Le remaniement ministériel qatari révèle la perturbation du front intérieur à Doha
Mohammad Yousri
Malgré la stabilité apparente de la scène politique qatarie, la réalité révèle des disfonctionnements dans les organes législatifs, que le pouvoir qatari insiste à conserver telles quelles, en particulier le Conseil consultatif et les élections législatives, bien que cela s’oppose à la constitution du pays, approuvée en 2003.
A titre d’exemple, deux sessions du Conseil consultatif sont passées sans élection de ses membres, et l’émir a promulgué le décret 27 de 2019, stipulant la prolongation de deux ans de la période de travail du Conseil, du 1er juillet 2019 au 30 juin 2021.
Selon la constitution, l’émir jouit de prérogatives étendues aux niveaux intérieur et extérieur, ce qui a fait de Tamim le représentant principal de la politique étrangère et diplomatique du Qatar, aidé en cela par le fait qu’il nomme la plupart des membres du Conseil consultatif, sans élection.
Par ailleurs, l’émir a promulgué début 2020 une législation nouvelle stipulant des peines allant jusqu’à cinq ans de prison et 100000 riyals qataris d’amende pour « trouble de l’ordre public », ce que des observateurs ont interprété comme une liquidation de la liberté d’opinion et d’expression des citoyens qataris.
Notons aussi que les postes ministériels sont actuellement contrôlés par les Frères, et que tout nouveau ministre doit avoir la confiance de ces derniers, et que cette confiance passe avant la compétence.
Cela a été prouvé par la récente nomination de Khaled ben Khalifa comme premier ministre en remplacement de Nasser ben Khalifa, ce dernier ayant exprimé ses craintes de la présence militaire turque dans le pays pour protéger le trône de l’émir, et ayant ainsi perdu sa confiance.