Liban: qui est Hassan Diab, le nouveau premier ministre qui succède à Hariri
Il était le grand favori pour succéder à Saad Hariri. Après quasiment deux mois de tergiversations politiques, Hassan Diab, 60 ans, a été désigné, jeudi 19 décembre, premier ministre par le président libanais Michel Aoun, à l’issue de longues tergiversations politiques. Un nouveau visage à la tête d’un pays miné par une crise économique aiguë et agité par une contestation populaire inédite qui avait abouti à la démission, le 29 octobre dernier, de Saad Hariri.
Ingénieur peu connu du grand public, Hassan Diab a été ministre de l’Éducation dans un cabinet dominé par le Hezbollah et ses alliés en 2011, après l’effondrement d’une coalition gouvernementale déjà dirigée à l’époque par Saad Hariri. Le système politique de ce pays multiconfessionnel est conçu pour garantir un équilibre entre les différentes communautés religieuses, avec un premier ministre sunnite en principe soutenu par les principaux dirigeants de sa communauté. Reste que plusieurs d’entre eux - dont Saad Hariri et son mouvement, le Courant du futur -, n’ont pas apporté leur soutien au nouveau premier ministre qui a été appuyé par le Hezbollah et ses alliés.
Des hauts responsables du Courant du futur ont dit qu’ils pourraient ne pas faire partie du prochain gouvernement, faisant craindre l’émergence d’un clivage susceptible de compliquer la mise en œuvre des réformes demandées par les contestataires et la communauté internationale. De quoi laisser augurer une tâche difficile pour Hassan Diab, dans un pays abonné aux interminables tractations dans la formation de ses gouvernements.
«Schisme sunnite-chiite»
Selon Imad Salamey, chercheur en sciences politiques à l’Université américano-libanaise (LAU), la nomination de Hassan Diab signifierait que «le prochain gouvernement sera dominé par le Hezbollah» et «ses alliés». Cette situation réactiverait la faille entre sunnites et chiites au Liban, et «noierait la révolution dans les discours confessionnels». Trois jours après le déclenchement de la contestation, Hassan Diab avait qualifié le mouvement d’«historique», écrivant sur les réseaux sociaux que «le peuple libanais» s’était «uni pour défendre ses droits à une vie libre et digne».
Au bord de l’effondrement économique, le Liban vit depuis le 17 octobre au rythme d’un soulèvement populaire inédit contre l’ensemble de la classe dirigeante, accusée de corruption et d’incompétence. Les manifestants réclament la formation d’un cabinet de technocrates indépendants du sérail politique au pouvoir depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). Sur son site internet, Hassan Diab se présente ainsi comme «l’un des rares ministres technocrates depuis l’indépendance».
Dans les rues et sur les places des principales villes du pays, les Libanais continuent de manifester, bien qu’ils soient moins nombreux par rapport aux premières heures de la contestation. Les tensions sont attisées par l’aggravation de la crise économique et financière, dans ce pays endetté dont environ le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.