Projet de conférence de Berlin : il faut désarmer les milices en Libye
Les participants à la conférence de Berlin sur la Libye doivent s’engager à désarmer les milices et appliquer les sanctions en cas de violation de l’embargo sur les armes imposé par les Nations unies. Cela est prévu par le projet final de déclaration de la Conférence sur la Libye qui a lieu en ce moment à Berlin. Le projet a été publié par le site de l’Agence Reuters.
En outre, la déclaration, qui a été négociée par l’Allemagne en tant que pays hôte, affirme que la Société Nationale de Pétrole (NOC) à Tripoli est « la seule société pétrolière indépendante en Libye », dont il faut protéger les installations, et condamner l’utilisation des ressources pétrolières par les groupes et milices terroristes en Libye.
Mais la discussion reste ouverte sur la question de savoir si les participants vont se mettre d’accord sur le projet général de la conférence, en présence de présidents et de personnalités qui ont des intérêts divergents en Libye, comme le président turc qui a envoyé ses soldats en Libye pour prendre le contrôle des réserves de gaz dans ce pays de la Méditerranée.
Le projet de conférence a salué la tentative russo-turque de trêve et la déclaration a affirmé : « Nous incitons toutes les parties concernées à multiplier les efforts pour mettre fin aux combats et à l’escalade, et réaliser un cessez-le-feu permanent ». Il faut aussi retirer les armes lourdes, les avions et l’artillerie, et un échange de prisonniers est requis comme premier pas pour renforcer la confiance. Notons aussi l’intention de désarmer les milices ou de les intégrer dans les forces de sécurité. En outre, il faut insister sur le fait que le seul but de la conférence est de soutenir le processus des Nations unies pour mettre fin à la guerre civile en Libye.
Haftar souhaite renverser le gouvernement d’al-Sarraj à Tripoli reconnu par les Nations unies. Quant à la chancelière Angela Merkel, elle souhaite parvenir à une position commune de tous les Etats étrangers ayant exercé une influence sur les parties dans la guerre, et elle a mis en garde contre une guerre par procuration comme en Syrie.
Athènes souhaite entraver les décisions de l’Union européenne sur la Libye à cause de l’accord turco-libyen
Le gouvernement grec souhaite entraver toutes les décisions de l’Union européenne sur la Libye, tant que Tripoli n’aura pas annulé un accord sujet à controverse avec la Turquie, concernant la délimitation des frontières en Méditerranée. Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a affirmé à ce sujet : « Tout type d’accord entre l’Union européenne et la Libye peut être abrogé jusqu’à ce que Tripoli annule son accord avec la Turquie ».
Tripoli et Ankara sont parvenues à un accord sujet à controverse il y a quelques semaines, aux termes duquel les parties contractantes délimitent leurs zones d’influence en Méditerranée. Selon la Grèce, l’accord viole le droit international.
Par ailleurs, l’accord va avoir un impact sur la région sud de l’île grecque de Crète, dans la zone économique exclusive de la Grèce, du fait que l’on suppose l’existence de gisements et réserves riches en matières premières. D’autre part, le président turc a déclaré aujourd’hui jeudi que son pays commencerait à prospecter en Méditerranée cette année.
On observe une lutte semblable avec Chypre, des navires turcs de prospection de gaz se trouvant au large de cette île depuis 2019, et par conséquent, les pays de l’Union européenne ont élaboré un cadre juridique pour des sanctions contre la Turquie. Quant à Ankara, elle a refusé l’allégation selon laquelle ses prospections étaient illégales, en prétendant que la zone de prospection se trouve sous son contrôle.
La Grèce avait critiqué précédemment le fait qu’elle n’avait pas été invitée à la conférence, et lors d’un entretien téléphonique avec Angela Merkel, le premier ministre grec s’est plaint de cela, affirmant que son pays jouait un rôle essentiel dans la conférence du fait de la crise du gaz avec Turquie.
Le communiqué du sommet de Berlin impose le désarmement des milices en Libye
Les participants au Sommet de Berlin pour la Libye se sont mis d’accord sur le principe du désarmement des milices et l’imposition de sanctions en cas de viol de l’accord d’embargo sur les armes.
Ils se sont mis d’accord également sur le fait de transformer la Société nationale libyenne de pétrole à Tripoli en société indépendante, et la seule qui soit reconnue au niveau international, et dont il faut protéger les installations.
Ils se sont mis d’accord sur la nécessité de condamner toute exploitation du pétrole libyen de la part de groupes ou de milices dans le pays.
Dans le projet du Sommet composé de 55 articles, la tentative russo-turque de parvenir à un cessez-le-feu a été saluée, et il a été demandé de retirer les armes lourdes et l’artillerie, et de procéder à un échange de prisonniers comme un pas vers la paix.
Le gouvernement allemand et les Nations unies placent de grands espoirs dans le Sommet de Berlin pour consolider le cessez-le-feu et mettre fin au conflit en Libye, dans l’intérêt du peuple libyen d’abord, et pour servir la paix dans la région.
La conférence de Berlin : espoir d’un arrêt des transferts d’armes et d’un cessez-le-feu
Des tireurs sur les toits, des barricades un peu partout dans le quartier gouvernemental de Berlin, des mesures de sécurité renforcées sont appliquées à l’occasion de la conférence de Berlin pour la Libye. Et quoi d’étonnant à cela, alors que les représentants des pays qui ont une influence sur le conflit libyen sont arrivés à Berlin, parmi lesquels les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi, turc Recep Tayyip Erdogan, russe Vladimir Poutine, français Emmanuel Macron, ainsi que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, à titre d’exemples.
« En vérité, la conférence sur la Libye est un grand succès », a affirmé la ministre allemande de la Défense et présidente du Parti démocrate-chrétien Annegret Kramp-Karrenbauer. Et le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas a déclaré : « Nous avons une occasion en or de conduire la guerre civile vers un processus politique en Libye, car nous sommes parfaitement convaincus qu’il n’est pas possible de gagner cette guerre militairement ».
La Libye est plongée dans le chaos depuis des années, et le gouvernement reconnu internationalement dirigé par Fayez al-Sarraj combat les forces du maréchal Khalifa Haftar. C’est ainsi que la guerre civile dure depuis 2011.
Quant au député du parlement allemand Ralf Brinkhaus, il a affirmé : « La situation humanitaire est terrible. La Libye est un point de passage pour de nombreux trafiquants, et abrite des terroristes. C’est pourquoi nous devons être prudents et nous mobiliser maintenant dans cette situation extrêmement troublée ».
La liste des invités à la conférence a suscité des problèmes. En effet, la Grèce s’est plainte de ne pas avoir été invitée, et le fait que ce pays et la Tunisie n’aient pas été invités a provoqué de nombreuses critiques dans les milieux allemands. Ainsi, la députée du parti des Verts, Analina Barbouk a affirmé : « Je crois que c’est vraiment une erreur ». Et d’ajouter : « C’est une très bonne chose que le gouvernement fédéral ait organisé cette conférence, mais le fait que la Tunisie, par exemple, n’ait pas été invitée, alors que c’est le pays voisin (de la Libye) qui souffre vraiment de la guerre, pénalise ce genre de pays qui font tout pour réaliser la paix ».
Le gouvernement fédéral s’est contenté d’inviter les pays qui ont une influence sur le conflit, par exemple en envoyant des armes. Et la situation sera ainsi en cas de succès de la conférence : une application permanente de l’embargo sur les armes imposé à la Libye et un cessez-le-feu permanent. La ministre allemande de la Défense a affirmé, à propos de l’envoi de soldats allemands en Libye pour faire respecter le cessez-le-feu : « Il est naturel, à mon avis, que l’Allemagne soit obligée également d’envisager la question de la façon dont elle pourrait participer à cela. Et le ministère fédéral de la Défense et l’armée allemande peuvent décider rapidement et de façon concrète de la forme que peut prendre notre participation, mais le premier pas est de confirmer une telle décision ».
L’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye appelle au retrait des combattants étrangers en Libye et conseille de ne pas intervenir dans les affaires intérieures libyennes
Lors d’un entretien avec le journal al-Chark al-Awsat avant le début du Sommet de Berlin, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye Ghassan Salamé a affirmé qu’il fallait retirer tous les combattants étrangers de Libye si l’on voulait mettre fin au carnage dans le pays. Et d’ajouter : « Nous avons élaboré un plan sécuritaire prévoyant le retrait de tous les combattants étrangers, quelles que soient leurs nationalités ». Et il a exprimé son désir de mettre fin à la présence des combattants en Libye.
Ces commentaires de Salamé sont intervenus peu avant le début du Sommet de Berlin durant lequel plus de dix chefs d’Etats et de gouvernement, outre le maréchal libyen Haftar et le chef du gouvernement d’entente Fayez al-Sarraj, l’avenir de la crise libyenne.