Plus de 38 000 déplacés en cinq jours dans le nord-ouest de la Syrie, selon l’ONU
Plus de 38 000 personnes ont été
déplacées en cinq jours dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé, vendredi
24 janvier, l’Organisation des Nations unies (ONU), qui se dit « profondément
préoccupée » par les déplacements de populations en hausse dans
cette zone soumise à des raids aériens récurrents.
Les Nations unies reçoivent « des
informations quasi quotidiennes faisant état de frappes aériennes et de tirs
d’artillerie dans le secteur », a indiqué à l’Agence France-Presse
(AFP) David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires
humanitaires des Nations unies (OCHA). « Entre le 15 et le
19 janvier, plus de 38 000 déplacés sont partis, principalement de
l’ouest d’Alep » vers d’autres territoires de la province ou des
secteurs d’Idleb, a-t-il précisé dans un communiqué.
La province d’Idleb et certaines zones des
régions voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié sont dominées par les
djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaida). Des
groupes rebelles y sont aussi présents. Ces derniers jours, l’aviation russe et
celle du régime syrien ont concentré leurs frappes sur les territoires de
l’ouest de la province d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH).
« Grave
catastrophe humanitaire »
Depuis début décembre, 358 000
personnes ont été déplacées dans le nord-ouest syrien, en grande majorité des
femmes et des enfants, selon l’ONU. « Cette dernière escalade a
ouvert un nouveau front dangereux dans le conflit », a déploré le
Comité international de secours (IRC). « Nous sommes déjà en plein
dans une grave catastrophe humanitaire », a ajouté l’ONG dans un
communiqué.
« Les camps [de déplacés] sont pleins, les services de santé
sont débordés, la majorité vit dans des tentes fragiles où s’entassent
plusieurs occupants et qui sont régulièrement inondées quand il pleut »,
selon l’IRC.
Ces derniers jours, des dizaines de civils
ont été tués dans l’ouest de la province d’Alep et à Idleb, principalement dans
des raids de l’aviation russe, selon l’OSDH. Vendredi encore, l’aviation du
régime et de son allié russe ont bombardé plusieurs villages d’Alep et d’Idleb
selon l’Observatoire, qui n’a pas fait état de victimes dans l’immédiat.
L’Observatoire détermine les auteurs des raids à partir du type d’avion
utilisé, du lieu de la frappe, des plans de vol et des munitions utilisées. De
son côté, Moscou nie toute « mission de combat ».
Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane,
estime que l’escalade pourrait constituer un prélude à une offensive du régime,
qui cherche à sécuriser la ville d’Alep, à portée de tirs des roquettes des
djihadistes et des insurgés, mais aussi l’autoroute reliant la ville, tenue par
le gouvernement, à la capitale Damas.
La région d’Idleb a déjà été le théâtre
d’une offensive d’envergure entre avril et août 2019 ayant tué près d’un
millier de civils, selon l’OSDH. Le pouvoir syrien, qui contrôle désormais plus
de 70 % du pays, s’est dit déterminé à reconquérir l’intégralité du
secteur.