Publié par CEMO Centre - Paris
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Les cellules dormantes en Italie…un terrorisme en gestation qui attend son heure Chaïma Hafzy

jeudi 13/septembre/2018 - 01:40
La Reference
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Chaïma Hafzy

L'Italie a souvent une notation restreinte sur l'indice des attaques terroristes. En effet, de telles attaques sont peu nombreuses sur son sol. Cela ne semble pas être le cas lorsqu’il est question des cellules dormantes.

Si depuis l'émergence de Daech, il y a quatre ans, l’Italie n'a connu aucun incident terroriste majeur, des cellules terroristes sont cependant régulièrement arrêtées sur le territoire italien, et des personnes suspectées de planifier des attentats sont expulsées.

L’année dernière, l’Italie a connu 14 attaques terroristes, ce qui la classe au quatrième rang des pays les plus touchés par le fléau terroriste, après la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne, selon le rapport d’Europol (l'Office européen de police).

Selon les médias occidentaux, les appareils de sécurté italiens sont très efficaces dans la prévention des attaques terroristes. Cette efficacité est due, selon les experts, à la grande expérience de la police italienne, aux prises avec la Mafia depuis de nombreuses années.

L'Italie impénétrable.. le terrorisme incapable d’infiltrer le pays de la mafia

Si l’Italie jouit d’un certain calme en matière d'attentats, elle souffre, en revanche, d’une augmentation du nombre de militants affiliés aux groupes terroristes, et dont l’identité n’est souvent pas révélée. Cela est clair dans le nombre d'étrangers expulsés d’Italie car soupçonnés d'appartenir à des organisations terroristes, ou de citoyens italiens arrêtés pour terrorisme.

On dit qu’Anis Ameri (l’instigateur de l’attaque de Berlin) était emprisonné en Sicile, et que le tunisien, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, responsable de l'attaque de Nice, avait séjourné quelque temps à Ventimiglia, ville italienne frontalière de la France, selon la police italienne.

En mai 2018, les autorités italiennes ont annoncé l'arrestation de 11 syriens et trois marocains, soupçonnés de fournir des combattants et un soutien financier de 2,3 millions de dollars, au front Al-Nosra lié à Al-Qaïda en Syrie.

 

 

Le procureur italien en charge de la lutte anti-terroriste, Federico Cafiero, a déclaré selon l’agence Reuters : « qu’un lien existait entre ces personnes accusées de financer le terrorisme et l'immigration clandestine, mais il n’y a en revanche aucune preuve que les passeurs ont introduit des combattants étrangers en Italie ».

Selon Cafiero, des fonds ont été transférés via un réseau informel appelé Hawala. Ce réseau est connu dans le monde arabe, et échappe au contrôle habituel sur les réseaux de financement terroriste.

Deux mois auparavant, les autorités italiennes avaient annoncé l'arrestation d'Abdel Rahman Mouhyiddine Moustafa, italien d'origine égyptienne, âgé de 59 ans, et président de l'Association culturelle islamique Al-Da’wa à Foggia dans le sud-est de l'Italie. L’homme a été accusé de « promouvoir le terrorisme », « d’inciter les enfants à tuer des non-musulmans » et à « pratiquer des activités liées au terrorisme ».

Selon le communiqué des autorités italiennes, Moustafa « suivait de près les nouvelles de Daech sur les réseaux sociaux » et « s’est montré plus d'une fois élogieux sur sa page Facebook à l’égard du chef de l'organisation, Abou Bakr Al-Baghdadi ». Il a essayé en outre de convaincre les enfants que la seule façon d’aller au Paradis était de mourir sur le champ de bataille.

Arrestation d'une cellule de Daech dirigée par un réfugié

En mars 2018 la police italienne a arrêté cinq tunisiens dans le cadre de ce qu'elle a décrit comme étant « une campagne visant des personnes soupçonnées de soutien au terrorisme », ceci à un moment où le nombre d’étrangers expulsés par l'Italie était en augmentation.

L'Italie s’empresse d'expulser toute personne qui a des tendances radicales. La loi a été amendée en 2017 afin de permettre de telles expulsions. Une centaine de terroristes présumés ont été expulsés.

Le soutien dont pourraient bénéficier les terroristes en Italie ne se limite pas au seul recrutement des combattants. Le président du tribunal sud a annoncé fin 2017, que plus de 24 millions de comprimés de Tramadol ont été vendus par Daech pour financer ses attaques à travers le monde.

 

 

Selon le communiqué de la police, ces comprimés ont été saisis dans des conteneurs à Gioia Tauro, le plus grand port d’Italie. Un seul comprimé se vend à 2 euros (2,33 $), ce qui fait que la valeur totale des comprimés était d’environ 50 millions d'euros.

Le procureur, Federico Cafiero, a déclaré : « Daech gère directement le trafic des produits stupéfiants pour financer ses activités terroristes un peu partout dans le monde ». Et d’ajouter « Une partie de ces fonds illégaux était destinée à financer des groupes extrémistes en Libye, en Syrie et en Irak » .

Le tribunal n'a pas indiqué comment cette cargaison illégale a été découverte, et quelle était sa destination finale, mais une cargaison similaire avait été découverte l'an dernier en Grèce, et une autre, plus grande, à Gênes en Italie en mai 2018.

L'Italie en ligne de mire après les menaces de Daech contre Ronaldo

L’Italie a connu il y a quelques années le terrorisme local avec la Mafia, ce qui a donné aux forces de sécurité une vaste expérience en matière de lutte contre le banditisme, mais le problème de certains terroristes aujourd’hui est qu’ils ne font pas partie d’une cellule organisée, selon le journal britannique The Guardian.

Interpol avait annoncé fin janvier une liste de 50 personnes, toutes tunisiennes, soupçonnées d'appartenir à Daech en Italie. Selon The Guardian, ces suspects sont bel et bien des combattants du groupe Etat Islamique. Ils sont arrivés en Sicile à bord d’un bateau entre juillet et octobre 2017, et pourraient tenter d'atteindre d'autres pays européens.

Les autorités italiennes lancent continuellement des campagnes en mer pour empêcher l'accostage de migrants sur les côtes siciliennes, devenues le lieu de débarquement privilégié des migrants tunisiens qui tentent de rejoindre l'Europe.

Selon un rapport du Conseil européen des relations extérieures, 4 500 tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes l'année dernière, soit quatre fois plus qu'en 2016.

Selon le procureur général d’Agrigento, les enquêteurs n’excluent pas la présence parmi ces migrants, qui se rendent en Sicile, de militants de Daech.

 

 

« Nous ne savons pas ce qu'ils faisaient avant de venir ici, et nous ne savons pas où ils étaient avant leur arrivée en Sicile », a déclaré le procureur Salvatore Villa, au quotdien The Guardian.

En juillet, Interpol avait également publié une liste de 173 personnes soupçonnées d’appartenance à Daech en Italie, qui auraient reçu un entraînement pour commettre des attentats-suicides en Europe.

Selon les chiffres du ministère italien de l'Intérieur, les appareils de lutte antiterroriste ont arrêté et interpellé 160.593 personnes entre mars 2016 et mars 2017. 34 000 personnes ont également été interpellées dans les aéroports, et environ 550 terroristes présumés ont été arrêtés. 38 ont été condamnés pour terrorisme. Plus de 500 sites internet ont été fermés, et près d’un demi-million surveillés.

L'Italie deviendra-t-elle la prochaine cible de Daech en Europe ?

L’Italie accueille de nombreux réfugiés qui arrivent par la mer, et il s’agit là d’un autre défi sécuritaire. L’Italie est souvent utilisée comme zone de transit afin de permettre aux terroristes d’accéder à d’autres pays européens.

« La principale différence entre l'Italie et les autres pays européens est que l’Italie ne compte pas un grand nombre de migrants de la deuxième génération qui ont basculé dans la radicalisation, ou qui pourraient devenir extrémistes », affirme Francesca Galle, professeur adjoint à l'Université de Maastricht et experte en politiques de lutte contre le terrorisme. Et de conclure : « Contrairement à la France, à la Belgique ou au Royaume Uni, la police et les appareils anti-terroristes italiens n’ont pas affaire à un grand nombre de personnes susceptibles de basculer dans l’extrémisme ».

 

 

 

 

 

 

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