Le pic de l'épidémie du nouveau Coronavirus est-il désormais derrière nous? C'est en tout cas l'hypothèse émise par les experts au sujet du virus qui a déjà tué 910 personnes dans le monde dont 908 rien que sur le sol chinois, et contaminé plus de 40.000 personnes. Un sommet qui surpasse déjà celui du Sras qui, à la fin de sa course morbide en 2003, avait emporté les vies de 774 personnes.
"Avec prudence"
Ce dimanche, Michael Ryan, responsable des programmes sanitaires de l'Organisation mondiale de la Santé, a expliqué:
"Nous enregistrons une période de stabilité de quatre jours, où le nombre de cas rapportés n'a pas progressé. C'est une bonne nouvelle et cela pourrait refléter l'impact des mesures de contrôle."
Cité ici par le New York Times, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreysus, a loué les mesures mises en place dans la province chinoise du Hubei, berceau de maladie, relevant qu'elles semblaient "payer", mais a aussitôt développé un point de vue pour le moins nuancé: "Nous devons comprendre les choses avec prudence parce que le virus peut montrer une stabilité pendant quelques jours puis redécoller. Je l'ai dit très souvent: en ce moment, la propagation est lente mais elle pourrait encore accélérer."
Une courbe au point mort ?
D'autres sont plus tranchés. L'enseignante-chercheuse Isabelle Imbert, affiliée à l'université d'Aix-Marseille, qui étudie la famille de maladies dont ressort le coronavirus depuis 2003, a réagi auprès du Huffington Post. Mettant en valeur les dispositions prises par les autorités pour contrecarrer la diffusion du mal, ainsi que les connaissances des scientifiques, elle a posé: "Maintenant que l’on sait quel animal a transmis ce coronavirus à Wuhan, à savoir le pangolin, que l’on sait comment il se transmet, que l’on connaît sa pathogénie, et que l’on maintient les mesures de confinement, il y a de bonnes chances pour que l’épidémie s’arrête."
Elle a établi la comparaison avec le Sras, notant que les deux virus avaient surgi au moment moment de l'année, ont jusqu'ici suivi la même trajectoire, adoptant les mêmes modalités de transmission. Isabelle Imbert a alors conclu:
"Au vu de ce schéma-là, je pense que la courbe de l’épidémie du 2019-nCoV ne va pas remonter. Je pense qu’elle va stagner encore un peu, puis baisser. D’ici un mois, un mois et demi il n’y aura plus de nouveau cas."
Périlleuse reprise du travail
La semaine dernière, le site d'information américain Axios avait quant à lui relayé l'étude concoctée par S&P Global, entreprise d'analyse financière liée à Standard and Poor's, qui se penchait sur la durée de l'épidémie et en pesait les conséquences économiques. La société indiquait que la propagation allait "se stabiliser mondialement d'ici à avril, avec, virtuellement, aucune nouvelle transmission en mai. Nos projections les plus pessimistes évoquent une fin de contamination à la fin du mois de mai, et les plus optimistes dès mars".
Axios a cependant remarqué que Zhong Nanshan, qui préside le comité spécial de la Commission nationale pour le Santé, en Chine, avait déjà revu ses plans en la matière, escomptant courant janvier une arrivée au pic du virus dans les dix à 14 jours puis repoussant cet horizon à la mi-février.
Ian Lipkin, scientifique de l'université de Columbia, dont les propos ont été signalés par l'AFP, situe à présent le pic à la fin du mois, avant un éventuel déclin. Il a toutefois prévenu qu'un "sursaut" pourrait se produire au moment du retour massif des individus sur leurs lieux de travail. Or, comme le souligne ici TV5 Monde, la reprise s'amorce en Chine, après des vacances du Nouvel An chinois rallongées par la force des choses.