Publié par CEMO Centre - Paris
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Le Liban récupère son droit de vote à l'ONU après le paiement d'arriérés

mardi 14/janvier/2020 - 12:33
La Reference
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"Nous reconnaissons pleinement que les évènements récents" au pays du Cèdre "ont mis en difficulté le système bancaire retardant le paiement de cette contribution", a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole des Nations unies.

Le Liban a récupéré son droit de vote à l'ONU, perdu depuis vendredi, après avoir payé des arriérés à l'Organisation, ont annoncé lundi le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric et la représentante du Liban au Conseil de sécurité de l'ONU, Amal Mudallali.

"C'est fait ! Le Liban a payé ses cotisations qui ont été retardées de quelques jours en raison de la situation actuelle au Liban et tout est revenu à la normale. Le Liban n'est plus visé par l'article 19", a annoncé sur son compte twitter la représentante du Liban au Conseil de sécurité de l'ONU, Amal Mudallali.

 

e pays du Cèdre a donc récupéré son droit de vote à l'ONU, a confirmé un peu plus tard le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric à notre correspondante Sylviane Zehil. "Ce matin, le contrôleur des Nations unies m'a informé que le Liban venait de faire un paiement. Grâce à ce paiement, le droit de vote du Liban a été rétabli en vertu de l’article 19", a-t-il indiqué. Il n'a pas été en mesure de dire combien le Liban avait payé ni combien ce pays doit encore en arriérés à l'ONU. "Nous reconnaissons pleinement que les évènements récents au Liban ont mis en difficulté le système bancaire retardant le paiement de cette contribution", a ajouté Stéphane Dujarric. 

Selon l'article 19 de la charte des Nations unies, "un membre en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l'Organisation ne peut participer au vote à l'Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées". "L'Assemblée générale peut néanmoins autoriser ce membre à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances indépendantes de sa volonté", est-il ajouté. 

Mme Mudallali ne précise pas non plus quelle somme le Liban a payé, mais, dans une lettre datée du 7 janvier 2020 et adressée au président de l’Assemblée générale par le secrétaire général, il est indiqué que le montant minimal que le Liban devait verser pour ramener ses arriérés en deçà du montant brut de sa quote-part pour les deux années complètes écoulées (2018 et 2019) est de 459 008 dollars.

Vendredi, l'ONU avait annoncé que dix pays dont le Liban étaient suspendus de leur droit de vote à l'Assemblée générale. Trois pays (Comores, Sao Tome et Principe et Somalie) sur ces dix Etats échappent toutefois à la suspension, leurs manquements étant dus à des circonstances indépendantes de leur volonté, comme le prévoit l'article 19. Le budget de fonctionnement de l'ONU est d'environ 3 milliards de dollars. Celui des opérations de paix atteint quelque 6 milliards de dollars. Fin 2019, l'Organisation, confrontée à un grave problème de trésorerie, a décidé une série de mesures d'économies dont plusieurs sont toujours en vigueur aujourd'hui.


"Indignation"
L'annonce de la suspension du droit de vote du Liban à l'ONU avait suscité une vague d'indignation dans le pays, fondateur de l'ONU, de nombreux internautes imputant sur les réseaux sociaux cette décision à la mauvaise gestion des affaires publiques et aux divisions internes dans le pays.

Durant le week-end, les ministères libanais des Finances et des Affaires étrangères se sont renvoyés mutuellement  la responsabilité du non-paiement de la cotisation depuis deux ans. La diplomatie libanaise avait ainsi rejeté, dans un communiqué publié samedi, toute responsabilité, estimant avoir effectué en temps voulu les procédures nécessaires pour le paiement. "Le ministère des Affaires étrangères a respecté toutes les obligations et terminé ses transactions dans le temps imparti", avait assuré le communiqué publié par le palais Bustros. Le ministère avait estimé en outre que cette affaire "porte atteinte aux intérêts du Liban et au prestige de l’État", exprimant l'espoir qu'elle sera résolue "le plus rapidement possible". Il n'avait pas pointé nommément du doigt les responsables de ce défaut de paiement et n'avait pas précisé la raison pour laquelle les fonds n'ont pas été transférés à l'ONU.

Peu après, le ministère libanais des Finances avait affirmé ne pas avoir reçu de demande de paiement des frais requis. "Le calendrier des paiements est établi de manière indépendante, chaque année, selon les demandes des autorités concernées", avait ajouté le ministère. Et de souligner n'avoir reçu qu'une seule demande de paiement, samedi matin. Le ministère avait dans ce cadre assuré que le montant serait payé lundi.

Parant aux accusations des Finances, le ministère des Affaires étrangères avait publié deux documents, datant de 2018 et 2019, dans lesquels le chef sortant de la diplomatie, Gebran Bassil, demandait à son collègue au ministère des Finances, Ali Hassan Khalil, de verser les contributions du Liban aux différents conseils régionaux et organismes internationaux dont le pays est membre. "Les versements de ces cotisations sont des dépenses annuelles qui, si elles ne sont pas payées, ont un effet négatif sur la réputation du Liban", précise le palais Bustros. 

Le ministère des Finances avait rétorqué avoir payé toutes les contributions pour lesquelles il a reçu des demandes de versement. Dans un tweet, Ali Hassan Khalil avait appelé les Affaires étrangères à "reconnaître ses erreurs, en assumer la responsabilité et régler le problème d'ici lundi". 

Ce n’est pas la première fois que le Liban se trouve dans cette situation. En 2002 et 2003, le pays du Cèdre n’avait pas payé sa quote-part pour les deux années complètes écoulées, soit un paiement minimal de 1.113.100 dollars américains.

Le Liban fait face à sa pire crise économique et politique depuis la guerre civile de 1975-1990. La Banque mondiale a récemment averti que la moitié de la population pourrait sombrer dans la pauvreté. Le ralentissement économique coïncide avec un mouvement de protestation sans précédent depuis le 17 octobre réclamant le départ d'une classe politique, jugée incompétente et corrompue.

            
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