Combattants syriens envoyés en Libye: «Erdogan a commis une terrible erreur»
La guerre en Libye
se poursuit avec un nouvel acteur: des combattants syriens, envoyés par la
Turquie pour aider le gouvernement reconnu par l’Onu à lutter contre les
troupes de Khalifa Haftar. L’ancien député Michel Scarbonchi, proche du
dossier, décrypte les conséquences de cette nouvelle donne pour le Désordre
mondial.
Vous
souvenez– vous de l’Armée Syrienne Libre, des djihadistes formés et soutenus
par les États-Unis et ses alliés du golfe Persique pour renverser Assad?
Maintenant, ils arrivent en Libye, grâce à la Turquie, pour aider le
gouvernement légal à combattre les forces du général Khalifa Haftar.
Nous allons donc assister
au face-à-face entre Haftar, qui fut soutenu par la CIA, et des djihadistes,
qui furent soutenus par la CIA. Michel Scarbonchi, ancien député européen et
maintenant à la tête d’un cabinet de consultant à l’international dont
l’expertise sur l’Afrique est reconnue, estime que c’est un faux-pas du
Président turc Erdogan:
«En faisant ça, Erdogan a commis une erreur terrible. Les
Libyens sont nationalistes. Quand vous expliquez aux Libyens de Tripoli et même
de Misrata que des Syriens viennent pour les aider ou les renforcer
militairement, ils sont contre ça. Et actuellement le problème, c’est que la
population de Tripoli n’apprécie pas l’arrivée de ces Syriens.»
Scarbonchi explique
l’intérêt de la Turquie de s’impliquer dans le conflit libyen:
«Les Turcs sont en Libye pour deux raisons. La première,
c’est parce qu’Erdogan est confronté à des problèmes économiques terribles dans
son pays et à une opposition de plus en plus forte. Quand vous avez des
problèmes internes, la fuite en avant, c’est la guerre. Et la deuxième raison,
c’est que les Frères musulmans de Tripoli et Misrata sont ses grands amis.»
Qu’en
est-il des accords de paix –ou au moins de cessez-le-feu– qui semblent pour
l’heure hors de portée, malgré tentatives de la part de multiples États de
mettre tous les acteurs autour de la table de négociations, comme à Berlin et
Moscou?
Pour Michel Scarbonchi, il y a encore loin de la coupe aux lèvres: