La ministre de la Justice Nicole Belloubet a été interpellée ce dimanche par le collectif des Familles unies, qui regroupe des proches de jihadistes ou d'enfants français détenus dans des camps et des prisons en Syrie. Ils ont estimé attendre "des actions concrètes" après des déclarations de cette dernière évoquant l'hypothèse d'un rapatriement.
Samedi, dans les colonnes de Libération, elle a évoqué l'hypothèse d'un rapatriement des jihadistes français détenus par les Kurdes en Syrie, en l'absence de jugements possibles en Irak à court terme et devant le "risque d'une dispersion dans la nature".
"La donne a changé. Dans ce cas là, s'il n'est plus possible de les juger sur place, je ne vois pas d'autre solution que de rapatrier ces gens en France", a déclaré la ministre.
"Notre position est constante"
Son entourage a toutefois réfuté auprès de l'AFP une rupture avec la position de Paris sur ce dossier sensible: "Notre position est constante, nous considérons que les jihadistes doivent être jugés dans les endroits où ils ont commis leurs exactions".
"Quels que soient les dénégations ou les recentrages maladroits de l'entourage de la ministre, nous estimons que ces déclarations constituent une inflexion importante et un retour louable à des positions plus rationnelles, plus humaines et plus conformes à notre Etat de droit sur ces questions; en attendant des actions concrètes", a commenté le collectif des Familles unies, qui regroupe une centaine de familles, dans un e-mail et un communiqué.
Les déclarations de Nicole Belloubet sont "parfaitement cohérentes avec la décision prise par ce gouvernement, il y a tout juste un an, de rapatrier les Français mineurs et majeurs détenus dans le nord-est syrien", estiment ces familles.
Voix de "la raison et de la cohérence"
Début 2019, le gouvernement avait envisagé de rapatrier les ressortissants français détenus par les Kurdes en Syrie, de crainte qu'ils ne s'évanouissent dans la nature à la faveur d'un retrait américain de Syrie. Avant d'abandonner cette option.
Pour les familles, "la voix de Nicole Belloubet (...) est celle de la raison et de la cohérence" et "répond à un impératif sécuritaire et humanitaire incontestable".
"Les Français ne seront pas jugés en Irak et la création d'un tribunal international est inconcevable dans un tel contexte géopolitique. Tous sont judiciarisés dans un seul pays : la France" et "les laisser dans cette zone de guerre revient à les livrer à court et moyen terme à Daech ou à Bachar Al-Assad", a insisté le collectif.