Les aides américaines au Pakistan… La carotte et le bâton
Noura Bendari
Le porte-parole du ministère
américain de la Défense (Pentagone) a annoncé le 2 septembre 2018 la
décision d’annuler des aides d’une valeur de 300 millions de dollars au
Pakistan, en arguant de ce qu’il a appelé « l’absence de mesures décisives
pour soutenir la stratégie de Washington dans le sud de l’Asie, et le soutien
et le financement (par le Pakistan) du terrorisme dans cette région. C’est
pourquoi le Pentagone a considéré qu’il était préférable d’affecter cette somme
à d’autres priorités au cas où le Congrès donnerait son accord à cela ». Et
le porte-parole a ajouté que le Congrès avait déjà annulé l’octroi d’autres
aides au Pakistan cette année, d’une valeur de 500 millions de dollars, ce qui
portait le montant total des aides annulées à 800 millions de dollars.
A noter que le Pakistan a reçu
des Etats-Unis depuis 2002 environ 33 milliards de dollars sous forme d’aides,
dont 14 milliards du Pentagone, dans le cadre de la politique américaine
d’indemnisation de ses alliés qui doivent assumer les dépenses de soutien aux
opérations contre l’extrémisme et le terrorisme en Asie.
Les réactions pakistanaises
« Ces 300 millions de
dollars ne sont pas une aide, mais des sommes dépensées effectivement par le
Pakistan à partir de ses fonds propres dans la guerre contre le terrorisme, et
ils doivent nous les rembourser » : c’est ainsi que le ministre
pakistanais des Affaires étrangères Shah Mahmoud Qurachi a réagi à la décision
américaine, tandis que le sénateur Muchahid Hussein Sayyed, membre du Sénat
pakistanais, a pour sa part affirmé que si les Etats-Unis choisissaient d’intimider
son pays, ce dernier avait d’autres choix, faisant allusion à la Chine, l’allié
le plus proche du Pakistan. Quant au président de l’Institut d’Etudes
stratégiques, proche du gouvernement pakistanais, Khaled Mahmoud, il a ironisé
sur la position américaine en disant : « Nous étions à un moment les
plus proches alliés, et ils nous ont imposé les sanctions les plus sévères à un
autre moment ».
L’allié chinois et l’alternative
russe
Le Pakistan recourra à la Chine,
son allié, dans le cas de la suspension des aides américaines. C’est d’ailleurs
ce qui est arrivé en janvier 2018, à un moment où les relations avec les
Etats-Unis se sont détériorées. La Chine avait alors rejeté les accusations
américaines adressées au Pakistan selon lesquelles ce dernier faisait preuve de
laxisme dans sa lutte contre le terrorisme.
Les pressions continues des
Américains sur le Pakistan pourraient conduire également à l’ouverture de ce
dernier sur la Russie pour combler le vide laissé par les Etats-Unis. Cela
s’est effectivement produit en janvier dernier, quand le ministre pakistanais
des Affaires étrangères s’est rendu en Russie, en exprimant le désir de son
pays de voir une intensification de la coopération entre les deux pays dans le
domaine militaire et celui des investissements dans le secteur de l’énergie.