En y installant des Turkmènes et d’autres ethnies, Erdogan modifie la démographie d’Afrine et détruit son identité
La région d’Afrine au nord-ouest de la Syrie est témoin d’une opération d’expulsions des Kurdes, qui constituent sa composante principale, pour être remplacés par d’autres ethnies, en tête desquelles des Turkmènes, les Turkmènes syriens étant d’ascendance turque.
Rappelons que la Turquie est parvenue, avec l’aide des factions de l’Armée nationale, qui lui est inféodée, à s’emparer d’Afrine, au prix d’exactions de ces factions : pillages, enlèvements, mainmise sur les propriétés des civils, ce qui a poussé les Kurdes à quitter la ville.
Notons qu’Afrine, qui dépend du gouvernorat d’Alep, est l’une des trois régions où a été proclamée en 2015 une administration autonome pour les Kurdes, qui constituent la majorité de la population.
Par ailleurs, la Turquie a créé nombre de casernes militaires dans cette région, ainsi que des bases militaires nouvelles dont certaines sont situées à la frontière syro-turque, et d’autres dans les zones est d’Afrine, face à la région de Chahba, qui est une ligne de confrontation avec les unités kurdes.
Le nombre de personnes installées par la Turquie suite à son occupation d’Afrine est estimé à 87936, dont 51% d’al-Ghouta et 20% du gouvernorat d’Alep, selon les statistiques du Conseil local d’Afrine publiées fin mai 2019. Ce à quoi il faut ajouter 2600 familles ayant fui les combats dans la campagne nord de Hama.
Mais l’occupation turque ne se contente pas d’installer ces colons, et a également fait venir récemment des familles turkmènes de la campagne de Homs et de Hama, ainsi que des habitants des camps situés du côté turc, en leur fournissant des aides logistiques, de façon à effacer le caractère kurde de la ville.