"On continuera à se battre" : à Alger, les manifestants à nouveau dans la rue après l'élection présidentielle contestée
Le nouveau président de l'Algérie "tend la main" au mouvement de contestation. Abdelmadjid Tebboune s'est exprimé vendredi 13 décembre pour la première fois au lendemain de sa victoire à la présidentielle alors que le pays est secoué depuis près de dix mois par un mouvement de colère inédit. Le successeur d'Abdelaziz Bouteflika promet de modifier la Constitution par référendum populaire mais son destin est trop lié au régime de l'ancien président et il aura du mal à convaincre.
Nouvelle manifestation monstre
Une véritable marée humaine a envahi vendredi, encore une fois, le centre d'Alger pour conspuer le nouveau chef de l'Etat. Pour les manifestants, le résultat du vote est vécu comme un affront. "C'est un non-évènement", dit un homme à franceinfo. Ils parlent d’un cinquième mandat déguisé en référence à la candidature envisagée d’Abdelaziz Bouteflika avant son renoncement.
Selon Rachid, rien ne bougera avec ce nouveau président âgé de 74 ans. "On a eu une élection qui n'est pas du tout légitime avec des candidats parachutés, explique-t-il. Là, on se retrouve avec un président qui était Premier ministre de Bouteflika. On n'est pas du tout d'accord avec ce qui est en train de se passer". Abdelmadjid Tebboune appelle au dialogue mais ce qui se passe dans la rue s’inscrit dans un rythme plus long explique Fodil. "Les dés sont jetés, on est ambitieux. Il faut continuer parce qu'on est en face d'un système illégitime que la [puissance coloniale] avait laissé pour garantir ses intérêts en Algérie. Ce système est une nébuleuse opaque",conclut-il.
Eux, ils veulent le changement dans le système. Nous, on veut le changement de ce système.
Le mouvement va continuer, sans se durcir, promet Fodil : "On continuera à se battre pacifiquement. Ça leur fera beaucoup de mal, c'est une arme subtile. Il ne faut pas de violence, ils veulent provoquer pour détruire tout ce qu'on a construit comme mécanique de lutte."
Pour avancer, le mouvement doit se structurer juge Tarek, malgré les arrestations de certaines personnalités émergentes. "Ils ont coupé l'herbe sous le pied de ce mouvement pour l'empêcher de se structurer réellement. Il faut qu'il y ait d'autres leaders ou d'autres organismes qui commencent à se structurer pour pouvoir faire une période de transition", estime-t-il.
Le nouveau président algérien promet une nouvelle loi électorale et la fin de la corruption. Il se dit au côté des jeunes pour les aider à mieux s’insérer dans la vie économique, eux qui dénoncent depuis des mois un système dans lequel ils ne trouvent pas leur place.