Après la reconnaissance par le Congrès du génocide des Arméniens : menaces creuses d’Erdogan de fermer les bases américaines
Asmaa al-Batakouchi
Suite à la reconnaissance par le Congrès américain le 12 décembre dernier du génocide des Arméniens durant la première guerre mondiale, qui a vu l’extermination d’un million et demi de personnes par les forces ottomanes, le président turc a menacé de fermer la base américaine d’Incirlik et la station radar de Kürecik.
Notons que la base d’Incirlik est l’une des bases américaines les plus importantes du Moyen-Orient, que les Etats-Unis ont utilisée dans les raids aériens de la coalition internationale contre Daech.
Pour le spécialiste de la Turquie Mohammad Rabieal-Dihi, Ankara ne pourra mettre ses menaces à exécution, car cela entravera les efforts de lutte antiterroriste et conduira à son exclusion de l’OTAN en menaçant les politiques de l’Alliance.
Al-Dihi ajoute que cette reconnaissance du génocide arménien ne donne cependant pas aux Arméniens le droit de traduire la Turquie en justice, l’initiative de la reconnaissance devant être prise par la Turquie elle-même.
Notons que les Arméniens ont commencé à constituer un dossier complet sur la question, pour obtenir des indemnisations financières pour le vol par les Ottomans de leurs biens et propriétés, et cela après la reconnaissance du génocide par plus de 30 pays, outre celle du Congrès américain. La valeur des indemnisations devrait atteindre plusieurs trillions de dollars.
Quant au Dr Ayman Salama, professeur de droit public international, il affirme l’existence de trois preuves juridiques soutenant le droit des Arméniens à des indemnisations : la première est la peine de mort prononcée par le tribunal d’Istanbul en 1919 contre les commandants militaires turcs qui ont provoqué l’exode et le massacre des Arméniens ; la seconde est la reconnaissance par l’Autriche et l’Allemagne, alliés principaux de l’empire ottoman durant la première guerre mondiale ; et la troisième se trouve dans les correspondances officielles des consuls des pays alliés à la Turquie, qui mentionnent les massacres collectifs commis par celle-ci contre les Arméniens.