Iran-USA : Eventuelle médiation qatarie pour sortir de l’impasse
Non seulement le Qatar a publié une déclaration après le meurtre du commandant de la Force Quds des Gardiens de la révolution iraniens, de Qasem Soleimani, à l'aube du vendredi 3 janvier 2020, mettant en garde contre l'escalade de la situation en Irak, mais aussi son Ministre des Affaires étrangères, Mohammed bin Abdul Rahman Al Thanin s’est rendu le lendemain à Téhéran pour rencontrer son homologue iranien Muhammad Javad Zarif, sans toutefois révéler les raisons de cette visite, qui, selon les analystes, visait à assurer la médiation et le calme entre les États-Unis et l'Iran.
Selon le tweet du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, les ministres iranien et qatari ont discuté des relations entre les deux pays, sans clarifier les détails et les raisons de la visite, tandis que l'agence de presse du Qatar a indiqué que’Al Thani avait discuté avec Zarif les derniers développements sur la scène régionale, en particulier les récents événements en Irak, ainsi que les moyens de calmer situation pour maintenir la sécurité de la région.
La visite soulève en ce moment des questions particulières sur ses objectifs non-dits, en mettant également en évidence la force de la relation et de l'alliance existantes entre Doha et Téhéran.
Il y a lieu de souligner que cette visite comporte de nombreux objectifs; le plus important d'entre eux étant le fait que la force des relations militaires, politiques et économiques entre les deux pays a forcé Doha à soutenir son allié après l’assassinat de Soleimani.
Une relation évolutive
Les relations entre le Qatar et l'Iran ont considérablement évolué après le boycott du quartette arabe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn et Égypte) de Doha en juin 2017, en raison de ses pratiques de soutien aux activités et aux groupes terroristes. Ce boycott a conduit le régime de Doha vert le « portail » iranien, en raison de la convergence des objectifs visant à étendre l’extrémiste dans la région.
L'autre objectif de la visite serait la volonté de Doha de justifier sa position auprès du régime iranien, notamment après avoir annoncé que le drone qui avait bombardé le cortège automobile de Soleimani avait quitté la base américaine au Qatar, ce qui place Doha dans une impasse politique; bien que Doha nie sa connaissance préalable de l’attaque.
L'autre raison attendue serait la médiation qatarie entre Washington et Téhéran.
« Cette visite, qui intervient après l'assassinat de Soleimani par les Américains, est une tentative de médiation entre Washington et Téhéran visant à apaiser la situation », a pour sa part declaré l'écrivain spécialisé dans les affaires iraniennes, Osama Al-Hetimi.
« La visite est indissociable des démarches américaines qui ont suivi l'assassinat quelques heures après, notamment une série de déclarations de responsables américains qui ont fourni de nombreuses justifications de l'opération, y compris également le message que les États-Unis auraient été envoyé en Iran via l'ambassade de Suisse à Téhéran », a ajouté le spécialiste dans une déclaration qu’il a faite à La Référence.
