Le pragmatisme d’Ankara: la Turquie se débarrasse de Tahrir ach-Cham
Sarah Rachad
Le ministre turc des Affaires étrangères, MevlutCavusoglu, a nié, lors de sa participation aux travaux du Forum du « Dialogue méditerranéen » à Rome le 6 décembre, la coopération de son pays avec le Hay’at Tahrir ach-Cham, affirmant qu’Ankara ne voyait pas de différence entre Daech et ce dernier.
Cette déclaration coïncide avec la publication par les journaux syriens en septembre dernier d’informations selon lesquelles Ankara cherchait à utiliser la carte de la dissolution de Tahrir ach-Cham dans ses négociations avec la Russie.
Selon le site syrien Qassioun, les Turcs ont posé trois conditions à la Russie et à l’Iran pour demander aux chefs de Tahrir ach-Cham de dissoudre le groupe.
Ce sont : le retrait de l’armée syrienne et de l’Iran des zones qu’ils contrôlaient depuis le début de la signature de l’accord de Sotchi, il y a deux ans, l’arrêt de toute action militaire de l’armée à Edleb depuis le moment de la dissolution du Hay’at, et le placement de toutes les routes internationales sous le contrôle de l’armée turque.
Pour sa part, l’activiste syrien Omar Rahmounconsidère que les dernières déclarations de Cavusoglu mettant Daech et le Hay’at sur le même plan indiquent son intention de traiter ce dernier de la même façon que Daech.
Et d’ajouter que de même que la Turquie a utilisé Hay’at Tahrir ach-Cham comme carte pour servir ses intérêts au nord de la Syrie, elle finira par s’en débarrasser, ajoutant : « je pense que la période actuelle verra la Turquie se débarrasser de ce groupe terroriste étant donné la volonté de la Russie de le démanteler ».
Quant à Nourhan ach-Cheikh, professeur à l’Université du Caire, elle affirme que la Turquie est un pays pragmatique qui coopère avec les extrémistes en prétendant soutenir l’islam, et s’en débarrasse quand le besoin l’exige.
Et d’ajouter qu’Ankara soutenait Daech et faisait passer ses combattants par son territoire avant de s’en débarrasser à partir du moment où elle n’y avait plus intérêt.