Publié par CEMO Centre - Paris
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L'Iran accuse les Etats-Unis de soutenir le terrorisme

lundi 30/décembre/2019 - 06:54
La Reference
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L’Iran a estimé ce lundi 30 décembre que les États-Unis avaient montré leur “soutien au terrorisme” en menant en Irak des frappes aériennes contre des forces pro-Iran qui ont lutté contre le groupe terroriste État islamique (EI).

“Avec ces attaques, l’Amérique a montré son ferme soutien au terrorisme et son dédain pour l’indépendance et la souveraineté des pays, et elle doit assumer les conséquences de son acte illégal”, a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes Abbas Moussavi.

Des avions américains ont frappé dimanche 29 décembre au soir plusieurs bases des brigades du Hezbollah, l’une des factions les plus radicales du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires dominée par les pro-Iran et désormais intégrée aux forces irakiennes.

Les États-Unis promettent de nouvelles actions “si nécessaire”

Ces frappes de représailles après la mort vendredi d’un sous-traitant américain dans une attaque à la roquette, ont fait 25 morts dans les rangs des combattants pro-iraniens, selon un dernier bilan, et au moins 51 blessés.

“Ces attaques ont une fois de plus prouvé les fausses affirmations des États-Unis alors qu’elles ont ciblé les positions des forces qui au fil des ans ont infligé de lourds coups aux terroristes de Daech”, a déclaré le porte-parole iranien en référence à l’organisation terroriste EI.

Si les États-Unis ont ordonné ces frappes, c’est face à la multiplication des attaques visant leurs intérêts en Irak, des offensives non revendiquées officiellement mais qui sont pour Washington le fait des factions pro-Iran. Le chef du Pentagone, Mark Esper, a qualifié les frappes de “succès” et promis “des actions supplémentaires si nécessaire” pour “dissuader des milices ou l’Iran”.

 Mais pour le porte-parole iranien, la présence de forces étrangères dans la région est “la cause de l’insécurité et des tensions”. “L’Amérique doit mettre fin à son occupation”, a affirmé Abbas Moussavi.

Sur place, de nombreuses voix s’élèvent pour “bouter” les Américains hors d’Irak

Une “menace”, c’est aussi comme cela qu’une part de la classe politique irakienne décrit désormais la présence de 5.200 soldats américains sur son sol. La campagne, récurrente en Irak, pour bouter les États-Unis et leurs soldats du pays, est repartie de plus belle après l’attaque américaine.

Le porte-parole militaire du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a dénoncé “une violation de la souveraineté irakienne”, tandis que les brigades du Hezbollah ont appelé à “dégager l’ennemi américain”.

Une autre faction irakienne pro-Iran, Assaïb Ahl al-Haq, dont les chefs ont récemment été visés par des sanctions américaines, a estimé que “la présence militaire américaine est devenue un fardeau pour l’État irakien et, surtout, une source de menace”. “Il est désormais impératif de tout faire pour les expulser par tous les moyens légitimes”, indique-t-elle dans un communiqué.

Le numéro deux du Parlement, issu du mouvement du leader chiite Moqtada Sadr, a appelé l’État à “prendre les mesures nécessaires” face aux attaques américaines, de même que la puissante organisation Badr, autre faction armée pro-Iran. Plusieurs députés ont déjà appelé à dénoncer l’accord irako-américain qui autorise la présence de troupes américaines dans le pays.

L’Irak en train de devenir un champ de bataille entre Iran et États-Unis

Les attaques contre des intérêts américains ou des bases des pro-Iran font aussi redouter ce contre quoi les dirigeants irakiens mettent en garde depuis des mois: que leurs deux alliés américain et iranien utilisent leur sol comme un champ de bataille.

Et l’escalade est nette: depuis le 28 octobre, onze attaques à la roquette ont visé des bases où sont postées des soldats ou des diplomates américains, et jusqu’à l’ambassade américaine dans l’ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad.

Les dix premières attaques ont fait un mort et des blessés parmi les militaires irakiens mais celle de vendredi soir a marqué un tournant, avec la mort d’un sous-traitant américain et l’ampleur de l’attaque (36 roquettes tirées).

Cette attaque est survenue alors qu’une grande partie de l’Irak est le théâtre d’une révolte inédite parce que spontanée, les manifestants appelant à mettre à bas un système politique installé par les Américains dans la foulée de leur invasion en 2003 et désormais noyauté par les Iraniens.

L’Iran cherche à prendre le contrôle chez son voisin

Ce mouvement de protestation, dont la répression a fait près de 460 morts et 25.000 blessés, a entraîné une crise politique, dans laquelle l’Iran joue un rôle central.

Depuis la démission du gouvernement irakien il y a un mois, Téhéran et ses alliés en Irak poussent pour placer un de leurs hommes au poste de Premier ministre. Face à l’intransigeance iranienne, le président Barham Saleh menace lui aussi de démissionner.

Les manifestants sont mobilisés à Bagdad et paralysent toujours administrations et écoles dans la quasi-totalité des villes du Sud. Samedi et dimanche, ils sont même parvenus à interrompre pour la première fois la production -de 82.000 barils par jour -d’un champ de pétrole du Sud. Elle a toutefois repris lundi, ont indiqué des cadres du secteur pétrolier.

Les tensions américano-iraniennes ont monté en flèche depuis que Washington s’est retiré d’un accord nucléaire historique avec Téhéran l’an dernier et a commencé à rétablir des sanctions.

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