Les voisins de la Libye rejettent toute ingérence étrangère
Les pays voisins de la Libye ont rejeté,
jeudi 23 janvier, toute ingérence étrangère dans ce pays en guerre et ont
appelé les belligérants au dialogue, au terme d’une réunion à Alger visant à
favoriser une solution politique à un conflit qui menace toute la région.
A l’initiative de l’Algérie, la réunion a
rassemblé les ministres des affaires étrangères de Tunisie, d’Egypte, du Tchad
ainsi que du Mali. Des diplomates du Soudan et du Niger y ont également
participé. Egalement présent, le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas,
qui a informé les participants des conclusions du sommet de Berlin du
19 janvier, où promesse a été faite de respecter un embargo sur les armes
et de ne plus interférer dans les affaires libyennes.
Selon un communiqué publié à l’issue de la
réunion, les participants « ont exhorté les belligérants libyens à
s’inscrire dans le processus de dialogue, sous les auspices de l’ONU, avec le
concours de l’Union africaine et des pays voisins de la Libye, en vue de
parvenir à un règlement global, loin de toute interférence étrangère ». « Ils
ont appelé à la préservation de la sécurité en Libye, son indépendance et son
intégrité territoriale, ainsi qu’au rejet des interventions étrangères qui ne
font que perdurer la crise et la rendre plus complexe », a ajouté le
communiqué.
« Faire face »
La Libye, qui dispose des plus importantes
réserves africaines de pétrole, est minée par les violences et les luttes de
pouvoir depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une
révolte populaire.
Depuis 2015, deux autorités rivales se
disputent le pouvoir, le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par les
Nations unies et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa
Haftar dans l’est. Une trêve est observée depuis le 12 janvier aux portes de
la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar, qui avaient lancé en
avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.
Plusieurs pays africains s’étaient plaints
d’avoir été tenus à l’écart du processus dit de Berlin.
Les conséquences de l’engagement pris à
Berlin, sur le terrain restent incertaines : les deux rivaux directs,
Fayez Al-Sarraj, le chef du GNA, et Khalifa Haftar, ont refusé de se rencontrer
dans la capitale allemande. MM. Sarraj et Haftar n’ont pas participé non plus à
la réunion d’Alger. Et preuve des tensions persistantes, l’aéroport de Tripoli
a dû fermer pendant plusieurs heures après des menaces des pro-Haftar.
Invité à Berlin, le nouveau président
algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait proposé d’héberger un « dialogue » interlibyen
à Alger. « Il y a des déclarations de Sarraj, des déclarations de
la partie de Haftar qui ont estimé que la seule puissance à même de régler le
problème, c’est l’Algérie. Nous avons leur confiance, a déclaré mercredi M.
Tebboune. Tous demandent la médiation de l’Algérie. C’est encourageant
(…). La paix en Libye est synonyme de paix chez nous. »
« Rien que la mobilisation [des forces algériennes] et l’achat d’armes
entraînent des dépenses que l’on pourrait consacrer au développement (…) Chaque
fois que nous apprenons qu’il y a un type d’armes [en Libye], nous
achetons les [mêmes] armes pour y faire face », a
prévenu encore M. Tebboune.