Le soufisme en Europe (2 – 2): projet d’avenir pour affronter l’extrême-droite
Chayma Hefzi
Le rôle que peut jouer le soufisme pour changer l’image négative de l’islam en Occident pourrait contribuer à améliorer la vie des musulmans européens, mais il faudrait qu’il ne soit pas exploité politiquement.
Eric Geoffroy indique dans une recherche intitulée « Contribution du soufisme à la construction de l’Europe moderne », que la liberté de croyance dont jouissent les pays européens a contribué à la diffusion du soufisme en Occident, outre la ressemblance entre les soufismes musulman et chrétien.
Il ajoute que dans le contexte actuel de la mondialisation, la religion et la spiritualité ont besoin d’une vision globale prenant en compte le lien entre l’homme et l’univers, les religions institutionnelles faisant face à d’énormes défis.
Et de poursuivre qu’il est clair que le soufisme joue un rôle de liaison entre l’islam et l’Occident, étant le cœur vivant de l’islam, et s’étant toujours adapté aux nouveaux contextes.
Et les dirigeants politiques dans le monde musulman et en Europe ont compris que l’islam pacifique – le soufisme – était le meilleur antidote à la raideur de l’islam salafiste, ce qui a poussé le chercheur à affirmer qu’il ne fallait pas séparer le soufisme de l’islam.
Quant à Philippe Dassitot, dans une analyse du Centre de recherches Oasis, qui vise à favoriser la compréhension mutuelle entre chrétiens et musulmans, il a affirmé que la montée du salafisme durant les dernières années avait poussé les musulmans eux-mêmes à déclarer plus clairement leur position hostile à l’extrémisme musulman et aux conceptions politiques ou salafistes qui sont responsables directement ou indirectement de la violence.
Ces tentatives de rectification des conceptions dominantes sur l’islam en Europe permettront d’affronter le succès populaire croissant des partis nationalistes hostiles aux musulmans et aux immigrés dans les sociétés européennes.