La relation d’Erdogan avec la Libye: positions contradictoires déterminées par les intérêts et le pragmatisme
Le Parlement turc a donné son accord pour l’envoi de troupes en Libye, de façon à soutenir les milices armées à Tripoli, et pour qu’Ankara continue à jouer son rôle expansionniste.
Or, le président turc a traité avec le dossier libyen, depuis qu’il était premier ministre, avec pragmatisme, et cela dès les événements de février 2011.
Ainsi, dans les premiers jours du mouvement du 17 février en Libye, Erdogan n’a pas soutenu les manifestations, craignant de perdre les élections parlementaires de juin 2011.
Et il déclara le 14 mars 2011 : « L’intervention militaire du l’OTAN en Libye ou de tout autre pays aura des effets contraires ».
Et le jour suivant, il annonce que son pays restera neutre, essayant seulement de fournir les aides demandées au peuple libyen.
Erdogan pensait que la France voulait réaffirmer son influence en Afrique du nord, surtout suite à des différends anciens entre les deux pays sur l’adhésion d’Ankara à l’Union européenne, c’est pourquoi la Turquie n’a pas manifesté un soutien absolu aux résolutions 1940 et 1973 des Nations unies du 23 mars 2011.
Et bien qu’Erdogan se soit opposé à l’intervention étrangère en Libye en 2011, voilà qu’il annonce aujourd’hui avec son Parlement l’intervention de ses troupes dans ce pays.
Et s’il craignait en 2011 l’augmentation de l’influence de la France en Libye et la chute de Qaddafi, il craint en 2020 l’influence de l’armée nationale libyenne et la fin de la domination des milices du gouvernement d’entente sur Tripoli, ainsi que la perte par les Frères musulmans d’un autre bastion dans la nation arabe.