La mobilisation contre la présence américaine se poursuit en Irak
Sous
les drapeaux irakiens et des bannières conspuant le président américain Donald
Trump, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de
Bagdad, vendredi 24 janvier, aux cris de « non à l’Amérique, non à
l’occupant ». Arrivés dans des bus affrétés depuis les
faubourgs de la capitale et les villes du Sud chiite, ils ont répondu à l’appel
du chef populiste chiite Moqtada Al-Sadr à une « marche du million ».
Après un discours lu par son porte-parole, dans lequel il a exigé le retrait
des forces américaines d’Irak et l’annulation des accords sécuritaires entre
Bagdad et Washington, en disant privilégier la voie pacifique et diplomatique,
la foule s’est dispersée dans le calme.
Ce nouveau coup de pression du camp anti-américain
intervient alors que les discussions entre Bagdad et Washington sur le retrait
des 5 200 soldats américains d’Irak sont au point mort, malgré le vote
d’une résolution non-contraignante en ce sens par la majorité politique chiite
au Parlement irakien le 5 janvier. L’administration américaine y oppose
jusqu’à présent une fin de non-recevoir. Si M. Trump a confié à son
homologue irakien Barham Salih, mercredi en marge du sommet économique de
Davos, être disposé à retirer ses troupes dès lors que ce retrait
s’effectuerait sans humilier Washington, son envoyé spécial James Jeffrey a
précisé qu’un tel retrait n’était pas à l’ordre du jour.
« Moqtada Al-Sadr veut prouver qu’il
est le seul à pouvoir mobiliser des foules »
Trublion de la politique irakienne, qui a pris la tête de
la première force parlementaire en 2018 sur une feuille de route
pro-réformes et nationaliste, Moqtada Al-Sadr est déterminé à s’imposer en
leader de la résistance face aux Américains, un registre sur lequel il détient
une légitimité certaine. Depuis l’assassinat du général iranien Ghassem
Soleimani et de son lieutenant en Irak, Abou Mahdi Al-Mohandes, dans une frappe
américaine à Bagdad, le 3 janvier, le responsable politique de 46 ans
a renoué avec l’anti-américanisme dont il fut le fer de lance sous l’occupation
américaine (2003-2011). Jusqu’a sa dissolution en 2007, sa milice l’Armée
du Mahdi a harcelé sans relâche les troupes de la coalition
américano-britannique. Début janvier, il a annoncé la réactiver et a appelé les
autres factions armées chiites à s’unir dans un front de la résistance.