Liban: après 100 jours de mouvement, des manifestants toujours en colère
Au Liban, cela fait 100
jours que le pays est agité par un mouvement de contestation inédit contre la
classe politique, alors que le pays s’enfonce dans une grave crise économique.
Sanaa El Cheikh, une jeune protestataire blessée lors d’une manifestation, est
toujours déterminée.
Elle a de longs cheveux
châtains et un épais bandage blanc recouvre sa main gauche. Sanaa El Cheikh a
29 ans. Sur son téléphone, elle fait défiler des photos. On la voit face aux
policiers la semaine dernière alors qu’avec d’autres manifestants elle tentait
d’escalader les grilles d’entrée du Parlement de Beyrouth.« Ça,
c’est au début avant de grimper. Je me suis mise juste en face d’eux, et j’ai
commencé à crier Révolution ! Révolution ! », nous raconte
t-elle.
« Trois
policiers ont commencé à taper, à taper. Puis j’ai mis ma main et c’est là que
j’ai reçu le coup. Je me suis retourné vers celui qui frappait et je lui ai dit
’arrête’. Il ne m’a pas écoutée, j’étais très choquée », dit-elle.
Une
jeune femme mobilisée
Sanaa El Cheikh est une
sportive: elle est entraîneuse et arbitre de football dans des clubs de sa
ville de Tripoli, dans le nord du pays. Une jeune femme en colère, mobilisée
depuis le 17 octobre, premier jour du mouvement. « Il
faut qu’ils rendent les hôpitaux gratuits, qu’ils créent des opportunités de
travail pour les jeunes au chômage, qu’il n’y ait plus de clientélisme et de
piston, qu’ils abolissent enfin le confessionnalisme. Car les gens en ont assez », constate-t-elle.
Le tout nouveau gouvernement dévoilé cette semaine
ne lui inspire pas confiance. Elle a déjà manifesté trois fois depuis sa
blessure il y a une semaine, et sera de nouveau dans la rue ce samedi 25
janvier.
Les rassemblements avaient connu un épisode de violence samedi et
dimanche dernier. Les heurts avec les forces de
l’ordre ont fait plus de 500 blessés.