Les crimes de la dynastie ottomane (première partie)
Mahmoud Al-Batakouchi
Le califat islamique n’avait aucune importance pour les Ottomans, qui aspiraient au pouvoir et chérissaient le titre de sultan plus que toute autre chose. En effet, l’islam n’était pour eux qu’une ruse dont se servaient leurs espions et leurs agents en Orient pour préparer son invasion par des armées impitoyables, qui détruisirent les foyers de la nation musulmane.
Par conséquent, le fait de critiquer l’Etat ottoman et de parler de ses aspects négatifs n’est en rien une atteinte àl’islam, mais l’évaluation d’un système politique qui dura plus de six siècles et chercha en permanence à protéger les intérêts de la famille ottomane au détriment de ceux des musulmans. Or, le plus grand problème des Arabes avec l’histoire ottomane est de l’avoir abordée de façon sentimentale et loin de toute objectivité scientifique, en accusant tous ceux qui voulaient révéler la vérité des Ottomans d’hostilité vis-à-vis de l’islam.
Les sultans de l’empire ottoman commirent de nombreux crimes au cours de son histoire, qui dura 623 ans depuis sa fondation par Othman Ertughrul en 1299 et jusqu’à son abolition par Ataturk en 1922. Car les meurtres et les barbaries commis par les Ottomans contre les Arabes n’ont rien àenvier aux crimes de certains colonisateurs européens par la suite.
Les méfaits des Ottomans allèrent des crimes de guerre à l’oppression des minorités, et nous aborderons dans cette partie les crimes des sultans ottomans contre leurs frères et leurs fils pour parvenir au pouvoir et le conserver le plus longtemps possible, ce qui conduisit finalement à la chute de la dynastie et à la colonisation facile des pays arabes par les Anglais, les Français ou les Italiens, du fait de leur retard et de leur faiblesse dus àl’occupation ottomane.
Les sultans ottomans : une succession de meurtres et de trahisons
Les sultans ottomans se lancèrent dans des meurtres abominables visant leurs fils et leurs frères, durant leurs luttes pour le pouvoir, et ils obligèrent les oulémas à émettre des fatwas légitimant leurs crimes.
C’est ainsi que l’on vit le père tuer ses fils ou le frère tuer son frère, ou encore la mère comploter contre tous.
« Le meurtre au nom de la religion » : le meurtre des frères, qui devint une coutume chez les sultans ottomans, commença lorsque le sultan Al-Fatihémit un firman après avoir obtenu une fatwa du cheikh de l’islam Dadeh Efendi légitimant cela. Le firman émis par Al-Fatih légalisa ainsi les assassinats politiques, en stipulant que « si l’un quelconque de mes fils parvenait au pouvoir, il lui serait opportun de tuer ses frères pour fonder le système du monde ». Cela fut autorisé par la plupart des oulémas, et la fatwa fut émise sous le nom « fatwa de la tyrannie » et stipulait : « le meurtre du frère ou du fils est permis au sultan, pour l’intérêt public et la préservation du régime » : c’est cette fatwa qui lui a permis de justifier le meurtre de ses frères, ce qui a conduit au déclin de l’Empire ottoman et finalement à sa chute.
Le plus étrange est que la coutume des sultans ottomans de tuer leurs fils et leurs frères était antérieure au règne de Mohammad Al-FatIh, qui prit le pouvoir en 1451. En effet, c’est le troisième sultan ottoman Mourad 1er, arrivé aupouvoir en 1359, qui tua son plus jeune fils de 14 ans, le prince Savci, après que certains l’eurent incité à se révolter et às’allier aux Byzantins.
Les historiens mentionnent que la barbarie de Mourad 1er était telle qu’il entra dans la prison où se trouvait son fils avec une bouteille de vinaigre concentré et ordonna de le verser dans les yeux de Savci, ce qui le rendit presque aveugle, et après l’avoir ainsi laissé souffrir un certain temps, il l’étrangla.
Le fils de Mourad, Bayézid 1er, suivit la voie de son père, en étranglant son frère, de crainte qu’il ne le renverse au début de son règne. Mais il perdit le pouvoir et fut humilié, après que son épouse Olivera Lazarevic eut dansé nue durant la cérémonie organisée par Tamerlan pour célébrer sa victoire à la bataille d’Ankara. A la suite de quoi, il mourut de tristesse.
Après cela, les sultans ottomans cessèrent d’épouser leurs servantes, àmoins qu’ils ne soient des émirs. Cela dura des dizaines d’années, jusqu’à ce que Soliman le Magnifique épouse son esclave Roxelane, qui fut connue dans l’histoire sous le nom de « sultane Hayam ».
L’histoire ottomane est remplie de meurtres de fils et de frères : ainsi, le sultan Mehmed 1er qui prit le pouvoir en 1413 tua ses trois frères (Issa, Moussa et Moustapha), lors d’une lutte pour le pouvoir qui dura 11 ans, connue dans l’histoire ottomane sous le nom de « l’interrègne ». Quant au sultan BayézidII, il fut impliqué dans l’incitation du pape Alexandre VI à tuer son frère le prince Djem, pour se débarrasser d’un rival dans la course au pouvoir, et il tua son oncle le prince Moustapha pour la même raison.
Les faits historiques confirment, d’autre part, sans l’ombre d’un doute, les trahisons des sultans ottomans pour arriver au pouvoir. Et ce que mentionne le feuilleton historique « Les Royaumesdu Feu » ne représente qu’une petite partie des crimes des sultans ottomans pour parvenir au pouvoir. Ainsi, le sultan Sélim 1er parvint au pouvoir en 1512, suite à un putsch militaire sanglant contre son père Bayézid II, avec le soutien des Janissaires, et il réussit àpoursuivre ses frères et ses fils et à les liquider, pour éliminer tous ses rivaux dans la course au pouvoir.
Bien que l’empire ottoman soit parvenu au faîte de sa gloire à l’époque du sultan Soliman le Magnifique, et que ses armées soient arrivées aux portes de Vienne, des événements catastrophiques survinrent durant son règne, qui ternirent son image.
C’est ainsi qu’il tua le Grand Vizir PargaliIbrahim Pacha sur la base des dénonciations et complots de la seconde femme de Soliman, Khurram.
La trahison de Soliman le Magnifique vis-à-vis de son Grand Vizir ne fut pas sa seule faute, car il tua son fils et héritier le prince Shahzade Moustapha et son nouveau-né, suite à des intrigues de sa femme Hürrem connue chez les Arabes comme la sultane Hayam. Et il ne se contenta pas de cela, mais tua son fils Bayézid et quatre de ses petits-fils de crainte qu’ils ne le renversent.
Parmi les assassinats les plus connus de l’histoire ottomane, citons ceux exécutés par le sultan Mehmed III, dès son arrivée au pouvoir en 1595, contre trois nouveaux nés et cinq enfants entre trois et six ans, parmi ses 19 frères. Il n’hésita pas non plus à tuer son fils Mahmoud de crainte qu’il ne lui dispute le pouvoir.
Mehmed III ne se contenta pas de cela, et ordonna peu de temps après de tuer son fils le prince Mahmoud, connu pour son courage militaire, de crainte qu’il ne menace son trône. Et Mehmed III, connu aussi pour être aussi éloigné que possible des jugements islamiques, exécuta aussi vingt princes pour conserver le pouvoir.
Quant au sultan Ahmed 1er, il tenta de se débarrasser de cette habitude blâmable, et promulgua une loi qui réglementait l’accession au trône et la transmission du pouvoir pour empêcher les luttes entre frères, pères et fils, provoquantainsi une révolution contre la loi d’Al-Fatih. Cependant, son fils Mourad IVappliqua aussitôt l’ancienne loi, en tuant son frère Bayézid, puis Soliman et Qassem, mais Dieu le punit par la mort de ses fils mâles. Malgré cela, il tenta de tuer son petit frère le prince Ibrahim, mais sa mère la sultane Kosem l’en empêcha, de crainte que la famille des Ottomans ne s’éteigne.
Ce qui est curieux avec la sultane Kosem, c’est qu’elle combattit son fils Mourad IV, qui avait tué ses trois frères, pour sauver la vie du quatrième, Ibrahim, qu’elle fit parvenir au pouvoir. Pourtant, elle finit par le tuer, car il avait tenté de la bannir à cause de son influence et de ses ingérences dans la gestion du pouvoir, et le fait qu’elle formait un Etat dans l’Etat, et achetait le soutien de nombre de pachas et gouvernants. Il oeuvra donc à l’écarter et à réduire ses prérogatives, et elle trouva moyen de se débarrasser de lui, pour nommer son petit-fils de six ans Mehmed Shahzade et assumer la régence et continuer ainsi à diriger l’empire ottoman. Elle réussit donc àl’écarter avec l’aide de pachas et d’hommes de religion, avant de le tuer dix jours plus tard.
Les sources historiques affirment que le nombre de princes ottomans tués par leur père, leur frère ou leur fils était de 121, contre 44 pour les Grands Vizirs. Et ce qui est curieux, c’est que le sultan Mehmed Al-FatIh inaugura lui aussi la série, en tuant le Grand Vizir CandarliHalil Pacha en 1453, parce qu’il avait oséexprimer une opinion contraire à celle du sultan sur la conquête de Constantinople. Le dernier étant MidhatPacha, tué par le sultan Abdul Hamid II en 1883.
Les femmes du sultan : à l’image de leurs maîtres, les mains tachées de sang
Les meurtres n’étaient pas l’apanage des sultans de l’empire ottoman, et les sultanes y participaient aussi. Ainsi, de même que le sultan Mehmed Al-Fatihavait promulgué la loi de la tyranniepour pouvoir tuer ses frères et bannir son père, la sultane Safiya, épouse du sultan Mourad III inventa l’idée des « cages » pour éloigner de la vie publique les fils du sultan qui convoitaient le trône. C’est ainsi qu’elle créa des pièces dans des châteaux somptueux pour y enfermer les fils et les frères du dirigeant, en les entourant de servantes et d’eunuques, et ils s’adonnèrent à l’alcool et au libertinage. Elle leur interdit aussi de parler de politique, et coupait la tête à ceux qui lui désobéissaient. Les princes furent alors atteints de maladies mentales allant jusqu’à la folie. Le monde islamique dut payer pour cela le prix fort. Le sultan Ibrahim 1er fut ainsi enfermé 22 ans dans ces pièces connues historiquement sous le nom de « cages de Safiya », et il gouverna 8 ans, durant lesquels le chaos régna dans l’Empire. Le sultan Moustapha 1er connut le même sort, il passa son enfance enfermé et vit ses frères tués, ce qui le rendit fou, jusqu’àce que la mort du fils de son frère le sultan Mourad IV le conduise au trône et que l’Etat ottoman souffre de ses décisions.
Mais les crimes de Safiya ne s’arrêtèrent pas au meurtre indirect et elle fut impliquée aussi dans l’assassinat de la sultane Nur-Banu, la mère de Mourad, empoisonnée alors qu’elle avait 66 ans.
Elle alla même jusqu’à pousser son fils le sultan Mehmed III à tuer ses dix-neuf frères avant que son père ne soit enterré, de crainte qu’ils ne se rebellent contre lui, et ne lui disputent le trône.
Quant à Kosem Sultan, la plus célèbre des sultanes de l’Etat ottoman, qui l’a effectivement gouverné en 1617, elle exerça une influence sans pareil et parvint au sommet du pouvoir ottoman, en occupant la fonction de « sultane-mère » durant le règne de ses fils Mourad IV et Ibrahim 1er, soit pendant un quart de siècle. Elle fut en outre le vice-sultan de son fils Mourad IV, puis de son petit-fils Mehmed IV, pendant près de 12 ans, et concentrait ainsi entre ses mainsde vastes pouvoirs qui lui permirent d’être un élément essentiel de la politique ottomane durant la première moitié du 17e siècle de l’ère chrétienne.
Kosem se fit remarquer elle aussi par ses trahisons, en dirigeant la révolte des Janissaires contre le sultan Ibrahim IV en 1648, suite à sa tentative de réorganiser l’Etat après que l’armée eut renoncé à sa mission essentielle de défense de l’Etat et de combat contre ses ennemis, en se consacrant à la protestation, au vol et au pillage.
Lorsque les dirigeants janissaires apprirent la détermination du sultan, ils se mobilisèrent rapidement et déclarèrent la rébellion, aidés en cela par le Cheikh al-Islam Abdel Rahim Efendi et certains oulémas, outre le soutien de la sultane-mère. Et ils se mirent tous d’accord pour écarter le sultan et nommer son fils Mehmed IV, qui n’avait pas alors sept ans.
Kosem décida alors d’exécuter son fils 10 jours après sa destitution, après l’avoir sauvé de la mort que lui réservaitson frère le sultan Mourad IV, de peur de voir la fin de la dynastie ottomane.
Les Bourreaux de l’Etat ottoman : l’exécution avec un fil de soie
Les « Bourreaux » sont une brigade de l’armée des Janissaires créée par les sultans ottomans pour liquider leurs adversaires parmi les hauts dignitaires de l’Etat et les princes. Ils étaient choisis avec grand soin, et recevaient leurs ordres directement du sultan ottoman.
Ce qui est curieux, c’est que cette brigade était composée de sourds muets, qui n’entendaient pas ni ne parlaient pour ne pas donner des informations sur les plans du sultan et ne pas être pris de pitié pour leurs victimes, qu’ils tuaient avec des fils de soie : la coutume ottomane voulait que les princes et hauts dignitaires de l’Etat soient exécutés avec des fils de soie et non pas avec une épée.
C’est ainsi que les Bourreaux exécutèrent 60 princes ottomans, dont le plus célèbre était Moustapha, héritier présomptif du sultan Soliman le Magnifique, qui fut victime de complots des femmes du sultan. En effet, la sultane Hürrem (Roxelane) monta son mari contre son fils en lui faisant croire qu’il complotait avec le Shah d’Iran contre lui, et qu’ils projetaient de le tuer de la même façon que son père Sélim 1eravait tué Bayézid II en l’empoisonnant. Soliman réussit alors à obtenir une fatwa du Cheikh al-Islam Abou as-SaoudEfendi légitimant le meurtre de son héritier présomptif.
Soliman prit sa décision et se fit accompagner des Bourreaux lors de sa campagne contre le Shah d’Iran, et il convoqua son héritier présomptif. Et lorsque ce dernier entra dans la tente, il vit son père assis devant lui et s’inclina par respect, mais les Bourreaux se jetèrent aussitôt sur lui et l’étranglèrent malgré ses supplications.
Le Grand Vizir le plus célèbre qui mourut étranglé par les Bourreaux fut PargaliIbrahim Pacha, le premier Grand Vizir nommé par Soliman le Magnifique, suite à des dénonciations de la femme du sultan, Hürrem, bien qu’il ait juré de protéger sa vie quoi qu’il arrive. Mais il obtint comme d’habitude une fatwa l’autorisant à violer son serment, et cela pour plaire à sa femme.
Les sultans ottomans inventèrent un rite appelé « la coupe du bourreau ». Ainsi, en cas de condamnation d’un haut responsable pour crime, ou d’émission d’un firman du sultan ordonnant de le tuer, un rituel avait lieu sur la place du Palais Topkapi, siège du sultan : on amenait le condamné dans le jardin, et le bourreau lui présentait une coupe et si celle-ci contenait une boisson blanche, cela signifiait qu’il bénéficiait d’une amnistie du sultan, tandis que si la boisson était rouge, cela signifiait la mort.
Un autre cérémonial permettait au condamné à mort d’échapper à la sentence en commuant la peine de mort en bannissement : il devait pour cela gagner à une course à pied avec le chef des Bourreaux connu sous le nom de « Boustani Pacha » : en effet, ceux-ci étaient chargés de prendre soin des jardins (boustans) du Palais, de protéger le sultan et d’appliquer les peines de mort.
La course n’était pas facile, car en général, les hauts responsables avancés en âge devaient affronter un chef des Bourreaux en pleine forme physique. Et le perdant à la course était étranglé et son corps jeté dans le détroit du Bosphore, pour servir de pâture aux poissons.
Plusieurs Grands Vizirs participèrent ainsi à cette course durant le règne du sultan Sélim 1er (1512-1520), et il en exécuta sept, bien que ce règne ne dépassa pas huit ans. Le Grand Vizir rédigeait alors son testament avant de quitter sa maison pour le Palais chaque matin.
Quant au dernier cas enregistré dans les archives ottomanes de grand vizir ayant fait cette course, il s’agit de celui de Hassi Saleh Pacha qui, lui, est parvenu àgagner contre son adversaire BoustaniPacha, et il échappa ainsi à la mort en 1822.
Sélim le Conquérant : assassin de son père et de ses frères, et traître à sa nation
C’est suite à un coup d’Etat contre son père que Sélim 1er connu dans l’histoire sous le nom de Sélim le Conquérant monta sur le trône du sultanat ottoman, pour devenir le neuvième sultan. Cela après avoir destitué son père Bayézid II et tué ses frères Karkud et Ahmad avec l’aide des soldats janissaires dont le slogan était : « nous sommes avec celui qui paye le plus ». Et c’est ce qu’ils trouvèrent avec leur nouveau sultan, car après avoir renversé son père, il se retourna contre sa nation et envoya ses armées en Orient pour combattre les pays musulmans au lieu d’aller affronter les royaumes d’Europe comme l’avaient fait ses prédécesseurs, inaugurant une ère nouvelle de trahison vis-à-vis des problèmes de sa nation.
Sélim le Conquérant exploita la lutte des princes pour le pouvoir, alors qu’ilsavaient provoqué une nouvelle révolution en Anatolie, de sorte que le sultan Bayézid II fut contraint de le nommer commandant général de l’armée ottomane qui s’était mobiliséepour liquider les partisans des Safavides. Sélim entra à Istanbul en avril 1512, et son père pensa qu’il était venu occuper sa nouvelle fonction, sans s’attendre à ce qu’il l’écarte du pouvoir ni à ce qu’il se proclame sultan du pays avant le départ de l’armée.
Sélim occupa le pouvoir huit années seulement, durant lesquelles il se fit connaître comme le sultan le plus sanguinaire et le plus cruel. Il fit couler le sang des musulmans et tua des dizaines de milliers d’innocents, répandant les pots-de-vin et la corruption, et donnant le coup de grâce au califat islamique. Et quoi d’étonnant àcela, alors qu’il avait tué son père et ses frères, comme c’était l’habitude des sultans ottomans, dès sa prise du pouvoir.
Sélim réalisa une grande victoire sur le Chah safavide Ismaïl dans la bataille de Tchaldiran en 1514, et en route vers la capitale safavide Tabriz, il commit les pires massacres dans l’est de l’Anatolie, tuant 40000 personnes de façon barbare, en les brûlant, les pendant ou les enterrant vivantes. Mais il ne s’arrêta pas là, et l’année suivante, déplaça le champ de ses opérations militaires du front safavide vers le sultanat mamlouk d’Egypte et de Syrie, ce qui représenta un bouleversement grave des politiques ottomanes, du fait que les Mamlouks étaient sunnites, à la différence des Safavides chiites, dont le Cheikh al-Islam d’Istanbul avait autorisé le meurtre en les considérant comme athées.
Cependant, le sultan, qui obtenait des fatwas selon sa convenance, convoqua le Cheikh al-Islam d’Istanbul pour légitimer le combat contre les Mamlouks, et ce dernier prétendit qu’ils s’étaient alliés avec le Chah safavide et émit une fatwa qui stipula : « Celui qui soutient les athées safavides est comme eux », visant ainsi les Mamlouks.
Et en août 1516, Sélim 1 vainquit les Mamlouks à Marj Dabiq au nord de la Syrie, après avoir corrompu certains de leurs chefs, et il put conquérir Alep, Damas et les pays du Levant, avant d’envahir l’Egypte et de vaincre également par traîtrise l’armée des Mamlouks sous la direction de Toman Bey, à la bataille de Ridaniya aux environs du Caire, en 1517. Il parvint àarrêter Toman Bey, le dernier sultan mamlouk, après que ses compagnons l’eurent livré aux Ottomans en contrepartie d’une poignée d’or, et il le pendit à Bab Zuwayla.
Puis Sélim retourna à Constantinople, et se prépara à conquérir l’île de Rhodes, mais n’en eut pas le temps car il mourut en septembre 1520. C’est son fils Soliman le Magnifique qui lui succéda, après qu’il eut pillé les trésors d’Egypte, et envoyé ses artistes et artisans àIstanbul.
Durant la période de son règne qui ne dura pas plus de 8 ans, de 1512 à 1520, il tua 7 de ses Grands Vizirs, au point que le Grand Vizir rédigeait son testament avant de partir pour le Palais chaque matin.
121 princes victimes des sultans sanguinaires (Infogram) :
121 princes furent victimes de la lutte pour l’accessions au trône ottoman :
Le sultan Mourad 1er exécuta son plus jeune fils Savci.
Le sultan Bayézid 1er tua son unique frère.
Le sultan Mehmed 1er tua ses frères Moussa, Issa et Moustapha.
Le sultan Bayézid II incita au meurtre de son frère Djem et exécuta son oncle Moustapha.
Le sultan Sélim 1 exécuta ses frères Kurkud et Ahmad et tua son père le sultan Bayézid II.
Le sultan Soliman le Magnifique tua son héritier présomptif Moustapha et son petit-fils nouveau-né ainsi que son fils Bayézid et ses cinq enfants.
Le sultan Mourad III tua ses cinq frères.
Le sultan Mehmed III tua 19 frères en même temps, dont 3 nouveaux-nés et 5 enfants, ainsi que son fils Mahmoud.
Le sultan Mourad IV tua ses trois frères et Dieu le punit par la mort de ses fils.
La sultane Safiya empoisonna la mère de son époux Nur-Banu.
La sultane Kosem tua son fils le sultan Ibrahim.