Guerre de pouvoir entre les Frères musulmans et le président tunisien
La relation entre les Frères musulmans de Tunisie - représentés par le Mouvement Al-Nahda, et le président Qaïs Saïd – se complique. Les Frères tentent d'imposer leur contrôle sur la vie politique en Tunisie. A l’approche de l’expiration du délai imparti au premier ministre désigné Elias Fakhfakh, pour former le gouvernement, les rapports entre le président de la République et les Frères se sont nettement tendus.
Une guerre verbale a éclaté entre Saïd et le chef du mouvement d’Al-Nahda, Rashid Ghannouchi. Elia Al-Fakhfakh a rejeté toutes les propositions d’Al-Nahda pour le nouveau cabinet. Reza Shehab, ami personnel du président tunisien et son directeur de campagne, a décrit Al-Ghanoushi de « hypocrite » et d’imbécile. Il a de même accusé Al-Nahda et ses partisans d'entraver la réforme en Tunisie en s'accrochant au système parlementaire.
La presse fidèle au mouvement Al-Nahda a lancé pour sa part des attaques contre Qaïs Saïd, qui constitue une pierre d'achoppement face aux efforts du mouvement qui tente de trouver une place sur la scène politique. Les Frères ont refusé d'impliquer le Parti Qalb Tunis, dirigé par Nabil Karoui, aux consultations sur la formation du gouvernement, dans le but de faire pression sur le président pour qu'il n’intervienne pas dans la formation d'un gouvernement.
L'ancien ministre du gouvernement d’Al-Nahda (entre 2011 et 2014), Abu Yareb Al-Marzouqi, a accusé Qaïs Saïd de travailler avec des régimes étrangers, le décrivant comme une « marionnette aux mains de l’Iran ». En plus, Al-Ghannouchi a affirmé que Qaïs Saïd n'a pas choisi la meilleure figure pour former le gouvernement, en allusion au premier ministre en charge, Fakhfakh. Il a ajouté que les noms proposés par Al-Nahda au président tunisien étaient « meilleurs » qu'Elias Al-Fakhfakh.
En ce qui concerne la formation du gouvernement, un membre du comité de négociation du mouvement Al-Nahda, Sami Al-Tariki, a déclaré que les négociations entre son mouvement et Al-Fakhfakh se dirigent vers un échec. Al-Tariki a accusé dans un communiqué Al-Fakhfakh de ne pas avoir tenu compte du poids d’Al-Nahdda.
Il a expliqué que ce qui provoqué Al-Nahda, c'était la manière d’Al-Fakhfakh de traiter avec Al-Nahdda dans le dossier de la formation du gouvernement.