Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Qui est Qassem Soleimani, tué dans un raid américain en Irak ?

vendredi 03/janvier/2020 - 01:52
La Reference
طباعة

Le général iranien Qassem Soleimani a été tué dans une frappe aérienne conduite par les États-Unis contre son convoi, à l'aéroport de Bagdad.

«Pour les chiites du Moyen-Orient, c'est un mélange de James Bond, Erwin Rommel et Lady Gaga». C'est en ces termes intrigants que l'ancien analyste de la CIA, Kenneth Pollack, décrivait Qassem Soleimani en 2017 pour le magazine américain Time et son numéro consacré aux 100 personnalités les plus influentes du monde. Car, en plus d'être extrêmement influent, le général iranien - tué dans une frappe aérienne américaine contre son convoi à l'aéroport de Bagdad vendredi matin - était devenu une véritable star en Iran, n'hésitant d'ailleurs pas à poster des selfies pris depuis le champ de bataille. Une manière de convaincre qu'il était «le maître de l'échiquier du Moyen-Orient», estimait encore Kenneth Pollack.

Soleimani était à la tête de la force al-Qods, une unité d'élite des Gardiens de la révolution, depuis 1998. La barbe grisonnante, Le général âgé de 62 ans ne manquait pas de charisme. Il dirigeait les opérations extérieures de la République islamique et était perçu comme l'homme clé de l'influence iranienne au Moyen-Orient, surtout en Irak et en Syrie.

Issu d'un milieu populaire, Soleimani a rejoint le corps des Gardiens de la révolution islamique, destiné à protéger la jeune République, après la révolution de 1979. Il a fait ses armes en Irak, lors de la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988. Puis, une fois à la tête de la force al-Qods, en 1998, il a étendu l'influence de l'Iran au Moyen-Orient, et notamment en Irak. Pus tard, en Syrie, l'intervention de la force al-Qods a contribué à inverser le cours de la guerre civile en faveur du président Bachar al-Assad, allié de Téhéran.

C'est d'ailleurs le conflit en Syrie qui lui a apporté la notoriété. Il commence à faire la une des médias après le début du conflit en 2011, alors qu'il était resté dans l'ombre durant des décennies. Il est apparu dans des documentaires mais aussi dans un film d'animation et une vidéo musicale. Certains lui avaient d'ailleurs conseillé de se lancer sur la scène politique dans son propre pays, pour les élections présidentielle de 2021. Rumeurs que le général avait tenu à rejeter.

En Irak, son poids était tél qu'il avait même participé aux tractations politiques destinées à former un gouvernement. «Mes interlocuteurs iraniens étaient très clairs sur le fait que même s'ils informaient le ministère des Affaires étrangères, au bout du compte c'était le général Soleimani qui prendrait les décisions», avait confié en 2013 à la BBC Ryan Crocker, un ex-ambassadeur américain en Afghanistan et en Irak.

Depuis la sortie des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, la force al-Qods s'est retrouvée au cœur de l'escalade des tensions entre Washington et Téhéran. En Irak, des milices chiites harcèlent régulièrement les forces américaines à coups de roquettes lancées sur les bases utilisées par les Américains. Les États-Unis estiment d'ailleurs que c'est Soleimani lui-même qui a «orchestré» ces attaques et le tiennent pour responsable des «attaques» de cette semaine contre l'ambassade américaine à Bagdad. Le département américain de la Défense a d'ailleurs indiqué que l'assassinat de Soleimani avait été demandé par Donald Trump en personne. «Cette frappe est destinée à dissuader l'Iran de tout projet d'attaque ultérieur», a ainsi déclaré le Pentagone.

Loin d'apaiser les tensions, cet assassinat ciblé a provoqué la colère du pouvoir iranien. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a ainsi assuré qu'une terrible vengeance attendait «les criminels» responsables de la mort de Soleimani. Trois jours de deuil national ont été décrétés. Quant à l'enterrement du puissant général, il aura lieu samedi.

 

 

 

"