Une majorité de députés tunisiens rejettent le gouvernement proposé par Ennahdha
134 députés sur 216 ont voté le 10 janvier contre le gouvernement de Habib Jamli, qu’on surnomme plus communément le « gouvernement d’Ennahdha », après des tractations marquées par une arrogance des islamistes qui a suscité l’irritation des chefs de partis d’opposition. Alors que le chef du parlement, Rached Ghannouchi, se comporte en plénipotentiaire se permettant de mener des initiatives diplomatiques avec la Turquie et refusant jusqu’alors toute coalition gouvernementale, il a réussi en quelques jours à souder l’opposition contre lui.
Le Parti Destourien Libre a appelé dans un communiqué publié au lendemain du vote tous les députés des blocs qui ont voté contre le gouvernement de Jamli, d’adopter une motion de censure pour le retrait de confiance du président de l’ARP et chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi.
Le président de Machrouû Tounes, Mohsen Marzouk a commenté la visite du président du Parlement, RachedGhannouchi en Turquie, samedi 11 janvier, relevant que cela prouve qu'Ennahdha se conforme aux directives de la Turquie.
M. Marzouk a, par ailleurs, appelé dans un post Facebook à « apporter un changement à la présidence du Parlement » étant donné la « sujétion » de M. Ghannouchi à un pays étranger.
« M. Ghannouchi peut rencontrer son chef turc quand il le souhaite mais pas en tant que président du Parlement. Ceci est inadmissible et ne doit pas se poursuivre ! », précise Mohsen Marzouk.
D’autant que l’aéroport de Djerba a servi de plateforme aérienne pour l’envoi de troupes turques en Libye.
Hassouna Nasfi, secrétaire général de Machrouû Tounes et chef du bloc parlementaire de la Réforme nationale a annoncé, lors de son passage à Hannibal TV le 12 janvier 2020, qu’un dirigeant d’Ennahdha l’avait menacé de retirer huit députés du bloc de la Réforme nationale deux jours avant la plénière consacrée au vote de confiance au Parlement.
Fin décembre, Ghannouchi a commis l’erreur de se brouiller avec le président Kaïs Saïed en balayant d’un revers de main son initiative pour composer un gouvernement de coalition et en voulant lui imposer une liste de ministre par l’intermédiaire de Habib Jemli. Tunisie Numérique explique l’extrême méfiance qu’éprouve désormais le président envers l’islamiste :
« Et ça ne doit pas être la première anicroche entre les deux hommes, à en croire Kaïs Saïed qui a dénoncé, lors de son déplacement à Sidi Bouzid, la présence de parties obscures qui sont en train d’ourdir des complots contre sa personne et contre le peuple. Et on ne voit guère à qui d’autre, que les islamistes, le président faisait allusion. » (source)
Partie perdue donc pour Ghannouchi qui va devoir accepter un gouvernement de coalition après le revers subi le 10 janvier.