Yémen: crash d'un avion de combat saoudien, la rébellion dit l'avoir abattu
La coalition militaire sous commandement saoudien, engagée dans la guerre au Yémen, a fait état samedi du crash d'un de ses avions dans le nord de ce pays, les rebelles Houthis affirmant avoir abattu l'appareil.
Un tel crash d'un avion de la coalition est rare depuis le début en 2014 du conflit au Yémen, déclenché après une offensive des rebelles Houthis qui se sont emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.
Un appareil de type Tornado, appartenant aux forces saoudiennes, est tombé à 23H45 locales vendredi (20H45 GMT) dans la province de Jawf, a dit le porte-parole de la coalition, le Saoudien Turki al-Maliki, cité par l'agence saoudienne SPA.
Il n'a pas précisé les raisons du crash ni le sort de l'équipage.
L'avion menait, selon lui, une mission de soutien aérien aux forces gouvernementales yéménites.
- "Aide de l'Iran" -
La coalition, dont les piliers sont l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, intervient depuis 2015 au Yémen pour soutenir le pouvoir face aux rebelles qui contrôlent toujours de vastes régions du nord et de l'ouest du pays, outre Sanaa.
Selon la chaîne de télévision al-Massirah, organe des rebelles, ces derniers ont "abattu un avion de type Tornado à l'aide d'un missile sol-air perfectionné".
"Le ciel du Yémen n'est pas un espace pour se promener, l'ennemi doit beaucoup réfléchir" avant de s'y aventurer, a prévenu sur cette chaîne Yehya Saree, un porte-parole des Houthis.
Après le crash, Al-Massirah a fait état de frappes de la coalition samedi dans la région de Masloub, dans la province de Jawf, où des habitants se sont "rassemblés autour des débris de l'avion abattu".
Selon elle, il y a eu "des dizaines de morts et blessés". Mais ce bilan n'a pu être vérifié dans l'immédiat par les travailleurs humanitaires locaux.
Sur son compte Twitter, le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdelsalam, a affirmé que "la destruction de l'avion Tornado est un coup dur pour l'ennemi, et témoigne de l'importante amélioration des capacités de défense" des rebelles.
Si la revendication des Houthis se confirme, cela signalerait le renforcement de l'arsenal des rebelles accusés de recevoir des armes de l'Iran chiite qui affirme les soutenir politiquement et non militairement.
"Au début du conflit, les Houthis était une milice hétéroclite qui se procurait les armes" dans le pays, a affirmé à l'AFP Fatima Abo Alasrar, une experte au Middle East Institute.
"Aujourd'hui, ils ont massivement développé leur arsenal avec l'aide de l'Iran et du Hezbollah", un puissant mouvement armé libanais pro-iranien, a-t-elle dit.
- Crise humanitaire -
Selon un rapport d'experts de l'ONU chargés de contrôler l'embargo imposé en 2015 au Yémen et obtenu le 1er février par l'AFP, les Houthis disposent depuis 2019 de nouvelles armes dont certaines ont des caractéristiques similaires à de l'armement produit en Iran.
Ils n'ont néanmoins pas pu confirmer que l'armement avait été livré par Téhéran.
En avril 2017, un hélicoptère saoudien de type Black Hawk s'est écrasé dans la province de Marib, dans le centre du Yémen, tuant 12 militaires saoudiens. Un haut responsable militaire yéménite avait à l'époque évoqué l'hypothèse de "tirs amis".
Selon diverses organisations humanitaires, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils.
Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d'assistance, selon l'ONU.
La coalition et les autres parties impliquées dans le conflit ont été accusées d'avoir commis des bavures ayant coûté la vie à des civils.
La coalition a annoncé cette semaine le début de poursuites judiciaires contre ses militaires soupçonnés de bavures lors d'attaques au Yémen, où l'ONU a déploré des crimes de guerre.
Issus de l'importante minorité zaïdite concentrée dans le nord du Yémen, les Houthis sont proches de l'Iran chiite, rival régional de l'Arabie saoudite sunnite.