Attaque chimique présumée à Douma, en Syrie: Pourquoi les faits sont-ils toujours négligés?
La Russie prône la tenue d’un point de presse sous l’égide de
l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) afin d’élaborer
une conclusion consensuelle sur l'attaque chimique présumée d’avril 2018 à
Douma, en Syrie. Il n’y a pas eu d’enquête minutieuse, constatent des
spécialistes dans un entretien avec Sputnik.
Le délégué permanent russe auprès de
l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) Alexandre
Choulguine a annoncé lundi 20 janvier au siège de l’Onu à New York que Moscou
préconisait la tenue d’un point de presse sous l’égide de l'OIAC pour arriver à
une conclusion consensuelle sur l'attaque
chimique présumée d’avril 2018 à Douma, en Syrie, qui n’a toujours pas été instruite minutieusement. Des experts
s’aperçoivent par ailleurs d’une tendance antirusse et antisyrienne dans
l’enquête.
Des accusations sans preuves
Le problème réside dans le parti pris
antirusse et antisyrien des représentants des pays occidentaux qui
avancent contre
la Russie et la Syrie n’importe quelles accusations sans apporter aucune preuve et sans examiner leurs arguments, a déclaré à Sputnik Sergueï
Vorobiev, professeur de relations internationales à la Haute école d'économie
(HSE) de Moscou.
«Je pense que cette histoire s’inscrit bien dans le cadre d’une tendance
antirusse générale quand des accusations contre la Russie sont formulées et qui
a priori n’auraient même pas besoin de preuves. Et ce n’est pas la première
fois. On pourrait même parler d’une approche systémique de la part des
partenaires occidentaux», poursuit l’interlocuteur de l’agence.
Et d’ajouter qu’on ne
faisait aucun cas des résultats indépendants de l’examen de l'attaque chimique présumée à Douma.
«Le fait que les
conclusions sur la mise en scène manifeste de l’incident à Douma n’ont pas été
incluses dans le rapport final de l’OIAC serait directement lié à la rhétorique
antirusse. On a tout lieu de parler d’une tendance antirusse et antisyrienne dans
l’enquête réalisée», résume M.Vorobiev.
Une tentative d’arrêter l’offensive de l’armée gouvernementale?
Il s’agit d’une
tentative d’empêcher le gouvernement de Bachar el-Assad d’instaurer le contrôle
intégral sur les territoires syriens, estime un autre interlocuteur de Sputnik, le député syrien Muhannad al
Haj Ali.
«À chaque fois que l’armée syrienne mène avec
succès une offensive, les États-Unis avancent des accusations contre elle afin
de l’arrêter. Nous avons plus d’une fois proposé d’envoyer des spécialistes
dans les régions où des armes chimiques auraient été utilisées, que ce soient
des experts étrangers, notamment de la Russie ou de la Chine. Pourtant,
on nous le refuse en permanence. Cela signifie que l’OIAC croit tout simplement
sur parole l’interprétation américaine de la situation. Il est évident que
l’enquête réalisée était partiale, dirigée contre la Russie et la Syrie»,
constate le député syrien.
Selon lui, les représentants de l’OIAC ne prenaient note que des
dépositions des témoins du Front al-Nosra* et des Casques blancs.
«Pour qu’une enquête soit objective, l’Onu doit dépêcher sur place des
spécialistes de différents pays qui s’entretiennent sans parti pris avec
différents témoins», conclut le parlementaire.
Le groupe extrémiste Jaych al-Islam a accusé les forces gouvernementales
d'avoir eu recours le 7 avril 2018 à des armes chimiques contre un hôpital de
Douma, dans la Ghouta orientale. Les États-Unis se sont alignés sur ces
accusations.
Le lendemain, la diplomatie
russe a qualifié d'«intox» ces informations. Le ministère a ajouté que les Casques blancs, cités comme étant l'une des
sources de cette information, «ont à plusieurs reprises été pointés du doigt
pour leurs liens avec les terroristes».