La mort cachée
En septembre 2014, les Houthis ont pris le
contrôle de Sanaa après une révolte menée par le peuple yéménite, qui était
sous le régime du dictateur Ali Abdallah Saleh depuis 33 ans.
C'était le début d'une nouvelle phase du
conflit au Yémen, où les choses devenaient de plus en plus compliquées: les
Houthis, avec l'aide de leur ennemi traditionnel Ali Abdallah Saleh devenu
désormais leur allié, semblaient être en route vers le sud du Yémen.
En mars 2015, les Houthis, et les forces de
leur nouvel allié, ont mis la main sur l’aéroport international, ce qui a
conduit à l’interruption de l'aide internationale pour le peuple du Yémen, et
la population yéménite issue des provinces sous la domination des forces
houthies, soutenues par l'Iran. Cela a engendré de façon spectaculaire la
famine et une situation économique inédite. Les souffrances des populations du
sud du Yémen se sont poursuivies sous cette agression houthie et iranienne.
« La situation au Yémen est devenu très
compliquée, il n'est plus facile de déterminer la nature et l'ampleur de la
crise, avec plus de 10 millions de Yéménites qui souffrent d'une grave pénurie
de nourriture et de la malnutrition. Ces chiffres augmentent tous les mois et
il est probable d'ici la fin de cette année que le chiffre grimpe jusqu’à 15 ou
20 millions de personnes qui auront besoin d’aide », a déclaré John Maude lors
de son entretien avec le patronat.
Les Houthis ont planté de nombreuses mines
dans les zones où ils se sont retirés. Ces mines n’étaient pas présentées sur
une carte claire et précise: personne ne sait la cartographie de ces mines sauf
les victimes innocentes qui ont perdu la vie et beaucoup de leurs membres
lorsque ces mines ont explosé.
L’une des victimes était une jeune fille
yéménite nommée Awatif, dont le père avait perdu certains de ses membres alors
que la déflagration ne laissait pas non plus la fille paix, dont la tête
contient encore les débris des mines, déclare sa mère.
Awatif n’est d’ailleurs pas la première ni la
seule victime de la brutalité des Houthis, tout comme elle ne sera pas la
dernière. De nombreuses personnes ont besoin d'une intervention rapide.
Selon le médecin d’Awatif, la fillette avait
été profondément affectée par l'incident, qui l'a laissée avec une tumeur à la
tête, ce qui l'a conduite en Egypte pour y être soignée. La fille parle
également de son père, qui a été paralysé par l'incident.
Awatif ne sortait plus du domicile familial
après l'incident. Et cela implique que sa mère fournisse un effort particulier
et double pour trouver quoi nourrir sa fille, le père étant devenu inapte et
paralysé. Toute la famille a été victime de la guerre.
John Maude a dit que les enfants qui restent
à la maison à cause de la guerre ne parviennent non seulement à suivre leur
éducation, mais aussi le fait qu’ils restent à la maison cause une crise
économique majeure en raison du manque d'autres possibilités pour eux
d'améliorer le revenu.
Et d’ajouter que le fait que les enfants ne
parviennent pas à aller à l'école crée une génération perdue, de sorte que le
grand défi international est d’œuvrer à ce que ces enfants retournent à
l'école, et d’aider les enseignants à faire leur travail.
Personne ne peut identifier les sociétés les
plus touchées par la guerre, hommes, femmes ou enfants, car la guerre ne
protège personne. Mais on peut dire que les femmes ont la part du lion de ces
souffrances: ce sont elles qui prennent soin de leurs familles.
Le problème des mines dans la guerre n'est
pas chose nouvelle au Yémen. Déjà en 1994, le Nord a déclaré la guerre au Sud,
ce qui a conduit au déplacement de plus d'un demi-million de personnes, ainsi
que le meurtre et la blessure d’un nombre important.
Quatre ans plus tard, le programme de
déminage du territoire yéménite a été mis sur pied. « Après la guerre de
1994 le Programme a mis sur pied un plan qui était l’un des meilleurs au niveau
mondial et la plupart des provinces ont été déminées », a déclaré Abdul
Kawi Mahmoud, le représentant du Programme au Yémen.
Saleh Al Mountassir, directeur de la
Planification et de la Formation au sein du Programme, a dit que celui-ci a été
en mesure de purifier environ 20 millions de mètres carrés de 1994 à 2014. Le
programme a également détecté près d’un demi-million de mines, et a présenté
des aides à 1000 victimes des mines en leur fournissant une assistance en
nature, tels que les membres artificiels.
Le programme de travail a été stoppé par la
guerre de 2015 alors que le Yémen était sur le point se débarrasser
définitivement des mines, mais la guerre a ramené tout au point zéro.
« Les voitures sur lesquelles nous
travaillions ont été détruites pendant cette guerre. Elles ont été saisies par
les Houthis qui ont en plus volé des détecteurs de mines », a-t-il indiqué
pour sa part, Mahmoud Madine, travailleur audit Programme. Et d’ajouter que
plusieurs groupes de travail se sont exposés au danger à cause des attaques de
ces hors-la-loi.
La vidéo a aussi fait le récit de l'histoire
de l'une des autres victimes, Omar Salah, qui défendait son pays contre
l’envahissement des Houthis et sans se rendre compte, il piétine une mine anti
personnelle qui l'a gravement laissé blessé à la jambe.
Selon la vidéo, il est difficile de trouver des soins de santé au
Yémen. Vu la guerre et la difficulté des procédures, Omar Salah a été obligé de
se rendre en Jordanie pour pouvoir sauver son pied et recevoir le traitement
nécessaire. Il a voyagé seul parce qu’il n’avait pas la capacité de supporter
le coût financier d’un accompagnateur.
Les crimes des Houthis ne se sont pas arrêtés
là, car ils ont recruté des enfants soldats pour effectuer des tâches
dangereuses pour leur vie. Ils ont également forcé certains villageois à
quitter leurs villages à des fins militaires.
Ici, dans un de ces villages pauvres,
Abdallah a perdu son père et la mine a amputé la jambe de son frère. Abdallah a
été chanceux de n’avoir pas été tué parce que la blessure était très proche du
cerveau.
Les Houthis l'ont également forcé à dire que
sa blessure était due au bombardement d'avion, mais la vérité est qu'il était
victime des mines anti personnelles.
Les enfants sont les plus touchés par ces
mines en raison de leur spontanéité, bien qu’il y ait des équipes de
sensibilisation parmi les Yéménites pour les avertir contre le danger de ces
mines et les lieux où elles sont plantées.
1 775 victimes ont été enregistrées dans le
seul gouvernorat d’Aden mais ils ne parviennent pas jusqu’à présent à obtenir
aucune assistance. Les responsables du Programme d'action contre les mines ont
déclaré qu'ils ont travaillé pendant 20 ans après la guerre de 1994, mais que
cette guerre pourrait prendre plus de 40 ans.