La Hidjra du prophète, l’Islam l’a ennoblie et les Frères l’ont souillée
La Hidjra du prophète, l’Islam
l’a ennoblie et les Frères l’ont souillée
Doaa Imam Dans leur tentative de transmettre leur
approche de l’Islam, les dirigeants des Frères musulmans ont créé leurs
propres thèses et preuves religieuses. La Confrérie a ainsi créé sa propre
biographie du Prophète, rédigée par le dirigeant frériste syrien Munir
Ghadhban. Ce dernier a créé une sorte d’analogie entre la vie du Prophète,
paix et salut sur lui, et l’histoire de la Confrérie, en particulier les
faits qui se rapportent à la Hidjra (émigration de la Mecque vers
Médine il y a de cela 1440 ans). Les dirigeants des Frères musulmans de la
première génération ont établi un parallélisme artificiel et erroné entre
certains événements de la Hidjra et l’histoire de la confrérie. L’idée
est de conférer un caractère sacré à leurs fugitifs, en donnant l’impression
que leur évasion est une Hidjra, et en même temps diaboliser ceux qui
sont en désaccord avec eux. La fuite vers Istanbul, une Hidjra Les Frères musulmans prétendent qu’ils font
aujourd’hui l’objet d’une torture et d’un harcèlement similaires à ceux subis
par le prophète et ses compagnons avant la Hidjra. La fuite en
Turquie, au Qatar ou au Royaume-Uni, est donc une hidjra d'un autre
genre. Le dirigeant frériste, Wagdi Ghoneim, a trouvé un verset du Coran qui
fait selon lui référence au sit-in de Rabaa, dont le signe a été brandi par
le président turc Recep Tayyip Erdogan en 2013. Il s’agit du verset 195 de la
sourate Al-Imran : « Ceux qui ont émigré, qui ont été expulsés de
leurs demeures, qui ont été persécutés dans Mon chemin, qui ont combattu et
qui ont été tués... ». La commémoration de la Hidjra du Prophète
n'est pas passée cette année, sans être exploitée politiquement par la
Confrérie. Les Frères affirment que la religion est aujourd’hui aussi
étrangère qu’elle l’était à ses débuts, et la raison de cela est la faiblesse
de la confrérie qui tente de déceler les similitudes entre l’émigration du
Prophète et l’émigration des Frères musulmans, qui ont abandonné leurs
maisons pour sauver leurs vies. Un Islam incomplet Saleh Al-Ashmawy, un des dirigeants du
régime spécial (1940), dit dans un article écrit à l’occasion du nouvel an de
l’hégire 1363 : « Je vais parler d'une autre émigration que celle du
prophète (il veut dire celle des Frères musulmans) et il y a un rapport et
une grande similitude entre ces deux émigrations ». Al-Ashmawy établit ensuite un parallélisme
entre l’émigration du prophète et celle de la confrérie. Il dit : « Cela
fait un peu moins de quatorze siècles que le Messager d'Allah a émigré de la
Mecque - alors terre de l’idolâtrie, de la dépravation, de la débauche, de la
perversion, de l’alcool, des jeux, de l'oppression et de l'injustice – vers
Médine pour lutter dans le sentier d’Allah afin de répandre le monothéisme,
et réaliser le bonheur des êtres humains avec une nouvelle législation, la
plus juste ». Il poursuit : « L’humanité revient aujourd’hui en
arrière, et voici que nous vivons comme vivaient les partisans des idoles.
Les mécréants de la Mecque adoraient les idoles, mais à notre époque,
l’époque des libertés et des lumières, les gens adorent l'argent, les
plaisirs, la notoriété et le prestige. Il y a aujourd’hui plus de divinités
qu’il n’y en avait à l’époque de la Djahylia (ignorance préislamique) bien
que les noms et les formes soient différents». Une communauté ignorante Al-Ashmawy compare la tenue des femmes
égyptiennes de l’époque (en 1944) à celle de l’époque préislamique : « La
société dans laquelle nous vivons aujourd’hui est bien similaire à celle de
l’époque d’avant l’Islam. Notre religion nous dit qu’au début de chaque
siècle Allah élèvera quelqu’un qui fera revivre la religion de cette nation
». Bien sûr le rénovateur ici selon Al-Ashmawy est le guide de la confrérie,
Hassan Al-Banna à qui il accorde un statut similaire à celui du prophète
Mohamed, paix sur lui. C’est comme si la religion était incomplète et
qu’Al-Banna soit venu pour la parachever. Al-Ashmawy dit ainsi : « L’année
1928 (pendant laquelle la confrérie des Frères musulmans a été fondée) a vu
l'émergence d'un homme qui appelle à la religion véritable, les Frères l’ont
suivi et ont cru à son appel ». Sur un ton incitatif, il poursuit :
« Il faut donc une autre émigration, nous devons quitter cette
société contaminée où se propage la corruption, et nous rendre dans une
société plus pure ! C’est ce que nous avons fait. Nous avons quitté cette
atmosphère corrompue, même si nous ne nous sommes pas éloignés de notre lieu
de naissance, et même si nous n’avons pas traversé les limites de la
géographie ! Nous avons quitté la famille et les amis, bien que nous les
voyons tous les matins et tous les soirs. Nous leur parlons de l'Islam, du
djihad, du martyre et de leurs mérites. Ils nous regardent comme si nous leur
parlions dans une langue étrangère qu’ils ne connaissent pas ». Al-Ashmawy explique ce qu’il entend par la Hidjra.
C’est le fait de quitter ses frères utérins pour aller auprès de ses frères
de la pensée (la confrérie). Il dit : « Nous nous sommes employés à
purifier nos âmes et nous nous sommes penchés sur notre Da’wa (appel) afin de
mieux comprendre ses objectifs. Nous nous sommes employés à fortifier le lien
qui nous unit, et à arranger et à renforcer nos rangs » L’émigration et la maîtrise du monde Le deuxième guide de la confrérie, Hassan
Al-Hodeibi, a dit que l’appel des Frères musulmans est celui de la religion
véritable. Dans l'encyclopédie en ligne de la Confrérie, on trouve un article
d’Al-Hodeibi, écrit à l'occasion du nouvel an de l’hégire, et dans lequel il
affirme que les Frères appellent à « la religion véritable, une
religion simple sans philosophie, et dans laquelle il n’y a pas de livres à
lire jour et nuit. Il s’agit d’attester qu'il n'y a d'autres divinités
qu'Allah et que Mohamed est le Messager d'Allah, de faire la prière et de
s’aquitter de la Zakat ». Al-Hodeibi affirme que l'appel de la confrérie
vise à « changer la foi », de la même manière que l’Islam a
changé le culte des idoles et celui du feu. Il ajoute que dans l'histoire de
l'Islam, la Hidjra est un mouvement de réforme. C’est une quête
de lieux fertiles pour lancer la Da’wa et atteindre les objectifs
sublimes, en référence aux rêves expansionnistes du groupe, ce qui fut appelé
« la maîtrise du monde ». Al-Hodeibi ajoute encore : « L’émigré de
l’ère moderne a plusieurs caractéristiques, chacun de nous doit les chercher
en lui-même. L’émigré d’aujourd'hui est celui qui porte en lui l'intention du
djihad et l'amour du martyre. L’émigré d’aujourd'hui donne libre cours à ses
capacités, ses aptitudes, ses compétences et ses talents, pour soutenir sa
religion, et se débarrasser des carcans qui l'entourent et qui l'empêchent
porter la da’wa vers le but désiré ». Emigrer pour déformer l'image de
Islam Dr Mohamed Mokhtar Gomaa, le ministre
égyptien des Waqfs, a déclaré que les groupes extrémistes exploitent certains
concepts pour tromper les jeunes et les instrumentaliser afin de détruire le
pays, ce qui déforme l’image de l'Islam. « L’émigration que
revendiquent les extrémistes de notre époque, sous prétexte de vouloir fonder
l’Etat islamique, n’a, en réalité, rien d’islamique, c’est l’émigration de la
paresse et du chômage qui consiste à abandonner la production et à faire de
la religion un véritable commerce », a déclaré le Dr Gomaa. Et d’ajouter
lors d’une cérémonie organisée par le ministère pour célébrer le nouvel an de
l’hégire : « Avec 140 mille mosquées personne peut faire de la
surenchère sur le caractère islamique de l’Egypte (il veut dire les Frères
musulmans). La nation a besoin d'une nouvelle émigration pour délaisser le
mensonge et la trahison et s’orienter vers les bonnes manières ». Il faut
abandonner le commerce de la religion, abandonner la religiosité de pure
forme pour s’orienter vers une religion véritable, afin d’assurer le progrès
de la nation et se tenir sur un terrain solide. Une approche antireligieuse Au sujet de cet amalgame et cette
instrumentalisation de la Hidjra prophétique par les Frères musulmans,
le Dr Abdel-Maksoud Bacha, professeur d'histoire et de civilisation, à
l'Université d’Al-Azhar, affirme que l'approche des Frères musulmans n’est
pas en accord avec la religion musulmane. « Le seul but des Frères
est d'attaquer l’Etat, de saboter ses efforts, de mobiliser leurs ressources
pour soutenir leurs tribunes médiatiques en Turquie et au Qatar, et de
transmettre leur idéologie terroriste aux jeunes », dit-il. Dans une déclaration à Al-Marje’, le
Dr Abdel Maqsoud affirme que les Frères ne font que répéter les idées de
leurs théoriciens sans réfléchir, notamment les livres de Sayyid Qutb, qui
propagent la haine et qui sont remplis de tromperies et de mensonges sur le
califat, l'émigration et d'autres concepts. Il faut donc corriger ces
concepts et les mettre dans leur contexte.
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