Publié par CEMO Centre - Paris
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Idlib : accusations d’attaques chimiques et échec diplomatique

samedi 15/septembre/2018 - 02:17
La Reference
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La situation sécuritaire dans la ville syrienne d'Idlib devient de plus en plus tendue, notamment avec la propagation sans précédent d'assassinats et d'attentats à la bombe entre factions armées de l'opposition dans le cadre de la perpétuelle concurrence menée par différentes parties pour le contrôle et le déploiement dans la zone, notamment par les soi-disant Hayat Tahrir al-Cham (ancien Jabhat Al Nasr). A cela s’ajoute le kidnapping des partisans du régime syrien et des promoteurs de l'idée de réconciliation à Idlib. Cette situation a été reconnue par Abdel Moneim Zinedine, le coordinateur général des factions syriennes, dans un tweet qu’il a publié sur son compte

 

Les campagnes d'arrestation de factions armées affectent les partisans du régime syrien

En outre, le déploiement des éléments armés dans la province (entre 80 et 100 mille hommes, selon une source militaire, rapportée par l’agence russe Spoutnik) inquiète le régime syrien qui cherche à étendre son influence sur la province, où il contrôle 2 000 km2, dont un tiers d'une superficie de 6 000 km2, selon la source précédente.

 

Malgré les attaques de Daesh, la Russie confirme que la Syrie contrôle 96% de son territoire.

Dans cette atmosphère polluée, des parties en conflit à Idlib ont échangé des accusations de complot en vue de mener une attaque chimique sur la province d’Idlib. La Russie accuse notamment Hayat Tahrir al-Cham et d'autres factions armées de préparer des attaques au produit chimique et la fomentation d'un nouveau crime au régime syrien pour enfin le tenir pour responsable de l'attaque si elle se produit. Ce qui va donner des faux prétextes aux pays occidentaux soutenant Hayat Tahrir al-Cham et d'autres factions armées syriennes, de cibler les centres du régime syrien. En retour, des pages terroristes sur les réseaux sociaux, notamment celle d’Abdel-Moneim Zain, ont averti contre une attaque chimique imminente du régime syrien et se son allié russe!

 

Échec diplomatique

Les présidents des trois pays concernés par la situation  syrienne (Iran, Turquie et Russie) ne sont pas parvenus, lors du sommet de Téhéran qui a lieu le vendredi 7 septembre 2018, à trouver un point de vue commun sur le sort de la ville d’Idlib, qui est le dernier bastion des factions terroristes.

Leur divergence s’est manifestée dans leurs déclarations faites au cours du sommet, où le président iranien Hassan Rohani et son homologue russe Vladimir Poutine ont soutenu la nécessité, pour le régime syrien, de reprendre le contrôle de la province de Idlib, et les deux présidents ont souligné que la lutte contre le terrorisme à Idlib fait partie intégrante de la restauration de la paix et d'établir la stabilité en Syrie.

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui soutient les factions armées antigouvernementales, a pour sa part averti contre ce qu’il a appelé « bain de sang » suite à l’attaque prévue contre la province. Tout comme il a appelé un cessez-le-feu immédiat dans ladite province frontalière turque.

Dans la déclaration finale du sommet tripartie, les trois présidents ont seulement assuré l’importance de faire face à la situation à Idlib avec un « esprit de coopération » sans plus de détails clairs, et de reporter la résolution de la question par le biais de nouvelles discussions lors de la prochaine réunion qui sera bientôt tenue à Moscou.

 

Une catastrophe humanitaire

Pendant ce temps, les factions terroristes basées à Idlib ont ciblé aux roquettes Grad le mercredi 5 septembre 2018 des positions militaires de l'armée syrienne dans les campagnes de Lattaquié et Hama. Immédiatement la Russie a répondu par d’autres attaques le même jour, par le biais d’un chasseur aérien qui a bombardé les bastions de Hayat Tahrir al-Cham dans la province d’Idlib.

Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a annoncé une déclaration publiée par l’agence de presse russe que: la Russie continuera à « tuer les terroristes » à Idlib « pour restaurer la paix », ajoutant que « ceci est une question liée à notre sécurité ».

Le site web du journal La Russie d'Aujourd'hui, citant une source militaire de haut rang, a indiqué que ces attaques ont eu lieu en réponse aux provocations des terroristes en utilisant des drones, en niant que ladite attaque représente un véritable début de l'opération militaire à Idlib.

Ces informations d’éventuelles attaques ont préoccupé des agences de secours humanitaires. Ce qui a fait que l'Organisation des Nations unies a averti contre l’éventualité d’une attaque sur Idlib, en la décrivant comme une attaque sans précédent depuis le début de la crise syrienne en 2011.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, 180 familles ont été contraintes de quitter leur foyer depuis mercredi soir, se dirigeant vers l’Extrême-Orient.

 

Désaccord américano-russe

Les Etats-Unis et la Russie ne se sont pas entendus diplomatiquement par le passé sur la situation en Syrie, et c’est ce qui a amené le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a dire que Moscou ne faisait pas confiance aux Etats-Unis et la Grande-Bretagne sur la situation en Syrie. Les Etats-Unis ont pour leur part mis en garde le régime syrien contre l'utilisation des armes chimiques, affirmant que le Conseil de sécurité des Nations Unies mettra fin à la crise en Syrie lors de sa réunion du vendredi 7 septembre 2018.

Et le Conseil de sécurité des Nations Unies, à l'invitation de Washington, a discuté de la situation à Idlib, mais il n’y est pas sorti avec des résolutions radicales pour mettre fin à la crise, tandis indiqué l’envoyé de l'ONU en Syrie, a appelé à identifier les couloirs humanitaires pour permettre aux civils de quitter Idlib, étant donné que la solution militaire y serait la solution la plus probable. Et l'envoyé de la Syrie à l'ONU, Bashar Jaafari, a annoncé que le gouvernement de Damas était prêt à fournir des couloirs sécurisés aux civils.

Il est à noter que le ton du discours américain sur Idlib, a changé car il n’est plus menaçant ni avertissant d’un éventuel lancement de l'opération militaire sur la province. Cela se manifeste dans les déclarations du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo dans laquelle il a dit: « Les Etats-Unis considèrent la lutte contre les terroristes dans le nord de la Syrie comme essentielle, et partagent les craintes de la Russie à propos de leur présence à Idlib ».

Les déclarations de Pompeo contredisent les avertissements du président américain Donald Trump au début de la semaine dernière, lorsqu'il a qualifié l’attaque sur Idlib de « téméraire », et la déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, qui a dit que « si le président Bachar al-Assad a choisi à nouveau d'utiliser des armes chimiques, les États-Unis et leurs alliés réagiront rapidement et de manière appropriée ».

 

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Situation turque

Pendant ce temps, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré lors du sommet de Téhéran la possibilité de transférer les factions armées en dehors de la province d’Idlib, et les reloger dans des endroits où ils ne pourront plus attaquer la base militaire russe !

Cela indique un changement relatif de la position turque à l'égard d'Idlib, vers un soutien partiel à la solution militaire, notamment avec l'inclusion de Hayat Tahrir al Cham sur la liste turque des organisations terroristes.

 L'offre turque vient principalement en raison de la situation confuse dans laquelle se trouve Ankara qui est sous la pression de ses alliés parmi les organisations extrémistes, comme Hayat Tahrir al Cham dirigé par Abou Mohammed Al-Julani, qui a des relations étroites avec le service de renseignement turc, selon un rapport détaillé par le site Al Mayadeen. Relations qui ont été rejetées en bloc  par al-Julani, comme il a précédemment refusé de se soumettre aux diktats d'Ankara sur les efforts turcs afin de faire pression sur Hayat Tahrir al Cham pour non seulement résoudre le probleme, mais aussi pour intégrer ses éléments dans le soi-disant « Front national pour la libération » dirigé par Fadlallah Haji. Cette dernière comprend un groupe de factions armées, soutenu par la Turquie, comme les Brigades de Nurd ad-Din Zinky, l’Armée de Libération de la Syrie, etc.

Pour sa part, l'Allemagne a, par le biais de son ministre des Affaires étrangères Haikou Mas, proposé à la Turquie de lui présenter des aides humanitaires en cas de l'augmentation du nombre de réfugiés syriens après l’attaque prévue à Idlib. Cela pourrait amener la Turquie à fermer les yeux sur le régime syrien au cas où les éventuelles frappes touchent les bastions terroristes à Idlib. Surtout que Washington donnerait son feu vert à cette frappe si les armes chimiques ne seront pas utilisées.

La Turquie pourrait accepter l'offre allemande vu la crise économique qui frappe la Turquie et son besoin d'une telle assistance. Cela pourrait améliorer également ses relations avec l'Allemagne et améliorer la reprise de son économie.

Ces préoccupations turques reflètent l’élargissement et la mise en place au cours des derniers jours plusieurs camps au point de passage d’Atma, frontalier avec la Syrie, surtout avec la croissance du nombre de réfugiés qui a atteint 3 millions et un demi-million de réfugiés syriens. L’année dernière, elle a érigé un mur de séparation le long de sa frontière avec la Syrie.

 

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La Turquie manœuvre

Pour sa part, le conseiller au Centre Al-Ahram pour les études politiques et stratégiques, le Dr Hassan Abou Taleb, a déclaré à la « Référence » que si la Turquie parvenait à retarder toute action militaire dans la province d’Idlib, cela serait considéré comme une grande victoire diplomatique pour Ankara. En outre, ce retard ferait de la Turquie un partenaire clé dans l'autodétermination syrienne, selon Abu Talib.

Abu Talib a indiqué que la Déclaration finale du sommet de Téhéran n'a pas précisé le sort d’Idlib, et qu'une solution militaire est encore en suspens, en raison de l'opposition turque pour raisons selon lesquelles les frappent affecteront sa sécurité nationale. En plus du fait que la Turquie est fort liée à plusieurs groupes armés en Syrie, y compris les groupes terroristes connus.

 

 

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