Liban : nouvelles manifestations à Beyrouth, des heurts avec la police
Des centaines de manifestants
protestant contre le pouvoir ont afflué, dimanche, dans le centre de Beyrouth,
au lendemain de violences inédites qui ont fait des centaines de blessés dans
un Liban miné par une crise économique aiguë et une paralysie politique.
Des renforts de l'armée et
de la police anti-émeute ont été déployés, dimanche 19 janvier, à Beyrouth, où
les manifestants ont commencé à se rassembler à l'entrée d'une avenue menant au
Parlement libanais, près de la place des Martyrs, épicentre du mouvement de
contestation déclenché le 17 octobre contre une classe politique jugée
corrompue et incompétente.
En deux jours, plus de 520
personnes ont été blessées dans les violences.
Pour le deuxième soir
consécutif, aux cris de "révolution, révolution", des manifestants
ont jeté des pierres et des pétards sur un barrage de la police anti-émeute
bloquant l'avenue. Les forces de l'ordre ont répliqué avec des balles en
caoutchouc, en activant un canon à eau et en tirant des gaz lacrymogènes.
La croix-rouge libanaise a
fait état de 145 blessés, dont 45 hospitalisés. Parmi les blessés figurent deux
journalistes, selon l'agence de presse officielle ANI. La télévision locale
Al-Jadeed a annoncé que son caméraman avait été blessé à la main par une balle
en caoutchouc.
En trois mois de
contestation, la colère n'a fait que grandir chez les manifestants qui
fustigent l'inertie des dirigeants : la crise économique s'aggrave avec
licenciements en masse, restrictions bancaires drastiques et une dévaluation de
facto de la livre libanaise face au dollar.
"Révolutionnaires
libres nous allons poursuivre la voie", ont scandé sous la pluie les
contestataires, équipés de parapluie et brandissant des drapeaux libanais.
"On en a marre des hommes politiques. Après trois mois de révolution, ils
nous prouvent qu'ils ne changent pas, qu'ils n'écoutent pas, qu'ils n'apportent
rien", s'insurge Mazen, un manifestant âgé de 34 ans.
Samedi, la capitale
libanaise a connu un niveau de violence inédit depuis le début de la
contestation avec des heurts entre forces de l'ordre et
manifestants qui ont fait au moins 377 blessés dans les deux camps, selon des bilans de la
Croix-rouge libanaise et de la défense civile compilés par l'AFP.
Des balles en caoutchouc
"tirées dans les yeux" ?
Une télévision locale et
des internautes ont partagé des témoignages de familles dont les enfants,
parfois âgés de 18 ans, ont été touchés à l'œil par des balles en caoutchouc.
Les échauffourées avaient eu lieu sur la même avenue où sont rassemblés les
manifestants dimanche.
"Il n'y avait aucune
justification pour le recours brutal à la force par la police anti-émeutes
contre des manifestants largement pacifiques", a estimé Human Rights Watch
(HRW).
Accusant les policiers
d'avoir "tiré des balles en caoutchouc dans les yeux", Michael Page,
directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient, a appelé les autorités à "mettre
fin à cette culture de l'impunité pour les abus policiers".
Sur les réseaux sociaux,
une vidéo montre en outre des membres des forces de l'ordre dans une caserne de
police de Beyrouth frapper violemment des personnes présentées comme des
manifestants à leur descente d'un fourgon. Évoquant cette vidéo, les forces de
sécurité intérieure ont annoncé l'ouverture d'une enquête. "Tout agent qui a agressé des détenus sera
interpellé".
Face à cette escalade, le
président Michel Aoun a annoncé qu'il va convoquer, lundi, "une
réunion de sécurité" en présence des ministres de la Défense et de
l'Intérieur, a annoncé l'agence ANI.