La Turquie abat deux bombardiers syriens dans le ciel d’Idlib
Les
forces turques ont abattu dimanche 1er mars deux avions
militaires et tué 19 soldats syriens dans la région d’Idlib, au troisième jour
d’une escalade militaire dans le nord-ouest du pays entre la Turquie, qui
soutient plusieurs groupes rebelles, et le régime de Bachar Al-Assad, soutenu par
la Russie.
Le
ministère de la défense turc a
confirmé que ses forces avaient abattu deux Soukhoi Su-24
syriens. Selon
l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les avions
ont été abattus par un F16 de l’armée turque dans les zones tenues par le
régime syrien. Les quatre pilotes syriens ont pu s’éjecter et atterrir en
parachute « sains et saufs », a indiqué l’agence
de presse officielle syrienne SANA.
Dimanche
soir, l’OSDH a également annoncé que 19 soldats syriens avaient été tués par
des tirs de drones turcs sur un convoi militaire dans la province d’Idlib.
Quelques heures plus tôt, les médias syriens déclaraient que trois drones turcs
avait été abattus, alors que le régime indiquait fermer son espace aérien.
Depuis
vendredi, 93 soldats syriens ont été tués dans des bombardements par la
Turquie, dont au moins 45 dans des raids de représailles menés par des drones
turcs, d’après l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.
Une
possible rencontre Erdogan-Poutine dans la semaine
La
mort de 33 soldats turcs, jeudi, dans une attaque attribuée au régime syrien a déstabilisé
encore un peu plus la région, avec
notamment l’ouverture par la Turquie de ses frontières avec l’Europe.
L’armée turque affirme que les attaques menées depuis en représailles prenaient
le nom de « l’opération Bouclier de printemps » et
avaient pour but de « mettre fin aux massacres du régime et
empêcher une vague migratoire ».
L’annonce
de cette opération par les autorités turques s’est accompagnée de messages
visant à déminer le terrain avec la Russie, allié indispensable de Damas dans
la reconquête dans la province d’Idlib − mais
également fournisseur d’équipement antiaérien à Ankara.
Le ministre de la défense turc a dit que son pays n’avait « ni
l’intention ni l’envie d’entrer dans une confrontation avec la
Russie », tout en soulignant que la Turquie attendait de Moscou
qu’il fasse pression sur Damas pour qu’il « stoppe ses
attaques ».
Samedi,
le président turc Erdogan avait durci le ton envers son homologue russe,
Vladimir Poutine. Dans un entretien téléphonique vendredi, « j’ai
dit à M. Poutine : Ôtez-vous de notre chemin. Laissez-nous seuls à seuls
avec le régime », a affirmé M. Erdogan.
Le
porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué dimanche qu’il « espérait » une
rencontre entre MM. Erdogan et Poutine jeudi ou vendredi. « Ce
sera sans aucun doute une rencontre difficile, mais les chefs d’Etat confirment
leur volonté de régler la situation à Idlib. »
Dans
ce contexte de tensions, le rédacteur en chef et trois collaborateurs en
Turquie du média russe Sputnik, financé par le Kremlin, ont été
interpellés par les autorités turques. Moscou a appelé Ankara à « intervenir
et à assurer la sécurité des journalistes ».
Réunion
des ministres de l’UE
Les
ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne doivent
participer à une « réunion extraordinaire » cette
semaine pour discuter de l’aggravation de la situation en Syrie, a annoncé
dimanche le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Les
combats en cours dans la province d’Idleb « constituent une grave
menace pour la paix et la sécurité internationales » avec pour
corollaire une « terrible crise humaine » face à
laquelle l’UE « doit redoubler d’efforts » et
recourir à « tous les moyens dont elle dispose », a
ajouté M. Borell dans son communiqué.
Le
régime de Damas, appuyé par la Russie, mène depuis décembre une offensive pour
reprendre la province d’Idlib, ultime bastion rebelle et djihadiste en Syrie.
Les combats y ont provoqué une nouvelle catastrophe humanitaire, s’ajoutant à
la longue liste de drames dans ce conflit qui a fait plus de 380 000 morts
depuis 2011. Selon l’ONU, l’offensive du régime à Idlib a fait près d’un
million de déplacés.