Antiterrorisme : le G5 Sahel décidé à intensifier ses efforts
« Le Sahel requiert plus que jamais une attention accrue et coordonnée de la part des États de la région et de la communauté internationale pour endiguer la spirale de la violence ». Voici l'appel lancé par le chef de l'État mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ce mardi 25 février, lors du 6e sommet du G5 Sahel. La réunion intervient un peu plus d'un mois après le sommet de Pau et a été l'occasion pour les chefs d'État présents de faire un bilan des actions de l'organisation en 2019, alors que la région est confrontée à une forte poussée djihadiste et une sévère dégradation sécuritaire.
Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées au centre du pays, et au Burkina et au Niger voisins. Les violences djihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – ont fait 4 000 morts dans ces trois pays en 2019, cinq fois plus qu'en 2016, selon l'ONU, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales. La possibilité d'une réduction des forces américaines antidjihadistes à laquelle réfléchit le Pentagone en Afrique et dans le monde ajoute à la préoccupation. « Nous avons un besoin pressant de victoires concrètes contre le terrorisme. Répondre à ce besoin existentiel est le vrai défi de ce sommet », a d'ailleurs souligné le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat. Il a fait valoir l'incompréhension des civils devant l'apparente impuissance à faire cesser les violences et réclamé une « montée en puissance » de la force conjointe transfrontalière du G5 Sahel, qui tarde à atteindre sa pleine mesure.
Des « progrès » militaires
Un appel suivi par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, également présent à Nouakchott. « Je vous rejoins pour dire qu'un sursaut de mobilisation, de coordination ou de priorisation est nécessaire », a-t-il affirmé. Tout en prenant acte des « frustrations » des dirigeants sahéliens, Jean-Yves Le Drian a salué « le chemin parcouru depuis 2014 ». « Des progrès importants ont eu lieu en un mois », a-t-il ajouté.
Parmi eux, selon le ministre, le déploiement des unités dites « reconstituées » de l'armée malienne (incluant d'ex-rebelles) dans le nord du pays, l'arrivée annoncée prochaine d'un bataillon tchadien dans la région dite des trois frontières (Mali, Burkina, Niger), la livraison d'équipements européens, la mise en place d'un état-major conjoint à Niamey ou encore la décision française d'augmenter de 4 500 à 5 100 hommes les effectifs de la force antidjihadiste Barkhane.
La question du développement
Autre question soulevée par les participants au sommet, celle du développement. Une piste de solution complémentaire à la réponse militaire, indispensable à la résolution de la crise pour l'organisation. Car en quelques mois, le conflit a poussé des centaines de milliers de personnes à se déplacer. Pour le président du Burkina Roch Marc Christian Kaboré, son pays traverse une « crise humanitaire sans précédent ».
Pour faire le bilan, là aussi, des avancées en la matière, une assemblée générale de l'Alliance Sahel visant à mobiliser l'aide internationale au développement a été tenue dans la capitale mauritanienne avant le sommet. Les engagements connus s'élèvent à 11,6 milliards d'euros, a précisé Jean-Yves Le Drian, qui a présidé la réunion. Mais « la question principale […], ce n'est pas : est-ce qu'il faut rajouter à 11,6 milliards. Ils ne sont pas dépensés. C'est : comment est-ce que je fais pour dépenser sur des projets concrets qui servent aux populations du Sahel ? »