Publié par CEMO Centre - Paris
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Libye : l'envoyé spécial Ghassan Salamé raccroche

mardi 03/mars/2020 - 12:23
La Reference
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Nommé en juin 2017, le sixième envoyé spécial des Nations unies en Libye, usé par un conflit parrainé par les puissances étrangères, a demandé à être «libéré de ses fonctions».

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Ghassan Salamé jette l’éponge. Après plus de deux ans d’efforts, l’envoyé spécial des Nations unies en Libye a demandé au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, de le «libérer de ses fonctions». «Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress», a tweeté lundi après-midi l’intellectuel libanais de 69 ans.

En janvier, Ghassan Salamé avait tenté un dernier coup diplomatique en réunissant à Berlin les pays impliqués dans le conflit libyen pour qu’ils s’engagent à respecter l’embargo sur les armes, violé au su et au vu de tous, et à cesser d’intervenir dans la guerre civile qui ronge le pays depuis 2014. Rien n’y a fait. En dépit des belles promesses, les affrontements ont continué à Tripoli et dans sa banlieue, assiégé depuis bientôt un an par les troupes du maréchal Haftar. Jeudi, des roquettes se sont à nouveau abattues sur plusieurs secteurs de la capitale, dont l’aéroport de Tripoli. Le lendemain, Ghassan Salamé a une nouvelles fois critiqué les «cyniques» qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, et réclamé un plus grand soutien international.

Fatigué, le diplomate tenait à demeurer physiquement en Libye

L’envoyé spécial de l’ONU avait vu son ambitieuse feuille de route voler en éclat, le 4 avril 2019, lorsque le maréchal Khalifa Haftar, qui ne reconnaît pas l’autorité du gouvernement d’union nationale issu de l’accord de paix de Skhirat (2015), avait déclenché son offensive surprise sur Tripoli. Une semaine plus tard, une vaste conférence nationale pour la paix, réunissant des acteurs venus de toute la Libye, devait se tenir à Ghadamès, dans le grand Sud, pour clôturer un cycle de consultations menées au plus près des municipalités depuis des mois. Elle n’aura finalement jamais lieu. «Les invitations étaient déjà envoyées», confiait amèrement Ghassan Salamé, lors d’une rencontre à l’automne, dans son petit bungalow du village vacances d’Oea, devenu une base onusienne fortifiée près de Tripoli. Le diplomate, fatigué, tenait à demeurer physiquement en Libye. «Je suis résilient de nature. Après avoir absorbé le choc, nous avons continué à travailler, expliquait-il à Libération. La plupart des ambassades occidentales ont quitté la Libye dès la première semaine. J’ai pris la décision de rester. New York me laissait le choix, mais plus la tension montait, plus notre présence était importante.»

«Il souffrait de problèmes de santé depuis longtemps mais était déterminé à poursuivre son mandat jusqu’à ce qu’il atteigne un minimum de convergence internationale sur la Libye, estime Claudia Gazzini, de l’International Crisis Group, qui fut sa conseillère politique pendant six mois. La conférence de Berlin et la résolution du Conseil de sécurité représentent ce dénominateur commun qu’il recherchait.» La résolution 2510, demandant l’arrêt des combats, a enfin été votée le 13 février. En parallèle, Ghassan Salamé a lancé un processus de négociations entre les parties libyennes à Genève, divisé en trois groupes de travail – politique, militaire et économique. Les discussions, chaotiques, sont toujours en cours.

«Comme essayer d’opérer avec les mains liées dans le dos»

«Le timing de sa démission reflète le fait que l’initiative de Berlin a largement échoué : aucun accord cessez-le-feu n’a été trouvé, les négociations interlibyennes ne marchent pas, et le blocage du pétrole [Haftar empêche les exportations] est toujours en place, rappelle Rihannon Smith, coordinatrice à l’institut Libya Analysis. Bien qu’il ait fait de son mieux pour impliquer toutes les parties, la confiance entre les Libyens et les Nations unies en général, et Ghassan Salamé en particulier, a décliné à mesure que la situation sur le terrain se détériorait.»

            
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