Pétition contre le projet d'Erdogan de percer un canal à Istanbul
Une pétition contre le projet de percement d'un canal à l'ouest d'Istanbul a recueilli plusieurs centaines de signatures en deux jours, sur fond d'inquiétudes environnementales et de questions sur son financement.
Défendu par le président Recep Tayyip Erdogan, le projet Kanal Istanbul, d'une largeur de 400 mètres, relierait sur 45 km la mer Noire au nord à la mer de Marmara, au sud, et doublerait le détroit naturel du Bosphore.
L'idée est d'alléger le trafic le long du Bosphore, l'une des voies d'eau les plus fréquentées de la planète qui divise la mégapole stambouliote avec ses risques de collision ou d'accident. Vendredi, un cargo battant pavillon libérien a heurté une des rives, provoquant un blocage temporaire du détroit.
Le coût du projet est estimé à 75 milliards de livres turques (environ 11,3 milliards d'euros).
Mais l'opposition et les écologistes dénoncent les conséquences massives du projet pour l'environnement et affirment que l'étude d'impact environnemental qui a été menée n'est pas à la hauteur des enjeux.
Le futur canal, soulignent-ils, détruirait une lagune dont l'écosystème est vital à la préservation de la faune marine et des oiseaux migrateurs, selon une étude de l'Union des chambres d'ingénieurs et d'architectes turcs (TMMOB).
Deux bassins aquifères qui fournissent environ le tiers des besoins en eau d'Istanbul seraient également menacés tandis que l'augmentation de la salinité des rivières souterraines nuiraient aux terres agricoles.
Erdogan a affirmé à plusieurs reprises que le projet irait de l'avant quelle que soit l'opposition.
Le président turc a évoqué pour la première fois le Kanal Istanbul en 2011, le qualifiant lui-même de "projet fou". Il a été mis en sommeil en 2018 en raison de la crise de la livre turque mais relancé en novembre dernier malgré l'opposition du nouveau maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, du Parti républicain du peuple (CHP, opposition).