Après l'échec de la COP25, l'engagement de Macron critiqué
“Emmanuel Macron n’a pas fait le job”. Après la clôture tardive de la COP25 à Madrid, marquée par un accord au rabais, les regards se tournent vers le grand absent du sommet: le chef de l’État. Si la France était bien représentée sur place par une délégation, le locataire de l’Élysée n’y a pas mis les pieds et les membres du gouvernement qui y sont passés y ont fait un aller-retour express. Ce qui provoque la colère de certaines ONG, notamment Greenpeace France.
“Cette COP avait besoin de leaders politiques, notamment lors de son ouverture pour donner le ton. Et la France, qui est garante des accords de Paris, était absente. Ce qui envoie un signal de désengagement”, regrette auprès du HuffPost Clément Sénéchal, porte-parole de l’association de défense de l’environnement. En raison de la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites, le président français avait décidé de revoir son agenda, ce qui a eu pour effet d’annuler sa venue à Madrid les 1er et 2 décembre (alors qu’il s’est tout de même rendu au sommet de l’Otan à Londres les 3 et 4 décembre).
Défaut d’engagement
À sa place, c’est le premier ministre Édouard Philippe qui s’est chargé du discours lors de l’ouverture du sommet. Une voix qui porte, certes, mais bien moins loin que celle de l’inventeur du “make our planet great again”. Côté gouvernement, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, y a passé une journée, tout comme la secrétaire d’État Brune Poirson.
“Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume est seulement venu quelques heures pour assister à une réunion”, pointe encore Clément Sénéchal, estimant que la France “n’a pas joué son rôle” lors du sommet. Un procès en défaut d’engagement que conteste l’entourage de Brune Poirson.
“C’est l’Union européenne qui avait mandat pour négocier à la COP. La France, elle, a été le fer de lance des négociations européennes pour que l’Union s’engage à ce que nous n’émettions pas plus de CO2 en 2050 que ce que la nature est capable d’absorber”, rétorque-t-on au cabinet de la ministre. Une avancée, consignée sous le titre de “green deal”, qui a permis à l’UE “de tenir cette position lors de la COP, et ainsi de faire partie des partenaires les plus ambitieux”. Reste que, dans le contexte de cette -très compliquée- COP25, Greenpeace estime que la France avait autre chose à incarner qu’un rôle de spectateur exigeant. “Sur la fin, quand on voit que les négociations dérapent, la France n’est pas là. Il ne restait que la délégation, et qui paraissait déboussolée”, déplore encore Clément Sénéchal. “Où est passé le leadership français de la Cop21? C’est le combat climatique qu’il faut livrer plutôt que celui contre les acquis sociaux”, interroge sur Twitter Ségolène Royal, ambassadrice des pôles. Même sentiment d’amertume exprimé par le député UDE (et ex-LREM) François-Michel Lambert, qui avait interpellé en séance Brune Poirson sur la “chaise vide” du président français à Madrid.
“La France a indéniablement une part de responsabilité dans l’échec du sommet”, regrette l’élu des Bouches-du-Rhône, qui estime que Paris a pourtant “l’obligation de s’inscrire dans la continuité dans ce qu’avaient fait Hollande et Fabius”. Le député interroge également les “choix de déplacements” du chef de l’État: “Certes il faut avancer sur la question des retraites. Mais nous devrions être en état de mobilisation générale. À quoi bon anticiper un système de retraites qui fonctionnera dans 70 ans, si d’ici-là la température augmente de 6 degrés?”.