Le théâtre libyen, nouvelle poudrière régionale
Le chaos libyen va-t-il déboucher sur une
conflagration militaire régionale ? Les gesticulations de plus en plus
bruyantes de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan en soutien au gouvernement
de Tripoli et en riposte à l’ingérence déjà avérée des Russes, des Emiratis et
des Egyptiens appuyant le maréchal
dissident Khalifa Haftar sont
en train de transformer le théâtre libyen en une poudrière géopolitique.
Dernier écho du concert ambiant de bruit de
bottes, le président turc a déclaré, jeudi 26 décembre, lors d’un rassemblement
de sa formation politique, le Parti de la justice et du développement (AKP,
islamo-conservateur), que dès l’ouverture des travaux du Parlement d’Ankara, le
7 janvier, un projet de loi sur l’envoi de troupes en Libye à l’invitation
du gouvernement de Tripoli serait présenté au vote. Le feu vert des
parlementaires turcs est acquis à M. Erdogan et si la consultation se
tenait à la date indiquée, elle interviendrait à la veille d’une visite
prévue du président russe Vladimir Poutine à Ankara.
Une telle posture belligérante vise-t-elle
à faire monter la pression sur la Russie – opérant depuis l’automne de manière
à peine camouflée dans la bataille en cours autour de Tripoli via les
« mercenaires » de la compagnie privée de sécurité Wagner proche de Moscou
– en vue d’obtenir des concessions de M. Poutine sur d’autres dossiers,
notamment syrien ? Certains analystes le soupçonnent.
Rhétorique martiale d’Erdogan
« A ce stade, M. Erdogan est plus
dans le spectacle que dans l’urgence, souligne Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut des
relations internationales de Clingendael (Pays-Bas). Il semble prendre son
temps en procédant par étapes comme s’il s’agissait d’une technique de
négociation vis-à-vis de la Russie. » Ou s’agit-il de l’option
d’une fuite en avant que plus rien ne saurait enrayer ?