Retraites: trafic "très perturbé" pour les départs
Mais en fin d'après-midi la SNCF a annoncé une bonne nouvelle aux parents d'enfants voyageant seuls.
Alors qu'elle avait annoncé mercredi, pour des raisons de sécurité, la suspension pour le week-end de son service prenant en charge les enfants de 4 à 14 ans, celui sera finalement rétabli pour dimanche avec 5.000 places dans 14 TGV exceptionnels.
Cette annulation avait créé une vive polémique. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avait accusé la SNCF de privilégier "les adultes qui d'ailleurs paient leurs billets beaucoup plus cher". Un "scandale" aussi pour Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France.
Le revirement de la SNCF a été "rendu possible à la suite de la trêve de Noël annoncée par une partie des conducteurs", selon la direction.
Cette trêve n'est cependant que très partielle.
Alors que le gouvernement espérait une pause de la CFDT-Cheminots, comme le souhaitait d'ailleurs Laurent Berger, le 3e syndicat des conducteurs a maintenu son appel à la grève car "les avancées obtenues ne sont pas suffisantes" pour garantir "l'intégralité des droits pour tous les cheminots au statut".
La CGT-Cheminots et SUD-Rail, 1ère et 3e à la SNCF, avaient déjà décidé de continuer. Et si le bureau de l'Unsa ferroviaire, 2e syndicat de la compagnie, a invité à "une pause pour les vacances", plusieurs de ses unions locales ne sont pas sur cette ligne.
A la RATP, l'Unsa (1er syndicat) préfère laisser les assemblées générales, "souveraines, se positionner". Les deux autres syndicats représentatifs, CGT (2e) et CFE-CGC (3e), ont eux appelé à poursuivre.
En conséquence, huit lignes de métro seront toujours fermées samedi, mais "avec une amélioration globale" tandis que dimanche le trafic sera "très réduit.
"S'arc-bouter sur l'âge pivot"
Le Premier ministre a de son côté "appelé à la responsabilité de chacun" pour que les Français puissent circuler pendant les fêtes.
Prise en compte "plus généreuse" de la pénibilité, main tendue sur la retraite progressive pour les fonctionnaires, "améliorations" concernant le minimum de pension, "marges de manoeuvre" pour parvenir à l'équilibre financier, progressivité de la réforme des régimes spéciaux... Après deux jours de rencontres avec syndicats et patronat, Édouard Philippe a relevé jeudi soir des "avancées concrètes", et promis de nouvelles réunions début janvier sur le projet, qui doit être transmis au Conseil d'État avant Noël et présenté en Conseil des ministres le 22 janvier.
Mais même pour les syndicats favorables à la réforme, le compte n'y est pas. La CFDT, a rappelé son numéro un Laurent Berger, reste "fermement opposée" à l'"âge d'équilibre" assorti d'un bonus-malus que le gouvernement veut introduire dès 2022 et fixer à 64 ans en 2027 pour inciter chacun à travailler plus longtemps et assainir les comptes. Le député Cédric Villani, candidat LREM dissident à la mairie de Paris, a jugé qu'il ne fallait "pas s'arc-bouter sur l'âge-pivot" et qu'il fallait "écouter la CFDT".
L'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse appellent à une nouvelle "puissante" journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles le 9 janvier.
D'ici là, des actions se poursuivaient, comme à la gare routière de Tarbes, où des manifestants ont interpellé les passagers. "Il faut maintenir la mobilisation de manière à montrer à ce gouvernement qu'on ne lâchera pas tant que le retrait ne sera pas obtenu", a dit José Navarro, délégué CGT des Hautes-Pyrénées.
Emmanuel Macron "doit prendre la parole pour dire +on fait pause, on appuie sur le bouton stop, on revient autour de la table sans préalables+", a estimé Yves Veyrier, numéro un de FO.
Avec cette réforme, "le pouvoir fait rentrer le monstre par une porte dérobée" et va rendre "nécessaire" le recours aux régimes complémentaires par capitalisation, a dénoncé François Hommeril, président de la CFE-CGC.
La bataille de l'opinion reste indécise entre le gouvernement et les grévistes. C'est surtout le projet d'instaurer un âge pivot qui cristallise les mécontentements, avec 55 % d'opposition selon un sondage Harris interactive pour RTL et l'agence AEF.
Selon ce sondage, 62 % des Français soutiennent le mouvement mais 68 % souhaitent aussi une trêve à Noël.
Pour aider les commerçants et artisans impactés par la grève, la mairie de Paris a débloqué une aide de 2,5 millions d'euros.