La France relance sa relation avec l’Algérie, partenaire dans une région en crise
Après une année d’incertitude, la France a
relancé sa relation bilatérale avec l’Algérie lors d’une visite du chef de la
diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à Alger, vue désormais comme un
partenaire clé de Paris dans les crises régionales en Libye et au Sahel.
M. Le Drian a eu une série
d’entretiens avec les nouveaux dirigeants algériens : son homologue Sabri
Boukadoum, le premier ministre Abdelaziz Djerad et le président Abdelmadjid
Tebboune.
M. Le Drian était le premier ministre
français à se rendre en Algérie, où a éclaté il y a près d’un an un mouvement
inédit de contestation du régime, le Hirak, depuis la visite de sa collègue de
la justice, Nicole Belloubet, fin janvier 2019. Un nouveau gouvernement a
été mis en place à Alger à la suite de l’élection présidentielle du
12 décembre – massivement rejetée par les Algériens – qui a conduit M.
Tebboune à la tête de l’Etat.
Paris, dont les relations sont
naturellement complexes avec son ancienne colonie, en a pris acte : « L’élection
présidentielle a eu lieu. Il y a désormais un nouveau gouvernement avec lequel
la France veut travailler », a déclaré M. Le Drian.
« Le président Tebboune a manifesté
une ambition pour l’Algérie, celle de la réformer en profondeur, pour renforcer
la gouvernance, l’Etat de droit et les libertés, également pour relancer et
diversifier l’économie conformément aux aspirations exprimées par les Algériens
depuis un an, a-t-il observé devant la presse. Il
s’est engagé à conduire l’Algérie dans un esprit de dialogue, afin que tous les
Algériens puissent s’exprimer sur ces réformes. Nous
souhaitons qu’il réussisse dans cette mission. »
Le nouveau chef de l’Etat algérien a
demandé à son hôte français de transmettre au président Emmanuel Macron un
message, dont la teneur n’a pas été révélée, selon un communiqué de la
présidence.
« Puissance
d’équilibre et de paix »
Le déplacement de M. Le Drian à Alger s’est
aussi inscrit dans le cadre des efforts internationaux déployés pour résoudre
les crises régionales en Libye et au Sahel.
Il survient deux jours après un sommet
international à Berlin où les principaux pays concernés par le conflit en Libye
ont promis de respecter un embargo sur les armes et de ne plus interférer dans
ses affaires intérieures, afin de tenter de ramener la paix dans ce pays
déchiré par la guerre civile. Le président Tebboune, invité à Berlin, a proposé
d’accueillir désormais un « dialogue » entre toutes
les parties libyennes.
« Nous
étions ensemble à Berlin, avant-hier, sur le conflit libyen et nous allons
coordonner nos efforts, au-delà même de la mise en place d’un cessez-le-feu
durable, pour recréer du dialogue politique, et nous allons agir ensemble pour
que les efforts que nous avons initiés à Berlin puissent se poursuivre, a assuré M. Le Drian à l’issue de sa rencontre avec son
homologue algérien. Nous allons également faire le point sur la
situation au Sahel et rappeler nos objectifs communs de sécurité et de lutte
contre le terrorisme. Face à ces défis majeurs, la France et l’Algérie ont une
convergence de vues, et notre concertation est primordiale. »
Alger, inquiète des risques d’instabilité
sur son flanc sud, a servi de médiateur en 2014-2015 entre le gouvernement
de Bamako et des groupes rebelles armés du nord du Mali. « L’Algérie
est une puissance d’équilibre et de paix, fermement attachée au respect de la
souveraineté des Etats et au dialogue politique. Elle l’a rappelé récemment en
lançant plusieurs initiatives diplomatiques », s’est félicité M. Le
Drian.
Soucieuse de rester à égale distance des
deux camps en guerre en Libye et hostile à toute ingérence étrangère,
l’Algérie, qui partage près de mille kilomètres de frontière avec la Libye,
multiplie les consultations pour tenter de contribuer à une solution politique.
Après le premier ministre italien Giuseppe Conte et les chefs de la diplomatie
turque, égyptienne et italienne, le président turc Recep Tayyip Erdogan est
attendu dimanche à Alger pour deux jours.