Bagdad: Manifestants et forces de sécurité engagés dans un bras-de-fer sur les principaux sites de la contestation
Manifestants et forces de sécurité sont engagés ce lundi 27 janvier 2020 dans un bras-de-fer sur les principaux sites de la contestation à Bagdad et dans le sud, le pouvoir irakien cherchant à étouffer le mouvement, qui réclame inlassablement un nouveau Premier ministre.
Les manifestants antigouvernenmentaux tentent de poursuivre leur mouvement débuté en octobre, alors que la plupart des forces au pouvoir, proches de l’Iran, cherchent eux à monter l’opinion publique contre la présence américaine en Irak.
Une attaque à la roquette contre l’ambassade américaine à Bagdad a fait un blessé dimanche, la dernière d’une longue série visant les intérêts américains dans le pays et imputées par Washington aux factions pro-Iran.
Le mouvement de contestation, qui rejette toute ingérence dans le pays qu’elle soit iranienne ou américaine, a de son côté été à nouveau endeuillé ce lundi à Nassiriya, haut lieu des protestations dans le sud.
Un manifestant a été tué et quatre autres blessés tôt le matin alors que des hommes armés non identifiés ont pris d’assaut une place de cette ville où campaient depuis des mois des protestataires, selon une source médicale.
Juste après minuit, des hommes armés ont pénétré sur la place Habboubi, à Nassiriya, mettant le feu à des tentes de manifestants, selon un correspondant de l’AFP. Des morceaux de tissus et des armatures en métal carbonisés jonchaient le sol au petit matin.
Mais, loin d’être intimidés, des protestataires ont monté de nouvelles tentes quelques heures plus tard et ont même apporté du ciment pour construire une pièce, une manière d’afficher leur détermination.
Ils ont également fermé deux des principaux ponts de la ville, et les autorités locales ont annoncé que leurs bureaux seraient fermés ce lundi.
Plus au sud, dans la ville portuaire de Bassora, des étudiants ont aussi dressé de nouvelles tentes, après le démantèlement de leur campement ce week-end par les forces de l’ordre, selon un journaliste de l’AFP.
Dans la ville sainte de Najaf, également au sud de la capitale, le principal camp de protestataires a été incendié dans la nuit par des inconnus, selon un correspondant de l’AFP. Là encore, les manifestants ont repris leur blocage de routes.
L’Irak est le théâtre depuis le 1er octobre d’un mouvement inédit dominé par la jeunesse qui, après avoir dénoncé le manque d’emplois et de services et la corruption endémique, réclame désormais des élections anticipées et un Premier ministre indépendant.
Après avoir perdu de son élan dans le sillage de l’assassinat par les Etats-Unis, le 3 janvier à Bagdad, du général Qassem Soleimani, émissaire iranien en Irak, qui a ravivé l’antiaméricanisme dans le pays, le mouvement est reparti de plus belle, en rejetant toute ingérence étrangère.
Il y a une semaine, les manifestants ont commencé à bloquer des rues avec des pneus brûlés et des barricades, mais les forces anti-émeutes y ont répondu avec violence, tirant notamment à balles réelles. Vingt et un manifestants ont été tués et des dizaines d’autres blessés.