Publié par CEMO Centre - Paris
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Des partisans de paramilitaires déferlent sur une place de Bagdad

jeudi 05/décembre/2019 - 06:40
La Reference
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La campagne d'intimidation s'est intensifiée jeudi en Irak avec le déferlement de milliers de partisans de paramilitaires pro-iraniens sur la place Tahrir à Bagdad, suscitant l'inquiétude des manifestants qui y conspuent depuis deux mois le pouvoir irakien et son parrain iranien.

Le même jour, le père d'une manifestante avec qui il distribuait à manger aux milliers d'Irakiens campant sur la place Tahrir, épicentre de la contestation, a affirmé à l'AFP avoir retrouvé le corps torturé de sa fille Zahra Ali, 19 ans, quelques heures après son enlèvement.

Le 1er octobre a éclaté le premier mouvement de contestation spontané d'Irak depuis des décennies. Depuis, près de 430 personnes ont été tuées, majoritairement des manifestants, et quelque 20.000 blessées, selon un bilan compilé par l'AFP à partir de sources médicales et policières.

Jeudi, les partisans du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires dominée par des groupes pro-Iran et désormais intégrée à l'Etat irakien, ont débarqué sur la place Tahrir sous les regards interloqués des manifestants antigouvernementaux.

Ils brandissaient des bâtons, des drapeaux irakiens, des drapeaux de leur mouvement et des portraits de combattants tués face aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI), mais aussi du grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, à l'appel duquel le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a démissionné la semaine dernière.

Ils ont également déployé des banderoles contre le Baas du président irakien Saddam Hussein, renversé en 2003 après l'invasion américaine puis jugé et exécuté. Et ils ont scandé des slogans hostiles aux Etats-Unis, toujours influents en Irak, et à l'Arabie saoudite, rival régional sunnite de l'Iran chiite.

Dans l'après-midi, seuls quelques dizaines de partisans du Hachd restaient visibles sur la place, a constaté un journaliste de l'AFP.

- "Nettoyer" Tahrir -

Depuis deux mois, les manifestants conspuent les interférences étrangères, principalement de l'Iran, dont l'émissaire, le général Qassem Soleimani, négocie actuellement la formation d'un gouvernement à Bagdad préservant les intérêts du grand voisin iranien.

Le Parlement, qui doit se réunir en fin d'après-midi, a donné 15 jours au président Barham Saleh pour désigner un nouveau chef de gouvernement, alors que la contestation réclame le départ de l'ensemble de la classe politique dirigeante jugée corrompue et incompétente.

A Tahrir, les protestataires s'interrogent sur les intentions des partisans du Hachd après l'appel de certaines factions de cette coalition à "déloger les saboteurs" infiltrés selon elles dans les manifestations.

Tamim, la trentaine et portant un gilet pare-balles, en est persuadé: "ils sont venus ici pour nettoyer et en finir avec la protestation".

En attendant, il affirme que les barrages filtrants les manifestants seront renforcés.

Les forces de l'ordre sont déployées dans des rues et sur des ponts attenants à Tahrir, où des affrontements ont lieu, mais pas directement aux abords de la place.

Pour Harith Hasan, spécialiste de l'Irak, "ce pourrait être le début d'une compétition ou d'un conflit pour l'occupation de l'espace public". "Une nouvelle tactique pour vider (les places) ou réduire l'espace disponible pour les manifestants", renchérit le politologue Toby Dodge.

Outre les centaines de morts dans la contestation, des dizaines de manifestants ont été enlevés plus ou moins brièvement, souvent par des hommes en uniforme que l'Etat dit ne pouvoir identifier. Quatre d'entre eux au moins sont toujours portés disparus, selon Human Rights Watch.

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