Les convoitises ottomanes: marchandage turc avec l’Europe et tentative de piller le gaz méditerranéen
Ankara tente d’exploiter les crises de la région pour réaliser des intérêts économiques
Moustapha Salah – Rim Abdel Maguid – Mervet Zakaria
La Libye est la dernière étape de la Turquie dans ses interventions dans les pays de la région après celle en Syrie en octobre 2019.
Cette intervention se produit alors que les pays arabes font face à des crises graves, qu’il s’agisse de la guerre au Yémen, de la confrontation entre l’armée syrienne et les groupes armés ou de la tension croissante entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
L’alliance idéologique avec le gouvernement d’entente nationale en Libye a lieu alors que celui-ci essuie des pertes lourdes sur le terrain face à l’armée nationale libyenne, à al-Sabia au sud de Tripoli.
C’est dans ce cadre que la région de la Méditerranéeorientale est en proie à un conflit croissant, alors que l’Institut américain de géologie affirme la possibilité de l’existence de réserves de gaz pour un volume de 122 trillions de mètres cubes, outre 107 milliards de barils de pétrole susceptibles d’être extraits dans le Bassin de la Méditerranée orientale.
C’est à ce niveau qu’a lieu l’intervention turque en Libye, pour accroître la tension entre les pays de la région, en particulier avec le refus de l’Union européenne de cette initiative turque.
Notons que la Russie vient de prendre pied dans cette région : c’est ainsi que le ministre russe de l’Energie Alexander Novak a proposé, lors de la réunion de la Commission économique commune entre la Turquie et la Russie à Antalia, de s’associer à la Turquie dans la recherche de sources d’énergie traditionnelles dans les eaux régionales de l’est de la Méditerranée. Cela a provoqué la colère des Etats-Unis et en réaction à cela, les législateurs américains ont adopté fin décembre une législation contribuant à renforcer la position des Etats-Unis sur le marché du gaz dans cette région, tout en affaiblissant celle de la Russie et de la Turquie. Ils ont ainsi renforcé leurs relations avec la Grèce, en levant l’interdiction de la livraison d’armes à Chypre.