Publié par CEMO Centre - Paris
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La Hidjra du prophète, l’Islam l’a ennoblie et les Frères l’ont souillée

samedi 15/septembre/2018 - 01:45
La Reference
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La Hidjra du prophète, l’Islam l’a ennoblie et les Frères l’ont souillée

 

Doaa Imam

Dans leur tentative de transmettre leur approche de l’Islam, les dirigeants des Frères musulmans ont créé leurs propres thèses et preuves religieuses. La Confrérie a ainsi créé sa propre biographie du Prophète, rédigée par le dirigeant frériste syrien Munir Ghadhban. Ce dernier a créé une sorte d’analogie entre la vie du Prophète, paix et salut sur lui, et l’histoire de la Confrérie, en particulier les faits qui se rapportent à la Hidjra (émigration de la Mecque vers Médine il y a de cela 1440 ans).

Les dirigeants des Frères musulmans de la première génération ont établi un parallélisme artificiel et erroné entre certains événements de la Hidjra et l’histoire de la confrérie. L’idée est de conférer un caractère sacré à leurs fugitifs, en donnant l’impression que leur évasion est une Hidjra, et en même temps diaboliser ceux qui sont en désaccord avec eux.

La fuite vers Istanbul, une Hidjra

Les Frères musulmans prétendent qu’ils font aujourd’hui l’objet d’une torture et d’un harcèlement similaires à ceux subis par le prophète et ses compagnons avant la Hidjra. La fuite en Turquie, au Qatar ou au Royaume-Uni, est donc une hidjra d'un autre genre. Le dirigeant frériste, Wagdi Ghoneim, a trouvé un verset du Coran qui fait selon lui référence au sit-in de Rabaa, dont le signe a été brandi par le président turc Recep Tayyip Erdogan en 2013. Il s’agit du verset 195 de la sourate Al-Imran : « Ceux qui ont émigré, qui ont été expulsés de leurs demeures, qui ont été persécutés dans Mon chemin, qui ont combattu et qui ont été tués... ».

La commémoration de la Hidjra du Prophète n'est pas passée cette année, sans être exploitée politiquement par la Confrérie. Les Frères affirment que la religion est aujourd’hui aussi étrangère qu’elle l’était à ses débuts, et la raison de cela est la faiblesse de la confrérie qui tente de déceler les similitudes entre l’émigration du Prophète et l’émigration des Frères musulmans, qui ont abandonné leurs maisons pour sauver leurs vies.

Un Islam incomplet

Saleh Al-Ashmawy, un des dirigeants du régime spécial (1940), dit dans un article écrit à l’occasion du nouvel an de l’hégire 1363 : « Je vais parler d'une autre émigration que celle du prophète (il veut dire celle des Frères musulmans) et il y a un rapport et une grande similitude entre ces deux émigrations ».

Al-Ashmawy établit ensuite un parallélisme entre l’émigration du prophète et celle de la confrérie. Il dit : « Cela fait un peu moins de quatorze siècles que le Messager d'Allah a émigré de la Mecque - alors terre de l’idolâtrie, de la dépravation, de la débauche, de la perversion, de l’alcool, des jeux, de l'oppression et de l'injustice – vers Médine pour lutter dans le sentier d’Allah afin de répandre le monothéisme, et réaliser le bonheur des êtres humains avec une nouvelle législation, la plus juste ». Il poursuit : « L’humanité revient aujourd’hui en arrière, et voici que nous vivons comme vivaient les partisans des idoles. Les mécréants de la Mecque adoraient les idoles, mais à notre époque, l’époque des libertés et des lumières, les gens adorent l'argent, les plaisirs, la notoriété et le prestige. Il y a aujourd’hui plus de divinités qu’il n’y en avait à l’époque de la Djahylia (ignorance préislamique) bien que les noms et les formes soient différents».

Une communauté ignorante

Al-Ashmawy compare la tenue des femmes égyptiennes de l’époque (en 1944) à celle de l’époque préislamique : « La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui est bien similaire à celle de l’époque d’avant l’Islam. Notre religion nous dit qu’au début de chaque siècle Allah élèvera quelqu’un qui fera revivre la religion de cette nation ». Bien sûr le rénovateur ici selon Al-Ashmawy est le guide de la confrérie, Hassan Al-Banna à qui il accorde un statut similaire à celui du prophète Mohamed, paix sur lui. C’est comme si la religion était incomplète et qu’Al-Banna soit venu pour la parachever. Al-Ashmawy dit ainsi : « L’année 1928 (pendant laquelle la confrérie des Frères musulmans a été fondée) a vu l'émergence d'un homme qui appelle à la religion véritable, les Frères l’ont suivi et ont cru à son appel ».

Sur un ton incitatif, il poursuit : « Il faut donc une autre émigration, nous devons quitter cette société contaminée où se propage la corruption, et nous rendre dans une société plus pure ! C’est ce que nous avons fait. Nous avons quitté cette atmosphère corrompue, même si nous ne nous sommes pas éloignés de notre lieu de naissance, et même si nous n’avons pas traversé les limites de la géographie ! Nous avons quitté la famille et les amis, bien que nous les voyons tous les matins et tous les soirs. Nous leur parlons de l'Islam, du djihad, du martyre et de leurs mérites. Ils nous regardent comme si nous leur parlions dans une langue étrangère qu’ils ne connaissent pas ».

Al-Ashmawy explique ce qu’il entend par la Hidjra. C’est le fait de quitter ses frères utérins pour aller auprès de ses frères de la pensée (la confrérie). Il dit : « Nous nous sommes employés à purifier nos âmes et nous nous sommes penchés sur notre Da’wa (appel) afin de mieux comprendre ses objectifs. Nous nous sommes employés à fortifier le lien qui nous unit, et à arranger et à renforcer nos rangs »

L’émigration et la maîtrise du monde

Le deuxième guide de la confrérie, Hassan Al-Hodeibi, a dit que l’appel des Frères musulmans est celui de la religion véritable. Dans l'encyclopédie en ligne de la Confrérie, on trouve un article d’Al-Hodeibi, écrit à l'occasion du nouvel an de l’hégire, et dans lequel il affirme que les Frères appellent à « la religion véritable, une religion simple sans philosophie, et dans laquelle il n’y a pas de livres à lire jour et nuit. Il s’agit d’attester qu'il n'y a d'autres divinités qu'Allah et que Mohamed est le Messager d'Allah, de faire la prière et de s’aquitter de la Zakat ». Al-Hodeibi affirme que l'appel de la confrérie vise à « changer la foi », de la même manière que l’Islam a changé le culte des idoles et celui du feu. Il ajoute que dans l'histoire de l'Islam, la Hidjra est un mouvement de réforme. C’est une quête de lieux fertiles pour lancer la Da’wa et atteindre les objectifs sublimes, en référence aux rêves expansionnistes du groupe, ce qui fut appelé « la maîtrise du monde ».

Al-Hodeibi ajoute encore : « L’émigré de l’ère moderne a plusieurs caractéristiques, chacun de nous doit les chercher en lui-même. L’émigré d’aujourd'hui est celui qui porte en lui l'intention du djihad et l'amour du martyre. L’émigré d’aujourd'hui donne libre cours à ses capacités, ses aptitudes, ses compétences et ses talents, pour soutenir sa religion, et se débarrasser des carcans qui l'entourent et qui l'empêchent porter la da’wa vers le but désiré ».

Emigrer pour déformer l'image de Islam

Dr Mohamed Mokhtar Gomaa, le ministre égyptien des Waqfs, a déclaré que les groupes extrémistes exploitent certains concepts pour tromper les jeunes et les instrumentaliser afin de détruire le pays, ce qui déforme l’image de l'Islam. « L’émigration que revendiquent les extrémistes de notre époque, sous prétexte de vouloir fonder l’Etat islamique, n’a, en réalité, rien d’islamique, c’est l’émigration de la paresse et du chômage qui consiste à abandonner la production et à faire de la religion un véritable commerce », a déclaré le Dr Gomaa. Et d’ajouter lors d’une cérémonie organisée par le ministère pour célébrer le nouvel an de l’hégire : « Avec 140 mille mosquées personne peut faire de la surenchère sur le caractère islamique de l’Egypte (il veut dire les Frères musulmans). La nation a besoin d'une nouvelle émigration pour délaisser le mensonge et la trahison et s’orienter vers les bonnes manières ». Il faut abandonner le commerce de la religion, abandonner la religiosité de pure forme pour s’orienter vers une religion véritable, afin d’assurer le progrès de la nation et se tenir sur un terrain solide.

Une approche antireligieuse

Au sujet de cet amalgame et cette instrumentalisation de la Hidjra prophétique par les Frères musulmans, le Dr Abdel-Maksoud Bacha, professeur d'histoire et de civilisation, à l'Université d’Al-Azhar, affirme que l'approche des Frères musulmans n’est pas en accord avec la religion musulmane. « Le seul but des Frères est d'attaquer l’Etat, de saboter ses efforts, de mobiliser leurs ressources pour soutenir leurs tribunes médiatiques en Turquie et au Qatar, et de transmettre leur idéologie terroriste aux jeunes », dit-il.

Dans une déclaration à Al-Marje’, le Dr Abdel Maqsoud affirme que les Frères ne font que répéter les idées de leurs théoriciens sans réfléchir, notamment les livres de Sayyid Qutb, qui propagent la haine et qui sont remplis de tromperies et de mensonges sur le califat, l'émigration et d'autres concepts. Il faut donc corriger ces concepts et les mettre dans leur contexte.

 

 

 

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