Le djihad pour le Kaiser: l’alliance germano-ottomane pour inciter les musulmans à se révolter contre la Grande-Bretagne
Durant la première guerre mondiale, l’Allemagne exploita le sentiment religieux des musulmans à son profit, et construisit des camps d’entraînement des djihadistes sur son territoire.
C’est ainsi qu’en 1915, elle construisit le camp d’al-Hilal à proximité de Berlin. Il s’agissait dans un premier temps de regrouper les prisonniers musulmans combattant pour la Grande-Bretagne et la France dans leurs colonies, et faits prisonniers par les Allemands.Environ 15000 prisonniers furent ainsi placés dans le camp d’al-Hilal.
Cette volonté d’exploiter le sentiment religieux des musulmans, ainsi que le fait que l’Allemagne était l’alliée de l’empire ottoman, expliquent l’aspect que revêtit ce camp : en effet, les Allemands y bâtirent une mosquée pour la prière, nommèrent un imam et invitèrent des oulémas pour inciter les prisonniers à partir en guerre contre les incroyants anglais et français.
Ainsi, le camp d’al-Hilal fut utilisé comme instrument de propagande en faveur de l’Allemagne. Quant à l’orientaliste allemand Max von Oppenheim, père spirituel de l’expérience djihadiste allemande, il ouvrit un bureau pour gérer le camp, affirmant : « L’islam sera notre arme la plus importante dans notre guerre contre l’Angleterre ».
C’est aussi lui qui répandit la rumeur selon laquelle la France complotait pour détruire la Kaaba et transférer la Pierre noire au musée du Louvre, en poussant ainsi les musulmans à défendre leurs lieux saints. Et en 1915, l’Allemagne envoya bon nombre de musulmans à Berlin, pour participer à la campagne en faveur du djihad. Et selon le documentaire « Djihad pour le Kaiser », présenté sur la chaîne allemande ZDF, il y avait quelque 60 hommes de médias et savants musulmans qui travaillaient au « Centre du djihad à Berlin ».
C’est ainsi que les responsables allemands investirent massivement dans le djihad et la diffusion de ses idées dans les régions du monde musulman, et les nationalistes arabes et musulmans coopérèrent avec eux, quelles que soient leurs tendances.
Pourtant, les résultats sur le terrain furent décevants, et la guerre prit fin en automne 1918, avec la défaite de l’Allemagne et de l’empire ottoman.