Publié par CEMO Centre - Paris
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Pourquoi Erdogan veut-il pouvoir déployer l’armée en Libye ?

jeudi 02/janvier/2020 - 04:43
La Reference
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Déchirée entre deux autorités, la Libye est devenue un terrain de rivalités internationales. À Ankara, le Parlement doit débattre jeudi 2 janvier d’une intervention militaire de la Turquie visant à prêter main-forte au gouvernement d’union nationale (GNA) à Tripoli.

Que vient faire la Turquie dans le chaos libyen ?

Ankara a choisi de soutenir militairement le gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez Al-Sarraj en Libye, pays en proie à la lutte armée entre deux pouvoirs rivaux. C’est également le pouvoir jugé légitime par l’ONU, qui le presse toutefois de trouver un accord politique avec le maréchal Khalifa Haftar, chef de la faction basée à Benghazi et qui a lancé début avril une offensive à l’ouest pour prendre la capitale.

« Nous évaluerons tous les types de soutien militaire, y compris au sol, sur mer et dans les airs si nécessaire », a lancé dimanche 29 décembre le président turc Recep Tayyip Erdogan. Lundi 30 décembre, il a transmis au Parlement d’Ankara une motion autorisant un déploiement militaire en Libye. Une session extraordinaire est prévue jeudi 2 janvier pour débattre du sujet, avec une adoption prévue le 8 ou le 9 janvier 2021. Nul doute que le président turc Recep Tayyip Erdogan aura le feu vert car il dispose de la majorité absolue. C’est selon cette même procédure qu’une intervention militaire en Irak ou en Syrie a été rendue possible.

► Quel est l’intérêt pour le président Erdogan ?

Le 27 novembre 2019, lors d’une visite à Istanbul de Fayez Al-Sarraj, le GNA a en réalité signé deux accords avec la Turquie. L’un porte à proprement parler sur la coopération militaire et l’aide que la Turquie pourrait apporter dans sa lutte contre les troupes du maréchal Haftar. L’autre, qui porte sur la souveraineté maritime, en est la contrepartie. Il permet à la Turquie d’étendre sa zone d’influence et de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l’Égypte, de Chypre et d’Israël.

C’est un grand point d’inquiétude pour l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé. Ce dernier a exprimé dans le quotidien LeMonde ses craintes que le conflit ne s’étende « à des zones éloignées de la Libye, notamment le contentieux entre les Grecs et les Turcs sur la délimitation maritime ».

► Comment réagit le reste de la communauté internationale ?

Mardi 31 décembre, la Ligue arabe a décidé de se réunir en toute hâte, à la demande du Caire, au niveau des délégués permanents « pour examiner l’évolution de la situation en Libye et les risques d’escalade qui pourrait menacer la stabilité de la Libye et de la région ».

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi s’est entretenu lundi 30 décembre par téléphone avec le président français Emmanuel Macron pour évoquer ces « risques d’une escalade militaire ». Paris et Le Caire prônent « un accord politique dans le cadre des Nations unies, dans le respect des principes agréés à Paris, Palerme et Abou Dhabi, afin de restaurer l’unité et la pleine souveraineté de la Libye ».

Dès le 17 décembre, le président Sissi prévenait clairement Ankara : « Nous n’autoriserons personne à contrôler la Libye (…) c’est une question qui relève de la sécurité nationale de l’Égypte ».

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