pour contrer l'extrémisme religieux des Frères musulmans, comme ce fut le cas dans un passé recent en faisant face au salafisme  djihadiste extrémiste dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier? Ou bien sommes-nous confrontés à une renaissance des zawiya qui représentent l'approche soufie en tant qu'expression de la demande sociale?

 

Les ordres soufis sont devenus une porte de sortie de façon stratégique et un pari pour une realiser équilibre politique. Les pays cherchent donc à les instrumentaliser pour faire face à la pensée de l'islamisme fondamentaliste. Conformément à cette aproche professionnelle ayant pour but de former une nouvelle politique religieuse de l'Etat algérien, et de faire face au « terrorisme islamisant », pour atteindre ces objectifs le pouvoir a donc adopté cette vieille-nouvelle stratégie qui se definit par le renforcement des zawiyas (édfices religieux) (1) en vue de les instrumentaliser, en surmontant tous les obstacles, afin de leur assurer le passage du rôle marginal au rôle axial et contributeur dans la construction de l'État. Ce qui bien sûr ne peut être atteint que grâce à la libéralisation des zamiyas des restrictions et blocus qui pendant des décennies les censuraient.

·       Les ordres soufis et l’approche instrumentaliste pour contrer l'extrémisme religieux

Le rôle des ordres soufis en Algérie, a non seulement été concentré sur l’enseigner des sciences religieuses, mais aussi est étendu pour être un « partenaire politique », qui contribue à la construction de la politique nationale. Depuis le XXe siècle, la nature politique a dominé les groupes soufis algériens appelés communemant « At-Turuq » (la voie ou l’ordre), en particulier pendant la guerre contre les puissances coloniales, quand ils reclamaient de participer indirectement à la vie politique(2).

 Après avoir été marginalisés pendant de longues périodes depuis les années soixante du XXe siècle, et les tentatives de répression subies aux mains des islamistes dans les années quantre-vingt-dix(3), les soufis répondent maintenant aux besoins du pouvoir et des citoyens à créer de nouveaux canaux, à participer à la vie politique, à la mobilisation des possibilités. Le retour des ordres soufis dans la rêne socio-politique révéle beaucoup des changements fondamentaux qui se sont produits en Algérie au cours des dix dernières années.

L'émergence du Soufisme à nouveau sur la scène montre comment l'Etat a unifié la direction politique, en contrôlant la sphère religieuse, l'État a souffert en raison des attaques terroristes regulières en Algérie, et les tentatives de l'islamisme politique pour contrôler le cours des choses, l'autorité algérienne a permis au soufisme de rescussiter à nouveau comme un modèle national et peuplaire de l'Islam, un modèle qui défend l'identité algérienne contre les menaces extérieures. Et en retour, les organisations soufies ont reconnu que les systèmes politiques en places sont le seul à être légitimes, et ayant le droit d'organiser la vie religieuse et politique dans le pays (4).

Aussi faut-il noter que le soutien soufi à l’échelle nationale contribue également à présenter l’Etat comme un partenaire important dans les milieux politiques étrangers, qui appellent à l'appui des forces religieuses modérées, qui peuvent calmer les conflits qui font rage au sein de la société civile dans le sud du pays.

Si toutes les organisations soufies ont constaté avoir repris à nouveau l'attention de l'Etat et du peuple, au cours des dix dernières années, mais elles ne bénéficient pas de la même étendue des pouvoirs en ce qui concerne l'accès à l'élite dirigeante, aux institutions étatiques, aux médias, aux universités, au secteur privé et aux lieux publics. Il est à noter que les ordres soufis qui jouissent de plus pouvoirs sont les alaouites, tidjanites, l'Assemblée nationale des zawiyas et l'Union nationale des zawiyas algériens, étant donné que ces ordres et organismes soufis oeuvrent à divulguer le véritable islam, qui doit dominer en Algérie, et aspirent à se substituer à l'Association des chercheurs qui adopte plutôt une pensée frériste (5).

·       Les ordres soufis font contrepoids à l'existence des islamistes radicaux

L’État a validé les zawiyas pour faire face à l'énorme influence acquise par le djihadisme salafiste, représenté par le Front islamique du salut (FIS). Etant donné qu’il a été exclu depuis longtemps de la scène politique, les zawiyas ont été considérés comme un instrument honnête qui peuvent être présentés aux gens comme étant la forme traditionnelle et locale de la religion, pour tenter de contrer ce qu'ils appellent la révolution du FIS au style afghan.

Et tel fut le cas pour les laïcs et les gauchistes qui souffraient aussi de la stratégie du FIS qui les prive d'un certain nombre de choses. C’est donc pourquoi ces derniers ont également bien accueilli l'idée de promouvoir les zawiyas comme un contrepoids à la présence d'extrémistes islamistes. En mai 1991, le gouvernement algérien, dirigé par le président Chadli Ben Jedid, avait officiellement parrainé la création de l'Assemblée nationale zawiyas algériens, pour « combattre tous les mouvements lancés au nom du djihadisme salafiste, chiite ou d'autres croyances étrangères à la société, qui ont essayé et essayent encore à présenter des idées perverses sur l'école Malikite, qui représente le dénominateur du peuple algérien. Ce qui a laissé la majorité du peuple algérien. La création de l’Assemblée nationale des zawiya eut lieu quelques jours après la grève générale organisée par le FIS pour protester contre le nouveau gouvernement qui a repris les élections législatives »(6).

Cependant, cette stratégie d'instrumentalisation du soufisme pour éviter les conflits, n'a pas atteint le fruit désiré, étant donné que le pays a connu une vague de violence massive prolongée pour une période de dix ans, au cours de laquelle les zawiyas ont préférés de garder le silence, et n'ont pas eu de rôle remarquable. Ils n’apparaissent à nouveau sur la scène politique qu’après l’avènement du président Bouteflika au pouvoir en 1999 et la fin de la guerre civile dans le pays, où les mouvements soufis ont commencé à réapparaître en Algérie comme des moyens importants de mobilisation, à travers leur participation, et de manière considérable pour soutenir les politiques du président, en particulier celles qui ont trait au consensus national.

La réaparrition du soufisme nous révèle à l’échelle politique en Algérie, qu’il est important de redéfinir les lectures traditionnelles relatives au rôle de la religion dans la politique, en présence de facteurs religieux et les forces de la société civile. Et ce, en tenant compte de l'état des structures des partis politiques traditionnels, qui sont à la recherche de nouvelles manières participation à la vie politique. En réalité, les mouvements soufis ne constituent pas du genre d’organisations qui ont tendance à ne pas s’impliquer dans la politique en général. Mais le soufisme a son propre concept sur la politique, et il est d’ailleurs soutenu par le contexte actuel de la situation politique, où les parties ont perdu leur capacité à réformer. Eu égard à ce qui précède, et en faisant un lien étroit avec la vision thématique fonctionnellela carte soufie est considéré comme la soupape de sécurité pour arrêter le danger de l’islamisme politique radical(7).

 

·       Le soufisme est un allié idéologique sans représentation politique

 

Il est à noter que le pouvoir a soutenu les groupes islamiques dans le passé en tant que mouvements des forces d’équilibre ave les tendances de l'aile gauche laïque dans les années 1970(8). Il a fini par découvrir que les groupes islamiques eux-mêmes ont pris une tournure extrêmiste qui leur est particulière. Non seulement ils sont devenus plus nombreux, mais aussi plus enthousiastes pour devenir un sérieux danger pour le gouvernement. La raison pour laquelle le pouvoir voit donc aujourd'hui le besoin de prendre des précautions cette fois-ci, et ne évitant créer une situation similaire en promouvant et soutenant le soufisme. C’est donc pourquoi le soutien du soufisme doit être en tant qu’«allié» idéologique, et non d'un véritable désir d'ouvrir la zone de représentation politique des soufis et atteindre le pluralisme dans le pays. En effet, la participation apparente des forces de la société civile, telles que les dirigeants soufis à la vie politique, implique de sous-estimer les capacités de ces forces à répondre aux exigences sociales à long terme. En plus de cela, le fait de présenter les mouvements soufis comme étant des forces de pression politique sur les autres partis politiques est une stratégie qui s'arrêtera rapidement à certaines limites. Car il est pratiquement impossible pour ces mouvements soufis de présenter de nouveaux ajouts sociaux ou éducatifs dans le contexte actuel.

 

·       L’approche soufie est l’expression d’une demande sociale

En fait, on ne peut nier l'importance de cette hypothèse, surtout à la lumière de ce mouvement soufi et l'émission de ses nouvelles activités auxquels assiste l'Algérie, en particulier si l'on considère ses actions sur le plan social en revitalisant l'efficacité du soufisme. Pourtant ça va bien au-delà. L'Etat, face aux déséquilibres auxquelles vit la scène religio-politique à l’échelle de l'organisation politique officielle, se trouve obligé de recourir au soufisme actif qui représente pour lui un contre-modèle qu’il peut instrumentaliser dans le cadre de sa stratégie de lutte contre les mouvements d’islamisme politique radical(9).

En revanche, le fait de présenter cette hypothèse ne signifie en aucun notre désir de confirmer une sorte de similitude avec ce que cherche aujourd'hui l'Etat dans sa politique avec les ordres soufis. Cependant, il y a lieu de confirmer que le soufisme n'a jamais été un simple instrument, ni moins une carte politique instrumentale, tel que peut supposer cette approche thématique. A un autre niveau de vision aussi bien dans une relation sous la forme sociale de la pratique soufie que dans ses champs et sa logique, il convient aussi de souligner qu'il n'existe pas un seul domaine qui moins un format standard pour cette pratique, car il n'y a pas d'uniformité ni une logique spécifique qui régit et dirige l'implication des acteurs de différentes origines sociales et culturelles.

Nous sommes ici devant une pratique qui transgresse les formes, de sorte qu'il ne soit pas possible de l’identifier sous une seule forme ou un seul champ de fonctionnement particulier. Nous sommes face ici à un domaine de la pratique sociale, qui peut refléter une partie d'une relation dynamique entre la communauté et ses organisations de valeur, religieuse, soit-elle ou culturelle et économique. Tout comme il reflète également des pans importants de la nature de sa relation avec le système de vouvernance aussi ; par conséquent, ces observations peuvent sembler essentielles pour comprendre la nature du mouvement soufi aujourd'hui, bien entendu, dans la relation de la demande sociale, ce qui nous conduit vers la responsabilité de la dynamique sous-jacente derrière les formes et aparences associées à l'essor du soufisme (10).

L’hypothèse selon laquelle la demande sociale de l'implication des ordres soufis dans l'équation et les comptes de l'Etat politique, intervient dans le contexte du renforcement de la gestion acceptable du changement social et la réforme religieuse, sans que cela ne menace la structure de l'Etat, ce qui a fait que les soufis ressemblent à un partenaire privilégié de l’élite politique, en plus de l'éviter la concurrence avec les forces institutionnelles de l'État, focalisant et gardant les soufis et leurs zawiyas comme un médiateur social afin d’assurer la redistribution par l’Etat plutôt que d’ils ne soient des partis politiques unis à l’élite dirigeante.

 

·       Conclusion

En vertu de ce qui précède il y a lieu de conclure que le rôle du soufisme ne peut pas être limité que dans l'approche fonctionnelle et instrumentale pour faire face à l'islamisme politique que, même si cette hypothèse fait partie figurent parmi les paris les plus importants du pouvoir politique. Bien plus, il est également impératif de promouvoir et soutenir les soufis surtout en tant que «allié» idéologique avant toute chose, bien loin la représentation politique, de sorte que ces zawiyas et ordres et ordres soufis puissent s’atteler à leur rôle éducatif et religieux caractérisé par la spiritualité et la tolérance dont nous avons besoin aujourd'hui. Car ils sont plus étroitement liés à la terre, à la patrie et aux spécificités algériennes. Ils seront des piliers de la sécurité stratégique algérienne menacée par des idées productrices de l'extrémisme et du terrorisme. Mais l’intérêt extrême de l’Etat aux soufis et à leurs zawiyas que nous constatons aujourd'hui est motivé par l’accent mis sur le danger de l’islamisme politique.

 

Bibliographie:

(1)  Le terme «al zawiya» est utilisé comme synonyme des écoles religieuses soufies établies autour du statut de wali (tuteur), ou pieu. L’ordre soufi prend son nom à celui qui l’a fondé.

(2)  Shanvi Ahmad, La renaissance du soufisme islamique, Revue de l'héritage des sciences sociales et religieuses, N°135-2006, p.21.

(3)  George Goff, citation de Lamine Chique, Algérie, parraine le soufisme dans la lutte contre l'extrémisme, Reuters UK 8 juillet 2009.

(4)  Majid Makidi, L'argent, la politique et l’abut du droit, Al-Watan - 9 mars 2009.

(5)  La Connaissance, la politique et la religion dans l'Algérie contemporaine, études comparatives sur la société et l'Histoire, 2007, p.

(6)  Suzy Andizian, Expériences religieuses en Algérie contemporaine, les adeptes des walis (tuteurs) dans la région de Tlemcen, Paris, édition 2001 CNRS.

(7)  Appel de l'Assemblée nationale des zawiyas algériens lors de la tenue de sa deuxième réunion en 2002 à la création de « la Corporation supérieure » du Fatwa qui doit être soumis à la surveillance de la présidence de la République.

(8) http://www.elwatan.com/Association-des-zaouias-d-Algerie

 

(9)  John Searle, La construction de la réalité sociale, de la nature à la culture, la traduction de Hassana Abdasameea, House Books Presse ans Editions, i 9, Koweït 2014, p 136.

 [10] Ibid., P. 195.

"