Publié par CEMO Centre - Paris
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Les stratégies britannique et américaine dans la lutte contre les Shebabs en Somalie

jeudi 13/septembre/2018 - 09:44
La Reference
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Mohammed Al-Dabouli

 

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Mouvement des Jeunes

 Moudjahidines

 

Récemment, la région de la Corne

 de l’Afrique a connu une recrudescence des activités opérationnelles du Mouvement

des Shebabs Al-Moudjahidine (Les Jeunes moudjahidines) que ce soit à l'intérieur-même

de la Somalie ou

dans les pays voisins tels que le Kenya, dont les frontières sont constamment menacées par les Shebabs.

 

Les

 activités opérationnelles du Mouvement des

Shebabs Moudjahidines

se sont pratiquement beaucoup élargies et

ne se limitent plus aux opérations terroristes

à travers les voitures piégées

ni aux embuscades contre les militaires mais

elles se sont étendues aux services de renseignements

et de sécurité et à

l'implantation de ses agents au sein

de ces services.

 

Au milieu de ces développements sur

 le terrain dans la région de la Corne

de l'Afrique, on a constaté l'émergence des efforts britanniques dans la lutte contre l'expansion du Mouvement

des Shebabs, et ce en présentant un

soutien technique et logistique aux pays de la région et à la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM). En plus

des efforts britanniques, on a

remarqué que les États-Unis sont

assez déterminés à lutter contre le Mouvement, à travers l'intensification de leurs frappes aériennes contre les bastions

des Shebabs en Somalie. En effet, les deux stratégies américaine et britannique ont eu diverses répercussions.

 

Dans

 les points suivants nous tenterons de les expliquer :

 

Attaques intenses et renseignements

 actifs

 

Au cours des deux dernières semaines,

 la Somalie a connu une escalade sans précédent de la part

des Shebabs qui ont lancé de nombreuses attaques sanglantes à proximité de la capitale Mogadiscio et des villes du Sud, en particulier dans

la région du Shabelle inférieur.

 

A cet égard, à l'aube du vendredi

 31 août 2018,  la ville d'Afgooye

dans le Shabelle inférieur et près de Mogadiscio, a été attaquée par

les Shebabs,

faisant un bilan de 3 soldats tués et de six autres blessés. Au même

moment, le quartier de

Rotband au sud de Mogadiscio, a connu de violentes explosions contre un grand nombre de sites gouvernementaux et civils. Avant

ces explosions,

le 29 août 2018, une attaque des Shebabs à la frontière entre le Kenya et la Somalie avait fait 5 morts parmi les soldats des Forces de défense kényanes.

 

Le porte-parole militaire

des Shebabs Abdoul Aziz Abou Mous'ab a déclaré le 2 septembre 2018 que le Mouvement

avait ciblé les locaux administratifs du district d'Hawlwaday dans le centre de Mogadiscio la capitale somalienne, à l'aide d'une voiture piégée dont l'explosion a tué 6 personnes et blessé 15 autres. L'attentat a également

 détruit une école coranique près des bureaux administratifs, et le porte-parole a précisé que le Mouvement

ciblait une réunion tenue

par la Direction.  

 

Au cours de la dernière période,

 on a beaucoup parlé de

la capacité des Shebabs à

infiltrer les services de sécurité, que ce soit en Somalie ou

dans les pays voisins, après la révélation par les services de sécurité

kényans

de l'arrestation de Carruta Jithaaja commandant et ancien officier de l'Unité des services généraux (GSU) qui tentait d'infiltrer la frontière entre le Kenya et la Somalie et de contacter

les Shebabs.

Dans le même contexte, le directeur adjoint des renseignements somaliens, le général Abdullah Abdullah,  a dévoilé que le Mouvement

infiltre

les services de renseignements et de sécurité en général, ce qui

explique son succès à lancer des attaques successives contre plusieurs

cibles gouvernementales en Somalie, comme

c'était le cas récemment

avec les locaux administratifs d'Hawlwadag où le Mouvement a ciblé une réunion dont il était au courant

de la date de tenue.       

 

 

Inquiétude

 kényane et intervention britannique prudente

 

A vrai dire, l'activité remarquable

 du Mouvement des Shebabs a suscité récemment les préoccupations des forces régionales telles que le Kenya, dont le président,

Uhuru Kenyatta, s’est engagé à

anéantir le Mouvement en représailles à sa

dernière attaque contre les troupes

kényanes.

 Nairobi a également déployé davantage de troupes dans la province frontalière de Mandera, afin d'éviter de nouvelles attaques.

 

C'est pourquoi, le Kenya cherche

 actuellement à attirer plus de soutien international en faveur de ses actions contre

les Shebabs, notamment

le soutien britannique.

Le

 ministre britannique des Forces armées Mark Lancaster a promis que son pays travaillerait à former les forces

kényanes

 opérant au sein de la Mission de l'Union Africaine en Somalie. Cette promesse

britannique a été

faite lors de la visite de la Première ministre

Theresa May

au Kenya. Le soutien britannique

 au Kenya vient du fait que ce dernier menace de retirer ses troupes de Somalie parce que

la communauté internationale

 a réduit son soutien à la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM). A cet égard, l'Union européenne a diminué le soutien accordé

 à l'AMISOM de 20%, après la décision en 2017 de réduire progressivement les troupes de la Mission et de transférer les responsabilités de sécurité aux forces de sécurité somaliennes.

 

Le soutien britannique au Kenya

intervient dans le cadre de la stratégie britannique visant à soutenir les efforts déployés par l'AMISOM afin de réaliser la stabilité en Somalie. C'est dans le même cadre

que le 1er juillet 2018, Londres a fait don de 47 machines lourdes (bulldozers et camions) d'une valeur de 5,6 millions de livres sterling,

geste destiné à renforcer les capacités de

la Mission de l'Union Africaine

 dans sa guerre contre le Mouvement des Shebabs. L'armée britannique a également formé 500 soldats somaliens

dans les domaines de la médecine, du leadership, des renseignements,

de la logistique, de l'entretien des matériels de guerre et des droits de l'Homme.

 

Il convient de mentionner que le

 soutien

britannique aux forces

 kényanes et à l’Amisom est très prudent dans ce domaine: la Grande-Bretagne se contente de soutenir

les

 pays de la Corne de l'Afrique et les forces locales, mais n'intervient pas directement dans la guerre contre le terrorisme bien qu'elle possède un patrimoine historique

dans cette région.

 

Une forte présence de Washington

                                      

 

Les États-Unis ne sont pas effectivement

 absents

des récents événements dans

 la Corne de l’Afrique qui a connu une présence grandissante des Shebabs

dans les

banlieues sud de

Mogadiscio

 en plus des régions sud telles que le Shabelle inférieur

 et Gopaland. A cet égard, vers la fin d'août 2018, le commandement  de l'armée américaine en Afrique (AFRICOM) a déclaré avoir tué

 3 des éléments du Mouvement dans un raid aérien

 sur la zone de Juba Central, à envron 40 km au sud de Mogadiscio.

 

Les récentes

 frappes américaines

survinrent malgré la circulation de nouvelles

affirmant que

Washington avait l'intention

 de réduire sa présence militaire en Afrique, notamment

en Libye, au Cameroun, en Tunisie et au Kenya, mais

que la Somalie et le Nigeria en seront exclus.

 

Il est à noter que les frappes américaines

dans la dernière période se sont principalement concentrées sur les sites des

Jeunes moudjahidines, affiliés

 à

Al-Qaïda, tout en

épargnant les bastions de Daech en Somalie.  Ce qui ouvre la porte

à de nombreuses spéculations

 sur le fait que les frappes aériennes vont éventuellement affaiblir les

Shebabs,

mais par contre renforcer l'influence

 de Daech dans la Corne de l'Afrique

qui demeure l'une des régions pouvant abriter

cette organisation après avoir perdu ses bastions en Syrie et en Irak.

 

Evaluation des mouvements

On peut dire que le Mouvement

des Shebabs a réussi en quelque sorte à s'adapter aux pressions militaires et sécuritaires, mais aussi à les infiltrer et à leur asséner des

coups très durs

au cours des deux dernières

 semaines, et qui ont touché de nombreuses cibles, au Kenya et en Somalie, révélant encore une fois

la faiblesse des efforts internationaux pour faire face

aux Shebabs.

 

En ce qui concerne les répercussions

des actions britanniques

et américaines,

on constate que les actions britanniques sont plus sérieuses que

celles des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme,

puisque

malgré les raids américains

 successifs contre les sites des

jeunes insurgés au sud de la Somalie, ils n'ont pas

pu entraîner de pertes importantes dans les rangs

des Shebabs.

Quant aux actions britanniques,

elles viennent en appui des forces locales et régionales qui connaissent

mieux la situation

sur le terrain et qui sont

donc plus capables de freiner l’influence

et la nuisance des Shebabs.        

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