Libye : Macron accuse la Turquie de violer ses engagements
« Nous
voyons ces derniers jours des navires turcs accompagner des mercenaires syriens
arrivant sur le sol libyen », « c’est en contravention
explicite avec ce que le président Erdogan s’était engagé à faire lors de la
conférence de Berlin, c’est le non-respect de la parole donnée », a
affirmé mercredi 29 janvier Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite à
Paris du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis.
Lors
de la conférence internationale réunie le 19 janvier à Berlin sur la
Libye, les protagonistes avaient formulé des engagements vagues sur une
désescalade du conflit, après qu’Ankara eut passé un accord pour soutenir le
gouvernement d’accord national (GAN) libyen de Faïez Sarraj par l’envoi de
troupes. Les délégations de onze Etats et de quatre organisations
internationales – Nations unies (ONU), Union européenne (UE), Ligue arabe et
Union africaine (UA) – avaient adopté une déclaration commune appelant à
un « cessez-le-feu permanent » en Libye, à « s’abstenir
de toute ingérence dans le conflit armé » et à relancer le « processus
politique » brisé par l’attaque de Tripoli, en avril 2019,
par le maréchal dissident Khalifa Haftar.
« Violations
persistantes »
La
Mission des Nations unies en Libye (Minul) a dénoncé des « violations
flagrantes et persistantes de l’embargo sur les armes » en dépit
des engagements pris. Un pont aérien permet par ailleurs aux Emirats arabes
unis et à l’Egypte de convoyer du matériel militaire au profit des forces du
maréchal Haftar. Le président Macron n’a pas mentionné ces violations de
l’embargo
Dans
la bataille en cours autour de Tripoli, Moscou a pris la main en soutenant le
maréchal Haftar, patron de l’Armée nationale libyenne (ANL), surtout enracinée
en Cyrénaïque (Est). De son côté, Ankara appuie le gouvernement d’accord
national de Faïez Sarraj, basé à Tripoli et formellement reconnu par la
communauté internationale. La France, elle, tient une position délicate dans le
dossier libyen, en affichant sa bienveillance à l’égard d’Haftar, laissant
perplexes ses partenaires européens peu convaincus par l’aventurisme brouillon
du maréchal.
Une
source du renseignement français a récemment confirmé au Monde que
1 500 à 2 000 combattants avaient été acheminés de Syrie par la
Turquie, dans une relative confusion puisque une partie d’entre eux aurait déjà
déserté, profitant du voyage pour rejoindre l’Italie. Deux frégates turques,
accompagnées de leurs navires de soutien, ont été vues dans les eaux libyennes
ces derniers jours. Pour le président français, l’acheminement de mercenaires
est également « attentatoire à la sécurité de tous les Européens
et des Sahéliens ».