Liban: la formation du gouvernement prendra du temps avertit le chef du Hezbollah
La formation du gouvernement au Liban pourrait prendre du temps, a estimé vendredi le chef du puissant mouvement chiite Hezbollah, à trois jours de consultations parlementaires organisées pour nommer un Premier ministre dans un pays divisé et au bord de l'effondrement économique.
Sous la pression de la rue le Premier ministre Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre, près de deux semaines après le début d'un mouvement de contestation populaire inédit, fustigeant toute la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence.
Les principaux partis du pays n'ont pas réussi à s'entendre sur un successeur, tandis que dans la rue les manifestants réclament un gouvernement composé de technocrates et d'indépendants qui ne seraient pas issus du sérail politique.
Après plusieurs semaines de tergiversations, les consultations parlementaires exigées par la Constitution pour nommer un Premier ministre doivent se tenir lundi. Elles avaient été reportées d'une semaine après le retrait à la dernière minute d'un candidat potentiel.
"Les consultations devraient avoir lieu lundi, nous espérons une nomination, celui qui aura le plus de voix sera désigné pour former le gouvernement", a indiqué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une allocution retransmise à la télévision.
"Mais la formation (du gouvernement) ne sera pas une opération facile", a-t-il averti. "Jusqu'à maintenant, aucun nom ne suscite le consensus parmi les blocs parlementaires", a-t-il ajouté.
Le poste de Premier ministre est occupé par un sunnite. Le pays multiconfessionnel est régi par un système politique censé garantir un équilibre entre les différentes communautés. Mais cela ouvre la voie à des tractations interminables entre les grands partis.
M. Nasrallah a estimé que les parlementaires nommeraient leur candidat pour le poste de Premier ministre "sans aucun consensus préalable". La situation actuelle "nécessite la collaboration de tous", a-t-il souligné.
Le chef du Hezbollah a plaidé pour un gouvernement alliant toutes les forces politiques avec "une représentation la plus large possible", sous la houlette de M. Hariri ou toute autre personne approuvée par le Premier ministre sortant.
Plusieurs noms ont circulé ces dernières semaines, sans être retenus par les politiciens. Les candidats ont tous été rejetés par les manifestants.
- Sanctions américaines -
La situation économique très précaire avant le début de la contestation le 17 octobre s'est profondément dégradée depuis au Liban. La communauté internationale a appelé à la formation rapide d'un gouvernement et à des réformes structurelles avant le déblocage de toute aide.
Poids lourd de la vie politique, seule faction à avoir conservé son arsenal militaire à la fin de la guerre civile (1975-1990), le Hezbollah est représenté au Parlement et au gouvernement.
Ennemi juré d'Israël, il est aussi militairement impliqué dans le conflit en Syrie voisine en soutien au régime de Damas, au côté de Téhéran.
Le mouvement est considéré comme une organisation "terroriste" par les Etats-Unis, qui ont imposé des sanctions à l'encontre de ses institutions et ses responsables.
Vendredi, M. Nasrallah a fustigé de récentes déclarations de responsables américains, notamment le chef de la diplomatie Mike Pompeo qui a estimé que les Libanais étaient conscients du "risque" que représente pour eux le Hezbollah.
M. Nasrallah a accusé Washington de proposer son aide aux Libanais en ces temps de crise à la condition que ceux-ci se chargent de gérer ce "danger".